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LR Dour pt2

[LIVE REPORT] Dour Festival 2019 : Cinq jours hors du temps (Partie 2)

Samedi 13 juillet :

Nous entamons le week-end avec beaucoup d’entrain. Quand bien même la fatigue des trois premiers jours commence à se faire ressentir et même si nos jambes commencent à nous lâcher, il y a encore tellement d’artistes à voir et de moments de fêtes à vivre qu’on sait d’avance que les deux derniers soirs vont être mouvementés.

Arrivés sur le site du festival, nous décidons de faire un petit tour en espérant découvrir des endroits qui avaient jusqu’ici échappés à nos yeux. Et quelle ne fut pas notre surprise quand on aperçoit le panneau « Bar à bières spéciales ». Passé l’entrée, nous découvrons un endroit relativement calme avec une grande étendue d’herbe avec des structures en palettes qui constituent des tables et des chaises. Au fond, un chapiteau habituellement utilisé pour constituer une scène s’est transformé en bar et on peut y trouver tous types de bières, à des tarifs raisonnables bien qu’un peu plus chers qu’au bar classique du festival. Néanmoins, on boit pour la première fois depuis 4 jours une bière fraîche dans un vrai verre et rien que pour ça on ne regrette pas d’avoir poussé notre curiosité jusqu’à ce bar.

Crédit photo : Elisa Sipp

Nous nous rendons à présent à l’Elektropedia pour assister à la performance d’Herobust qui commence directement par son morceau ‘’What The Fuck’’ qui nous écrase avec ses basses : il donne le ton pour la suite. Il parvient à créer un set dynamique alternant entre Dubstep, Trap et Bass House sans que l’on se rende compte de rien grâce à des transitions osées et très réussies en passant par exemple ‘’The Next Episode’’ de Dr. Dre et Snoop Dogg pour enchaîner sur un gros drop de Bass House. Pendant ce temps sur les écrans le mapping nous fait tourner autour d’une mustang, le tout en noir et blanc est parfaitement adapté. Le DJ originaire d’Atlanta nous plonge 20 000 lieux sous les mers avec son morceau ‘’Giant Squiddim’’, produit en collaboration avec MONXX et qui a le mérite de déchaîner le public. Après avoir passé des titres qui mettent tout le monde d’accord comme ‘’Jump’’ de Cypress Hill ou encore ‘’Work’’ d’A$AP Ferg qu’il enchaîne bien sûr avec des drops de Riddim ou de Bass House, on entend les premières notes de ‘’Move Mint’’ un morceau qui définit parfaitement son style que l’on pourrait qualifier d’Hybrid Trap, un mélange entre Dubstep et Trap. Ce n’est pourtant pas l’original puisqu’il s’agit d’un remix Bass House qui pose un tout autre rythme. On est encore plus heureux d’entendre le vrai drop qu’il balance juste après. La seule chose que l’on pourrait reprocher à Herobust c’est de beaucoup parler au micro, il crie des « one, two, three, four » presque avant chaque drop ce qui peut paraître à force un peu redondant. Cependant, le mapping et les jeux de lumières sont tellement incroyables et bien travaillés qu’on ne peut que passer un bon moment.

Nous sortons de la scène un peu tangués, nous prenons le temps d’aller manger un bout avant de partir sur la Last Arena pour assister au concert de Damso. Le rappeur belge enchaîne ses titres et toute la foule chante avec lui. Il nous surprend à jouer un titre comme « Lové » et c’est une agréable surprise puisque tout le monde se met à danser grâce à une instru aux sonorités techno et à chanter le refrain en cœur. Sa prestation est correcte mais pas transcendante, on remarque que la bande son est quand même bien présente et que l’artiste prend le micro presque uniquement pour faire les backs et les refrains. On ajoute à cela la portée du son qui n’est pas géniale comme nous l’avions déjà remarqué pour le concert d’Orelsan. Nous sortons donc de la scène avec un avis mitigé, partagé entre la satisfaction d’avoir vu un de nos rappeurs francophones préféré en concert et d’avoir chanté sur ses musiques et la déception d’un show qui n’était pas non plus inoubliable.

Nous décidons alors de passer par la scène Dub qui est comme une petite île perdue au milieu d’un festival où la majorité de la programmation est axée sur la musique électronique et le rap : le Dub Corner. Nous nous faufilons au milieu des festivaliers pour arriver au milieu de la scène, d’ici on se retrouve entouré de trois murs de son qui forment un triangle, l’artiste qui joue se trouve alors sur l’un des côtés de ce triangle, entre deux systèmes sons. L’ambiance est légère, on peut boire une bière tranquillement au rythme de la dub ou alors juste se laisser porter par les sonorités de cette musique à travers quelques pas de danse. On y reste une petite heure afin de se ressourcer et d’entamer sereinement la soirée.

Nous nous dirigeons de nouveau vers l’Elektropedia qui est toujours aussi impressionnante, les lasers et les lumières nous attirent comme des papillons de nuit. Lorsque nous arrivons, nous entendons ‘’Assassin De La Police’’ de NTM et Cutkiller. C’est le groupe SASASAS, composé de plusieurs DJ et MC avec notamment Macky Gee qui est en train de se produire. Tout le monde chante les paroles avant qu’un gros drop de Jump Up arrive et force tout le monde à danser ou à Skank selon ses capacités. Les mélodies fédératrices comme celle de ‘’Rock It’’ de Sub Focus et les morceaux passés par le groupe comme ‘’Plain Jane’’ d’A$AP Ferg ou ‘’Heads Will Roll’’ des Yeah Yeah Yeahs ont l’air de convaincre le public mais pour nous les kicks répétitifs de Jump Up commencent à nous lasser et nous partons faire une pause pour reprendre des forces car la suite promet d’être mémorable.

Lorsque nous retournons à l’Elektropedia, une armée de gens courent vers la scène, pourquoi sont-ils si pressés ? Il est minuit 30 : c’est l’heure pour REZZ, la DJ canadienne au style et à l’univers bien particulier, de commencer son set. On aperçoit ses lunettes lumineuses au milieu des écrans géants, lorsque son morceau ‘’H E X’’ produit avec 1788-L retentit pour nous transporter dans son monde. Le mapping est incroyable, on peut y voir un énorme œil, des radiographies, des tentacules ou encore des araignées. Il sublime la prestation offerte par la DJ. Il y a aussi des flammes qui sont crachées et les lumières envoient de gros faisceaux blancs qui traversent la foule et donnent l’impression d’être dans un immense club. Outre ses morceaux originaux et novateurs qui confortent ses adorateurs et parviennent à convaincre ceux qui ne la connaissaient pas, elle fait le choix de passer ‘’Eyes On Fire’’ de Blue Foundation remixé par Zeads Dead, pari risqué mais clairement réussi quand on voit l’effet immédiat que cette track a sur le public. Sur les écrans on peut voir un avatar d’elle-même qui tourne au rythme de la musique et c’est relativement hypnotisant. Nous sortons de la scène en nous disant que c’était de loin une des meilleures performances que nous avons pu voir à Dour cette année.

Comme si nous n’en n’avions pas eu assez nous assistons ensuite au show de Slushii, un DJ Dubstep qui enchaîne les remixs de gros classiques comme ‘’Sweet Dreams’’ de Eurythmics ou encore ‘’Bohemian Rhapsody’’ de Queen. L’artiste a tout compris : il arrive à faire danser et chanter tout un public avec une énergie presque inhumaine. Encore une fois, le mapping est très réussi : on peut voir entre autres « Slushii Things » écrit avec la même police que Stranger Things. Les drops sont puissants et déchaînent la foule. Dans les derniers morceaux, le DJ américain passe un remix de ‘’In The End’’ de Linkin Park qui crée un moment à part, coupé du monde.

Après cette claque monstrueuse, nous nous rendons à La Petite Maison dans la Prairie pour le début de la performance de Mall Grab : il faut avouer que cela fait longtemps que nous l’attendions et apparemment nous ne sommes pas les seuls puisque la scène est quasiment remplie et il nous est difficile de nous frayer un chemin pour accéder au devant. Mall Grab nous fait voyager pendant 1h30 grâce à un set oscillant entre House et Techno et des phases beaucoup plus breakées avant de déboucher sur une explosion de kicks dont le public raffole tant. Son set est vraiment bien travaillé, on oscille entre différents univers aux mélodies parfois mélancoliques, parfois envoûtantes mais toujours résolument dansantes. Nous sortons avec un grand sourire aux lèvres, encore un moment qui restera gravé dans nos mémoires.

À Dour, les scènes ferment à 4h du matin mais la musique ne s’arrête jamais vraiment, en arrivant au camping on entend de la musique au loin, on se demande d’où elle vient et en allant vers la zone qui regroupe les stands food et drinks on remarque que les festivaliers continuent la soirée avec des enceintes toutes plus impressionnantes les unes que les autres. On voit nos voisins partir eux aussi avec une enceinte à la main en petit groupe et au fur et à mesure qu’ils poursuivent leur route d’autres personnes les suivent, ce qui forme les fameuses teufs itinérantes. Pour bien comprendre l’ambiance qui règne dans ce camping, un habitant de la ville de Dour nous dit qu’il habite à 200m du festival mais qu’il passe quand même les cinq jours au camping du festival. Aux alentours de 5h30 une allée du camping est transformée en ventriglisse géant où les festivaliers se jettent à cœur joie, encouragés par une foule ivre (de bonheur, d’alcool ou les deux). Que ce soit au festival ou au camping tout se fait toujours dans une bonne ambiance : Dour mon amour, ce slogan est parfaitement adapté au lieu et à ceux qui le font vivre qu’ils soient festivaliers ou bénévoles.

 

Dimanche 14 juillet :

Nous commençons et entamons notre dernier jour. La fatigue des nombreuses soirées accumulées commence à se ressentir et nous puisons le peu d’énergie qui nous reste dans les savoureuses frites belges et un bon pack de Jupiler. Nous partons à présent vers la Boombox pour accompagner un ami qui tient à voir SCH, un rappeur que nous n’apprécions pas vraiment et qui est nettement remonté dans notre estime en assistant à son concert. Sa présence est forte, l’ambiance sombre grâce aux jeux de lumières rouges derrière lui, le public est survolté et chante toutes les paroles de ses chansons, son flow est lourd, puissant et parvient d’abord à nous faire bouger la tête puis sans aucun mal tout le reste du corps. Même sans connaître les paroles nous sommes portés par l’énergie du baron et de ses fans.

Nous partons ensuite en direction de la main stage pour assister au show de Roméo Elvis, l’artiste belge est ici comme chez lui car comme il nous le dit au début de son concert, il a été festivalier pendant longtemps avant de s’y produire, d’abord à la Boombox puis maintenant à la Last Arena. Sur scène, il est accompagné de plusieurs musiciens et dégage une énergie incroyable avec une forte proximité avec le public qui est composé de personnes de tout âge qui chantent toutes ses chansons. Il interprète ‘’Drôle De Question’’ à la guitare et change les paroles en remplaçant les femmes par les festivals : « T’es le seul festival dans ma vie, les autres c’était des faux mais toi t’es trop beau. ». Il enchaîne avec une reprise live de ‘’1 000°C’’ plutôt réussie, n’ayant pas vraiment adhérer à son dernier projet ‘’Chocolat’’ nous sommes moins touchés par certaines chansons mais ses classiques mettent tout le monde d’accord, les pogos en témoignent.

À présent direction la Salle Polyvalente où le groupe bordelais Odezenne se produit, on y retrouve les deux chanteurs ainsi qu’un batteur et un musicien capable de jouer aussi bien de la guitare que du synthé et de jouer avec toutes les machines présentes sur scène. Leur musique nous transporte dans un autre monde avec des morceaux comme ‘’Matin’’, ‘’Souffle Le Vent’’ou encore ‘’Vodka’’ qui nous touchent profondément d’abord par la justesse des mots dans leurs paroles mais aussi par l’énergie qu’ils ont sur scène, ils sont habités par leur musique et c’est beau. Le morceau ‘’Bébé’’ qui comporte une instru différente, plus rapide, proche de la techno fait danser toute la salle. Entre deux morceaux, les artistes nous remercient et nous expliquent qu’ils sont ici au « meilleur festival de la vie » pour les citer. Les lumières projetées sur le plafond du chapiteau donnent un impression de rêve. Lorsque ‘’Je Veux Te Baiser’’ retentit, tout le monde chante les paroles en chœur et c’est assez drôle d’entendre autant de voix crier les paroles de ce morceau génial mais objectivement un peu obscène.  Nous partons avant la fin du concert pour ne pas manquer les Flatbush Zombies qui se produisent à la Boombox.

Nous nous rapprochons au plus près de la scène au milieu de pogos qui ne nous laissent même plus d’air pour respirer. Le sol rebondit comme un trampoline, le public est déchaîné. Les artistes occupent toute la scène et dégagent une énergie incroyable, après avoir interprété leur morceau ‘’MRAZ’’ ils crient (et nous aussi) « free Flacko » pour manifester contre la détention d’A$AP Rocky qui devait se produire à Dour et enchaînent sur le morceau ‘’Bath Salt’’ produit avec A$AP Mob. Les visuels sur les écrans sont à l’image du groupe, on peut voir des animations trippy et colorées, des dessins et des inscriptions comme ‘’FBZ’’, ‘’The Glorious Dead’’ ou encore ‘’See You In Hell’’ le tout dans un style assez Oldschool. On atteint le sommet au moment où ils interprètent ‘’Palm Trees’’ qui pousse tout le monde à chanter les paroles et à sauter partout. Flatbush Zombies à Dour, il fallait les voir pour le croire.

Crédit photo : Elisa Sipp

Nous finissons la soirée en vadrouillant un peu sur toutes les scènes, le set de Charlotte de Witte aura retenu notre attention. Elle propose une techno profonde et puissante, le public est en feu, de quoi finir en apothéose pour cette dernière soirée à Dour. Nous rentrons au camping quand le dernier souffle de chaque scène retentit, il est l’heure pour les infatigables de prolonger la fête et pour ceux qui prennent le volant le lendemain d’aller se coucher.

 

Parmi les points négatifs et pour donner un avis plus global sur le festival, nous sommes un peu déçus du son à la Boombox qui était réparti de manière assez irrégulière. Bien entendu, sonoriser une salle de concert n’a rien à voir avec un chapiteau de cette taille mais c’est assez dommage car il y avait beaucoup d’artistes Rap et il était parfois difficile de comprendre distinctement les paroles. En outre et pour rester pointilleux, on s’est aussi rendu compte d’un certain décalage entre les scènes : par exemple entre L’Elektropedia où nos yeux ne savaient plus où regarder tant la scénographie, le mapping et le jeu de lumière étaient impressionnants et la Last Arena où la plupart des artistes se produisent sans scénographie avec seulement deux écrans qui retransmettent le « show », qui n’est finalement pas si riche que ça.

Ceci étant dit, avec une line up toujours aussi diversifiée et tous ces bons moments partagés autour de la musique, toutes ces rencontres, cette atmosphère si particulière et quelques nouveautés on ne peut qu’être ravis de cette édition 2019. Il faut également relever que cette édition a battu un record de fréquentation avec 251 000 festivaliers sur les 5 jours : on a pu le ressentir sur le camping comme sur le festival avec une densité de population plus importante que les années précédentes. On relève aussi la démarche du festival de s’inscrire durablement sur le paysage des festivals de musique en apportant des nouveautés à chaque éditions. Le nouveau site a d’ailleurs été chouchouté en même temps que le confort des festivaliers puisque les organisateurs ont décidé d’y planter des arbres et d’y ajouter quelques aménagements. D’année en année, le festival grandit et se renouvelle avec aussi de nouvelles scènes et de nouveaux concepts comme le Rockamadour cette année ou la Green Agora qui existait déjà l’an passé.

Pour finir ce récit de notre périple en ces contrées belges, il nous paraît important de dire un grand MERCI. Merci aux organisateurs pour l’invitation et pour avoir eu l’opportunité d’aller dans les coulisses du festival, merci aux bénévoles et à toutes les personnes qui chaque année fournissent un travail monstrueux pour que le festival se déroule sereinement et puis merci aux festivaliers pour vos sourires, votre bonne humeur et la bienveillance que vous propagez sur la petite ville de Dour.

Enjoy & Stay Tuned.

Elisa et Julian

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