Alors qu’il y a encore quelques années la chanteuse jonglait entre le métier de femme de ménage et celui de strip teaseuse, Summer Walker nous lâche un premier album captivant où on peut retrouver les singles “Girls Need Love (Remix)”, “Playing Games”, et “Stretch You Out” sortis quelques mois auparavant. Summer Walker s’affirme avec cet album dans un style R’n’B sensuel qui a su charmer les critiques. Un album également très féministe avec des morceaux surprenants comme “Fun girl”, un morceau acoustique et brut. Il ne semble pas y avoir eu de mixage après l’enregistrement qui n'a pas l'air d'avoir été fait en studio. Dans son morceau, la chanteuse nous parle de l’image qu’ont les femmes émancipées, sur le plan professionnel et relationnel, condamnées à être vues comme des filles faciles, ne méritant pas d'être prises au sérieux donc perçues comme des “fun girls”. Un album fort qui a battu le record de l’album de R’n’B féminin le plus streamé après sa première semaine, record auparavant détenu par Beyoncé avec son album Lemonade. Douceur, sensualité, engagement et modernité, c’est sans doute ce qui a réussi à conquérir un si large public. Avec une fan base maintenant bien établie, Summer Walker ne s'arrêtera pas en si bon chemin, elle est d’ailleurs présente sur la line-up du prochain Coachella. Une artiste à suivre de près ...
Iris
2019 fut l’année du retour sur le devant de la scène des deux reines de la pop (et de Tumblr en 2014), Lana del Rey avec Norman Fucking Rockwell et MARINA avec Love+fear.
Ce dernier album, s’il est le quatrième de l’artiste, est par ailleurs le premier qu’elle signe sous le nom de « Marina » et non plus « Marina & the Diamonds ». Peut-être un premier indice sur la tournure plus épurée, simple et novatrice qu’elle semble vouloir donner à sa carrière et à ses créations musicales.
Si Marina a autant marqué toute une génération qui s’est construite à travers ses sons et ses clips colorés, provocants et ouvertement féministes, on la retrouve aujourd’hui sans artifice, presque à nue ; nous parlant à cœur ouvert. Dans To be Human par exemple, la Primadonna Girl laisse derrière elle diamants et paillettes pour nous parler de manière claire et sincère des thèmes qui lui tiennent à cœur : les relations humaines, la tolérance et la paix. Le féminisme, la lutte contre les discriminations, en particulier LGBT+ ,qu’on décèle dans son feat Baby avec Luis Fonsi, sont toujours présents mais apparaissent sans superflus, comme si Marina n’avait aujourd’hui plus besoin de son personnage de scène antérieur pour s’affirmer comme une femme de convictions.
Cet album est aussi le résultat de quatre longues années où Marina s’est battue avec le doute, l’anxiété et la dépression. Elle apparaît ici partagée entre l’amour et la peur, comme l’indique le titre de l’œuvre, et nous livre le cheminement de sa réflexion et de son combat. Comme chacun de ses albums les titres doivent être écoutés les uns après les autres, exprimant une histoire logique ayant ici pour point d’orgue Sof to be strong, la conclusion à laquelle Marina arrive aujourd’hui.
Les fans de longue date de la chanteuse auraient pu être déçus de ne pas retrouver son atmosphère girly, piquante et déjantée. Mais, au contraire, comme lorsque nous l’avons découvert au début de notre adolescence, nous avons encore une fois l’impression de grandir avec elle et de comprendre ce qu’elle cherche à nous transmettre avec tant de sincérité.
Eva
Le monde merveilleux de la trap a, en cette année 2019, couronné quatre nouveaux rois. En effet, avec la sortie de leur premier album BLO, 13 Block a démontré que leur mixtape Triple S ne tenait pas seulement à la qualité des productions d’Ikaz Boi. Chants, rap, mélodies, topline, pistes d’ambiance, les quatre membres du groupe maîtrisent chacun tous les aspects du rap moderne. Cependant, si les quatre artistes sont complets, ils apportent chacun leur sensibilité particulière et leur personnalité qui rejaillissent dans leurs textes ou bien dans leurs intonations. Cela leur permet d’éviter un écueil bien trop courant dans la trap : la vacuité abyssale des textes et l’ennui profond que cela provoque pour les amateurs de rap qui écoutent de la trap depuis presque dix ans. Un vent de fraicheur qui ne demande qu’a continuer d’exister car 13 Block est actuellement à des années lumières de la concurrence dans tous les aspects que ce soit dans les placements des flows, dans l’utilisation des ad libs ou encore dans les lyrics dont la douce et sage mélancolie résonne bien plus profondément que la soupe à la cocaïne et au fusil à pompe qui nous est servie quotidiennement. Plutôt sérieux et lucide en interview, nous ne pouvons que souhaiter à 13 Block de poursuivre son travail, là où de plus en plus d’artistes tournent en rond et se parodient eux même. Comme dirait Stavo « ça va prendre du temps pour qui comprennent, mais ils vont comprendre ».
Simon
Au cœur d’une année 2019 peu créative et très redondante en terme d’orientation musicale pour le rap francophone, Makala débarque avec un album - son premier - pour éclabousser le game de couleurs, d’attitude et d’ironie. Très rafraîchissant, ce projet 100% Suisse a été monté en compagnie du génial Varnish la Piscine avec des productions uniques, éclectiques, aux teintes funk et particulièrement groovy aux antipodes d’une trap aseptisée. Le nom de l’album, Radio Suicide, prend sens après l’écoute de l’œuvre du fondateur de la Superwak Clique (Di-Meh, Slimka, etc) : on parle ici d’un chef d’œuvre au potentiel commercial proche du néant, le genre de musique qui ne passera jamais à la radio, qui ne s’adresse qu’à un petit nombre d’initiés. C’est pour ces raisons que le Genevois est la définition parfaite d’un artiste : ne pas faire en fonction de ce que demande le grand public mais en fonction de ses propres goûts, de son imagination et sans se préoccuper des retombés économiques de son art. Avec ce projet, Makala rappelle aux passionnés que la musique sans compromis reste vivante et donne une leçon aux rappeurs conformistes malheureusement de plus en plus nombreux …
Samy
Le récemment autoproclamé Roi du R&B a sorti en novembre dernier son 2e album studio afin de légitimer sa place sur le trône qu’il vient de conquérir. Toutefois, dès le premier son de l’album, Jacquees n’oublie pas de témoigner son respect à tous les Rois montés sur le trône avant lui. À travers cet album, il réutilise sa recette et mélange la douceur et la légèreté du R&B avec l’univers Hip-Hop, tout en montrant sa capacité à chanter et rapper avec brio. On retrouve donc des tracks R&B mais aussi Hip-Hop Soul ou encore Trap distillées à travers le R&B. Le jeune chanteur a réussi à créer son identité à travers sa musique et en plus de nous offrir un album plus complet que son prédécesseur. Dans cet album, Jacquees cherche à trouver l’équilibre entre une vie pleine de plaisirs et une vie pleine de romance tandis que son 1er album, « 4275 », n’était que tourné vers le plaisir charnel. Jacquees prouve avec cet album qu’il est fait bien partie des chanteurs les plus doués de sa génération et qu’il est resté attaché aux fondements du R&B pendant que d’autres essayent de briser les frontières entre les genres musicaux.
Niran
Nous sommes le 22 mars 2019 lorsque l’astéroïde AUDD de PNL s’écrase en France. Tout le monde connaît la suite de l’histoire : Ademo et NOS au sommet de la tour Eiffel, surplombent Paris et nous offrent surement le clip de l’année. L’album Deux Frères est annoncé à la fin du clip et sortira deux semaines plus tard. En plus d’un succès commercial battant tous les records (113 214 ventes en 8 jours d’exploitation), l’album est une confirmation du statut atteint par les deux frères des Tarterets : deux extra-terrestres ne jouant absolument pas dans la même cour que les autres rappeurs. Avec cet album, il n’est plus question d’avoir “Le monde chico”, ou d’entrer “Dans la légende”, ces deux premiers objectifs ont été réalisés. Aujourd’hui, il faut rentrer à la maison, revoir les cafards du bâtiment, et chanter à quel point la misère est si belle. Ademo et NOS nous proposent pour la première fois avec Deux Frères un album empli de mélancolie et de souvenirs. L’histoire retiendra de cette décennie rap l’omniprésence du groupe sur tous les fronts. Assis sur le toit de la tour Eiffel, Tarik et Nabil n’ont plus qu’à contempler l’ampleur de leur travail, ils ont le monde pour de bon, mission accomplie.
Rémi
Après un EP intitulé Karma qui avait fait une timide apparition dans les charts en 2017, la rappeuse Chilla revient sur le devant de la scène et s’impose avec son premier album MÜN sorti le 5 juillet 2019. Dans ce projet, Chilla a énormément évolué sur tous les plans, de l'écriture à la musicalité en passant par une imagerie plus soignée. Chilla nous livre un album intimiste où la chanteuse mixe le rap et le chant. MÜN est un mélange musical unique, il apporte d’un côté douceur, avec des vibes mélodieuses, et d’un autre virilité mais également féminité, avec son rap. Bien entourée, elle s’allie avec des artistes tels que Kalash avec « Ollie » et Gros Mo avec « Ego ». De son « Premier jour d’école », au passage à l’âge adulte, de ses amours, de ses réussites, de son évolution et de ses blessures, Chilla se livre avec finesse et poésie.
Elise
On ne le présente plus. C’est déjà le 5e album pour Tyler, The creator, de son vrai nom Tyler Gregory Okonma. Ce pionnier du rap américain débarque avec un de ses albums les plus aboutis. En effet, il est ici question de morceaux plus travaillés et recherchés, avec davantage d’influences soul ou funk comme dans le morceau “A BOY IS A GUN *”.
Il est également ici question d’un tube de cet album, le morceau “I THINK”. Ce morceau, empreint de finesse et de funk music nous pousse à découvrir un autre aspect du rap, un rap plus chanté qui dénote. Avec ce genre de morceau Tyler s’ouvre à davantage de couleurs musicales, il pousse les murs du rap afin d’y faire entrer d’autres styles musicaux. Vous l’aurez compris, Tyler sait tout faire. Il nous le montre encore aujourd’hui avec ce dernier album qui est un des plus reconnus dans le milieu, nous attendons donc impatience la suite de l’histoire de ce grand rappeur.
Mathieu
Sheldon, producteur, rappeur et co-fondateur de la 75ème Session, est arrivé comme une fleur en 2019 avec un projet d’une originalité surprenante. L’artiste a premièrement teasé son album avec une bande dessinée sur son Instragram racontant l’histoire d’un enfant maîtrisant le vent en temps de guerre opposant les humains et les robots. Au même moment, il dévoile 4 titres représentant les 4 quarts de lune, nous mettant en appétit pour la Lune Noire à venir. Le premier quart de lune ayant été dévoilé en 2016 et les trois autres courants 2019, c’est un projet que l’artiste a travaillé pendant un long moment. Après avoir dévoilé un jeu vidéo inspiré de la BD en Juin, terminée cette dernière sur sa page Instagram et sortie un EP intitulé Lune Noire : PREQUEL, Sheldon sort le 27 septembre l’album tant attendu, Lune Noire.
En sortant ce projet, Sheldon montre toute son originalité en nous contant cette histoire prenante et variée en influences musicales. Cet album nous décrit l’histoire d’un enfant doté d’un grand pouvoir, perdu au milieu d’une guerre qu’il ne comprend pas. Cela fait donc de son rap quelque chose de très imagé. Aucun morceau ne se ressemble, mais l’album est pourtant très cohérent. Influence reggae sur le morceau Doudou et “métal rap” sur le morceau qui suit intitulé Orage, Lune Noire est un album très complet avec des ambiances qui peuvent toucher chacun de nous.
Mentions spéciales pour les titres Carnaval et Aurore dans lesquels les ambiances sont mélodieuses et propres à l’artiste. On peut donc dire que Sheldon a été très productif cette année tout comme son label, 75ème Session, qui regorge d’artistes talentueux. Notamment le regretté Népal, dont l’album posthume nous a été dévoilé ce 10 janvier. Nous pouvons y écouter Sheldon sur le titre Vibe, dans lequel les deux amis nous exposent une magnifique vision de la musique.
Hugo
Le nom de Chase & Status ne vous évoque peut-être rien et pourtant ce duo originaire de Londres cumule près 260 millions de vues sur Youtube. Il participe à populariser la Drum & Bass à travers le monde avec un spectre musical très large qui regroupe des morceaux colorés, mélancoliques, sombres, entrainants et surtout puissants. Une bonne partie de ce qu’ils ont produit a été fait en featuring avec des vocalistes ce qui permet de rendre le style plus accessible et faire passer des émotions plus fortes par la voix.
Si je les classe aujourd’hui comme meilleur album de l’année, c’est parce qu’ils m’ont encore surpris en sortant Return II Jungle et parce qu’un album sur lequel on valide toutes les tracks, c’est quand même rare. Enregistré en Jamaïque, ce projet s’inspire du Dancehall des années 90 et de la Jungle de la même époque tout en ajoutant des notes de modernités.
L’album est composé de titres bien différents, le morceau Program par exemple en feat avec Irah donne littéralement envie de tout casser. Heater quant à lui apporte de la joie et de la couleur et fait plus penser à une fête au bord d’une plage Jamaïcaine. Mon morceau favori est Retreat2018 en feat avec Cutty Ranks, il dégage quelque chose d’indescriptible, une puissance maîtrisée qui vous fait tenir jusqu’au petit matin.
Pour moi, Chase & Status ont parfaitement relevé le défi qu’ils s’étaient fixé en proposant quelque chose de vrai et surtout en réussissant à créer un pont entre deux époques.
Quoi que vous écoutiez, je vous mets au défi de ne pas bouger votre tête en rythme sur au moins un des morceaux de cet album.
Julian
L’année 2019 a commencé sur les chapeaux de roues pour les amateurs de cloud rap et de la mentale QLF avec le premier projet de F430 : Thank you god, dans les bacs depuis le 11 janvier.
En effet, le duo issu du 91 a su pondre un projet plus que complet de 22 titres, avec une recette bien ficelée mêlant mélodies, autotunes, histoires sombres et volonté de voyager comme peut nous le prouver Jet dans Euros-dollars-pesos: “ je crois qu’il faut qu’on change d’air, ça paye pas assez dans le tiek’s”
Avec surprise, cet album s’est hissé en tête de nos albums les plus écoutés au cours de l’année malgré de grosses sorties comme Ninho, PNL,etc. Le duo a su prouver son talent et son professionnalisme à travers ce projet et l’ont confirmé en bouclant l’année presque aussi bien qu’ils l’avaient commencé en dévoilant un EP surprise : Street Quality qui nous a montré que le duo n’était pas prêt de s’arrêter alors enjoy and stay tuned.
Pierre
2019 était une année très attendue pour les fans de Taylor Swift. Le 26 avril sort le premier single de l’album : ME! en featuring avec Brendon Urie de Panic At The Disco. Le 14 juin, You Need To Calm Down est diffusé. Ces deux premiers singles sont beaucoup plus légers et calmes, aux sonorités toujours très pop, et contrastes avec l’ère Reputation d’il y a 2 ans.
Cet album est cependant une réelle surprise. Pour celles et ceux qui suivent l’artiste depuis près de 15 ans, certains morceaux se rapprochent du style de ses débuts comme Lover ou Paper Rings, au style clairement country. Les textes suivent cette tendance, ils sont simples et relatent d’une histoire d’amour comme Taylor Swift sait si bien les écrire.
Sans mentionner les styles plus ou moins pop des titres de Lover, les paroles sont une vraie découverte dans cet opus. L’artiste de 30 ans ne s’inspire plus uniquement de ses histoires d’amour, ses propres relations. Ici, ses textes sont plus engagés (The Man) et politiques (Miss Americana & The Heartbreak Prince).
Lover est un album définitivement plus mature. Son style évolue et elle n’a plus peur de montrer son engagement pour des causes qui lui tiennent à coeur. Son récent conflit avec son ancienne maison de disque en est la preuve.
Mailys