Start It

sidéral

[LIVE REPORT] Sidéral Psych Fest Bordeaux : le rock psyché sous toutes ses formes

Les jeudi 14, vendredi 15 et samedi 16 mars s’est déroulé à Bordeaux le Sidéral Psych Fest, un festival regroupant 13 artistes internationaux de la scène rock psychédélique.

 

∆∆∆

 

DAY 1 – Atrodøme – Big Red Panda (20h30) – Phoenician Drive (21h30)

 

Nous arrivons à 19h30 pour un premier essai dans ce qui semble être un speakeasy bordelais bien gardé. Nous découvrons cette perle underground de la ville dans laquelle une ambiance conviviale règne. Toutes les personnes présentes, d’une tranche d’âge plutôt jeune, semblent se connaître et partager une pinte et une cigarette en attendant le premier groupe. Une vidéo artistique psychédélique est projetée sur la scène nichée dans une alcôve intimiste.

Big Red Panda entame le festival à 20h30 avec un gros kick de batterie puis un solo de guitare puissant. Ce groupe d’origine portugaise est composé de cinq membres, dont deux chanteurs aux timbres très différents qui permettent au groupe d’alterner les styles de leurs chansons. En effet, ils peuvent explorer des sons plus heavy puis plus planants parfaitement grâce à leur adaptabilité artistique. Les deux voix rendent des effets totalement opposés avec une plus aiguë et percutante et l’autre plus grave et groovy.

Phoenician Drive surprennent dès leur arrivée sur scène en raison de la quantité d’instruments apportés. Ce groupe bruxellois étonne par son éclectisme, chaque membre maîtrisant à la perfection ses instruments; un batteur, un percussionniste, un bassiste, trois guitaristes, dont deux au chant, se partagent l’espace avec cinq guitares, au moins quatre autres instruments à cordes orientaux et plusieurs types de percussions.
Toutes ces sonorités incroyables se mélangent au fond de la cave et produisent un volume et une énergie détonants. Un long black-out survient pendant leur premier morceau mais ils continuent à jouer grâce à la batterie et les percussions, dont tous les membres s’emparent. Le courant revient au fur et à mesure et le concert repart en trombe. La salle remplie n’a pas râlé une seconde et a au contraire soutenu les artistes par des rires et des encouragements. Les artistes changent d’instruments entre chaque morceaux, ce qui rend à chaque fois l’expérience bien différente et presque même nouvelle. Effectivement, le groupe navigue entre des vibes 1960s de surf rock, du heavy rock, du synthétique et des influences du Moyen-Orient et d’Afrique du nord.

 

DAY 2 – Salle du Grand Parc – Kaviar Special (18h50) – MaidaVale (19h50) – Odd Couple (21h) – Temples (22h20) – DEUX BOULES VANILLE (23h40)

 

Nous arrivons pour cette deuxième journée de festival à la salle du Grand Parc. La halle est réquisitionnée par plusieurs stands de friperie, vinyles, merchandising, hot dog. L’esprit psyché est ressenti dès notre entré dans le bâtiment.
Le premier concert commence; Kaviar Special regroupe cinq musiciens dont quatre chanteurs. Le public un peu timide et peu nombreux dû à l’heure d’ouverture (18h50), arrive au fur et à mesure. Kaviar Special, bien connu notamment grâce à leur titre “Highway” ou encore “Starving”, ont sortis le 26 janvier leur dernier album Vortex. Aussi décapant et entraînant que Split, ils nous interprètent sur scène avec leur folie habituelle leurs chansons phares telles que “Dead End”, “Run Away” ou encore “How Come”. Ce groupe rennais mélangeant le garage rock psychédélique et le punk a réussi l’ouverture du festival à la Salle du Grand Parc, nous donnant envie d’avoir des cheveux longs pour les secouer dans tous les sens.
Le deuxième concert nous a littéralement laissé bouche bée. Maidavale est un groupe suédois 100% féminin nous rappelant que le rock n’est pas réservé qu’à la gent masculine. La chanteuse, Mathilda Roth, arrive sur scène avec une combinaison jaune orangé se mettant à danser sur une intro instrumentale psychédélique. Tout en douceur, la batterie et la basse s’allient et le rythme s’accélère. Mathilda rentre dans une transe; nous ouvrant le pas, il est impossible de ne pas la suivre dans son élan.
Les jeux de lumière passant du violet à l’orange, la voix de la chanteuse résonnant dans toute la salle, les solos de guitare impressionnants nous font tomber dans une atmosphère hypnotique dans laquelle le rock est roi. À la fin du concert, elles font l’unanimité, tout le monde est sonné, nous aurions voulu rester encore une heure de plus en leur compagnie.

 

Odd Couple rentre en scène, ils sont trois et le chant est partagé entre le batteur et le guitariste. Originalement ce groupe berlinois est un duo mais un troisième membre s’est glissé dans leur rang pour la sortie de leur dernier album. Ce groupe de post-punk, rock aux quelques touches psyché données par le korg ravit les foules. “Ça c’est du rock” pouvons-nous entendre dans le public. Les corps ne sont plus timides, chacun vie la musique à sa manière et les pogos ne sont plus très loins.

 

Temples était l’un des groupes phares du festival. Les quatre membres au style sixties bien travaillé ont réussi en quelque secondes à envoûter toute la salle. Temples prouve que la diversité du rock psychédélique est sans limite. Une mélodie se rapprochant plus de Tame Impala accompagné de la voix angélique du chanteur James Bagshaw transporte le public dans un enthousiasme partagé. Les jeux de lumière sont encore une fois éblouissants, l’atmosphère se dégageant de ce concert nous transporte dans un autre univers. Les guitares pailletées de Bagshaw défilent au rythme des morceaux, passant d’une rose à une dorée. Nous dansons, nous chantons, le sourire jusqu’aux pommettes, ce qui peut traduire du niveau de bonheur dans lequel le spectateur est plongé. Leur prestation est sans hésiter l’une des meilleures du festival. Le public est conquis et passionné par le show qui leur est offert.

 

Vient ensuite un duo de batteries accompagnées de synthétiseurs. 2 BOULES VANILLE est le dernier groupe de la journée de vendredi. Le public le plus expérimenté ou le plus curieux est resté pour cette prestation bien différente des dernières. Nous sommes immédiatement plongés dans une nouvelle ambiance, beaucoup plus cosmique et spatiale, dans laquelle les deux musiciens français enchaînent le travail sur leurs batteries et sur les synthétiseurs. Nous sommes obnubilés par leurs mouvements et la superposition des sons électroniques qui retentissent à chaque fois que leur baguette frôle la peau d’une caisse. Beaucoup plus expérimental mais toujours autant envoûtant, les deux batteurs s’éclatent et nous laissent sans voix. Dommage que leur show très prenant ait duré moins longtemps que les autres, peut-être dû à un léger retard. Aucun chant, que des percussions avec l’instrumental dégagé par les synthétiseurs, cette prestation est sans doute la plus difficile à écouter en raison de ce style très expérimental, à découvrir absolument en live.

 

DAY 3 – Salle du Grand Parc – Solar Corona (17h50) – SLIFT (18h55) – New Candys (20h) – Electric Moon (21h05) – Radio Moscow (22h15) – ZOMBIE ZOMBIE (23h35)

 

En ce samedi après-midi les problèmes de transports sont à leur comble à Bordeaux et il nous est périlleux d’arriver à la Salle du Grand Parc en raison des manifestations. Nous arrivons donc tout juste avant le final détonant du premier groupe de cette dernière journée Solar Corona. Chaque membre est possédé par sa musique et transmet une énergie qui donne envie d’écouter le reste de leurs productions. Ce groupe portugais composé de quatre membres se dénote particulièrement des autres groupes par son saxophoniste qui ajoute une touche jazzy et dynamique à la prestation.

Arrivent ensuite les trois artistes français de SLIFT. Ils dégagent un air sympathique et décontracté, à l’image de leur style de rock assez hard, avec des influences garage rock. Leur concert est presque purement instrumental avec très peu de paroles. Les deux guitaristes s’alternent au chant, alliant léger scream, voix sombres comme les chanteurs de hard rock des années 1970/1980, techniques de cosmique avec un écho prononcé, et voix de cold-wave. Ils rythment leur set de solos de guitares et de mouvements saccadés et étonnants.

Les quatre membres de New Candys s’installent sur la scène et se font immédiatement remarquer par leur élégance vestimentaire sobre de cuir et de velours noir. Ce groupe italien possède un style musical particulier, assez lancinant et romantique, qui pourrait faire penser à une bande originale de film classique. Ils augmentent le rythme dans la seconde partie de leur concert et jouent alors un à deux morceaux psychédéliques qui semblent sortir quelque peu de leur registre habituel mais qui fait de l’effet au public.

Le groupe mixte allemand Electric Moon commence rapidement sur un morceau court de rock simple, en guise d’intro, puis les trois membres révèlent au public leur vraie personnalité. Ils ont beaucoup d’humour et enchaînent les blagues ; ils font semblant de partir, disent qu’ils viennent d’Israël, se font des câlins, font des bruits étranges, disent que le concert va commencer dans 25 jours… Et enfin Electric Moon se laisse aller à son style de prédilection et part sur du Krautrock parfaitement orchestré, tellement mélodique qu’une voix y serait superflue. C’est un sous-genre du rock psychédélique né en Allemagne, également appelé musique cosmique ou spatiale, qui se caractérise par de l’instrumental électronique faisant penser à un voyage éthéré dans l’espace.
Les artistes augmentent le tempo d’une manière assez appuyée qui nous fait peu à peu entrer dans leur univers. La scénographie accompagne parfaitement leur performance avec la vidéo d’un écran totalement déchiré par des pixels en fond et des spots bleus qui nous plongent dans le style ambient des morceaux. Tous les membres sont sur la même longueur d’onde, ce qui rend le concert particulièrement détendu et poignant. Le groupe réalise plusieurs sets continus d’environ 20 minutes, puis change légèrement de style vers la fin avec un rythme plus soutenu, ce qui laisse imaginer toutes les autres productions qu’ils ont pu faire.

 

Beaucoup l’attendaient avec impatience, ce trio californien au rock bien puissant nous pousse totalement à lâcher prise. Radio Moscow mélange le rock psyché hard avec quelques notes rétro de blues parfois même de country. La voix résonnante du chanteur Griggs pousse nos corps à se laisser porter par la marée humaine qui ne fait que danser de plus en plus intensément. Avec des solos de guitare impressionnants et une batterie déchaînée, la foule ne résiste pas à l’envie de faire des pogos. Certains s’avisent même à slider sur le public, espérant monter sur scène au grand désespoir des vigiles, désemparés par la frénésie de l’assemblée.

Une énergie indescriptible a pris d’un coup la salle, qui ne sort pas indemne de ce concert. Les pintes de bière font effet, tout le monde discute et échange sur les différentes prestations. C’est alors que ZOMBIE ZOMBIE rentre en scène. Sonorité beaucoup plus électro, le public ne relâche pas le pas. Connu pour leur titre “Rocket Number 9” remixé notamment par Gesaffelstein, ils font aujourd’hui beaucoup de BO de films. Ce groupe français nous transporte avec une énergie survoltée dans leur galaxie grâce à leur machinerie analogique. Pour agrémenter cette expédition des stormtroopers (soldats impériaux dans Star Wars) font leur apparition dans le public. Eux aussi se laissent porter par la musique et slident sur la foule.

 

∆∆∆

 

Tout au long du festival, l’ambiance fut électrique!

Nous avons eu l’occasion de rencontrer et discuter avec les artistes, qui la plupart du temps restaient prendre des bières et écouter les autres groupes. Certains même tenaient des stands pour y vendre leur merchandising.

L’efficacité de l’organisation et son équipe chaleureuse ont fait de cette édition une véritable réussite. Le Sidéral Psych Fest s’est dénoté par une programmation pointue et une diversité, tant au niveau des styles de rock que des nationalités représentées.

 

Nina Kulundzic & Lehna Ouali.

 

partager

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur print
Partager sur email
Vous aimerez aussi
Vald, comment sortir de la prison du succès ?
L’histoire d’Aphex Twin
L’AFRO OU LES TRESSES À LA CIGALE, LE CONCERT DE LA CONSÉCRATION