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Le hip-hop et la politique : Je t’aime moi non plus (Deuxième partie)

Le hip-hop et la politique : Je t’aime moi non plus (Deuxième partie)

Le mouvement hip-hop est une culture rebelle, pluriculturelle qui puise son inspiration dans les évènements heureux comme malheureux, de la vie de tous les jours. Le hip-hop est un art. Ainsi comme toutes formes d’art, il a été et il est sujet à la censure. Il va sans dire que le hip-hop est sujet à de nombreuses controverses, que ce soit dans le rap avec ses paroles virulentes et parfois agressives, des danses telles que le krumping ou le breakdance avec des mouvements vifs et amples qui impressionnent au premier à bord.

Mais qui définit ce qui est choquant et ce qui est tolérable ? C’est la société, avec comme arme de poids la politique et ses réglementations tout aussi contraignantes. Lorsque la sphère politique se mêle de la manière dont l’art doit être perçu ou même consommé, cela peut se transformer en censure.

Suprême NTM : « Police » 

 

La musique hip-hop a longtemps été censurée à la radio, à la télévision en raison de ses paroles explicites mais aussi à cause de certains messages politiques dont les instances politiques refusaient la diffusion (petit clin d’œil à Gil Scott Heron).

Suprême NTM, ou simplement NTM, est un groupe de hip-hop français, originaire de la Seine-Saint-Denis (93) composé de deux rappeurs, JoeyStarr et Kool Shen. Dans leurs textes, ils relatent la violence, la misère et les difficultés de vivre en banlieue. Une des difficultés est bien évidemment la relation entre les jeunes de banlieue et la police. De ce fait NTM a décidé en 1993 de sortir un morceau qui évoque les contrôles aux faciès, les bavures policières, les violences policières, il s’agit de “Police”. Une chanson virulente, explicite et sans détournement qui montre bel et bien la frustration et la colère des jeunes de banlieue. Malheureusement, la classe politique de l’époque n’était pas du même avis, notamment le Front national dont un élu FN qui n’a pas hésité à poursuivre le groupe en justice.

Ce morceau venait confirmer la réputation sulfureuse et très controversée du groupe. En effet, le groupe était connu pour ses paroles virulentes envers la société, l’Etat, la police ou encore la justice. Pourtant, grâce au rap, Kool Shen et Joey Starr ont tout simplement voulu relater la réalité de ce que les jeunes de quartiers vivent au quotidien entre bavures policières, discrimination territoriale et raciale. Les premières phrases du couplet de Kool Shen parlent pour elles-mêmes : « Police ! Vos papiers, contrôle d’identité ! Formule devenue classique à laquelle tu dois t’habituer, seulement dans les quartiers, les condés de l’abus de pouvoir ont trop abusé ». Un message que le syndicat de la police et certains hommes politiques refusent d’entendre. C’est pourquoi les rappeurs Kool Shen et Joey Starr ont été condamnés à six mois de prison dont trois fermes avec une interdiction d’exercer leur métier en France pendant six mois pour outrage à la police.

LA CENSURE COMME UNE ARME FATALE

La censure est l’arme fatale pour celui qui souhaite étouffer une opinion ou des convictions qu’il ne partage pas. Le hip hop a longtemps été perçu par la classe politique comme violent et subversif, avec un discours qui n’aspire qu’à la destruction et l’anarchie. Souvent l’artiste hip hop est caricaturé par un style vestimentaire ostentatoire voire burlesque couplé d’une diction et d’une manière de penser d’un enfant de 6 ans. Cette image a longtemps été véhiculée par les médias et encouragée par la classe politique. La tension vient du fait que le hip hop est un mouvement de rupture avec les conventions et traditions de la société. Contrairement aux déclarations des hommes et femmes politiques, le hip hop a pour qualité d’aller droit au but, sans détour, de manière explicite. De ce fait, le langage explicite du hip hop, lui donne une image provocante et déviante face à la société. En France, Supreme NTM n’a pas été le seul groupe qui a connu des problèmes avec la justice et la classe politique. En 1995, le ministre de l’intérieur Jean-Louis Debré porte plainte contre le groupe Ministère A.M.E.R à cause d’un titre baptisé “Sacrifice de poulet” pour la bande originale du film La Haine. Sous la pression des syndicats de police Jean-Louis Debré porte plainte pour incitation au meurtre. Le groupe a écopé d’une amende de 250 000 francs.

Récemment c’est le rappeur Kalash Criminel qui a fait les frais de la censure avec son morceau Cougar Gang. Un morceau qui n’était pas au goût de l’Elysée, notamment à cause du refrain dans lequel le nom du président de la république était nommé : « J’baise que des mères comme Macron ». Pour conséquence, Universal a retiré ce morceau sans l’autorisation de Kalash Criminel.

Pour aller encore plus loin, en Chine, le gouvernement a prohibé les émissions télévisées de hip-hop, ainsi que la retransmission de programmes télévisés mettant en scène des personnes avec des tatouages.  Le Parti Communiste Chinois reproche au hip hop de mettre en scène des scènes obscènes, vulgaires, des comportements déviants par rapport aux valeurs et principes portés par le Parti communiste chinois. De jeunes artistes chinois ont malheureusement fait les frais de censure et même d’interdiction d’apparition publique, pour éviter que la culture hip hop se diffuse massivement.

YOU ARE BANNED

En somme le hip hop partout où il se développe, il est soumis aux regards jugeurs, méfiants de la société.  Il existe également des Etats qui prennent des mesures radicales, non pas envers le hip hop directement mais en s’attaquant aux artistes, en les interdisant d’exercer leur métier sur leur territoire. Autrement dit, les artistes sont bannis. Oui oui, il est possible de se faire bannir d’un pays pour son art. Heureusement que ce genre de scénario n’arrive pas tous les jours mais certains artistes en ont déjà fait les frais. C’est le cas du groupe Odd Future qui s’est fait bannir de Nouvelle Zélande en 2014. Par ailleurs, Tyler the Creator s’est fait bannir de Nouvelle Zélande en 2014, Australie et du Royaume Uni en 2015 à cause des paroles assez controversées de ses chansons dans son album BASTARD (sorti en 2009).

 

Cyril Kabuya Kaniki

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