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Les pochettes

Les pochettes d’album : un indispensable pour la musique

La musique est intrinsèquement liée à l’oreille et au sens de l’ouïe. Et pourtant, certains visuels liés à des albums sont aujourd’hui plus iconiques que les chansons qu’ils illustrent. Les pochettes ont toujours eu un rôle essentiel pour les projets musicaux au même titre que les films et leurs affiches, ou encore les jeux-vidéo et leurs jaquettes. Les covers d’album ont évolué avec les époques portant avec elles leurs significations et leurs créateurs souvent trop peu connus.

L’histoire des pochettes d’albums

Durant la période de l’entre-deux-guerres, les disques et matériels pour écouter de la musique deviennent de plus en plus accessible. Les baisses de prix vont donc avoir pour conséquence l’augmentation des ventes de vinyle. À l’époque, les pochettes des 78 tours étaient relativement simplistes, souvent faites de papiers blancs, beiges ou verts sur lesquelles était inscrit le nom de l’artiste, la maison de disque ainsi que le titre du projet.

La création de la pochette, dite « moderne », est attribué à Alex Steinweiss, un jeune directeur artistique de la maison de disque “Columbia Records”. A la fin des années 30, ce passionné de musique se propose pour moderniser les pochettes de disques. La première qu’il réalise pour une symphonie de Beethoven est une réussite, les ventes augmentant de 800%. Il définira ses pochettes comme « des affiches miniatures capables d’évoquer le contenu subjectif de la musique et d’attirer l’œil de l’acheteur potentiel ». Une définition qui aura posé les codes des covers, et qui a du sens aujourd’hui encore.

Plus récemment, on a pu assister à 3 grandes phases et périodes concernant les pochettes d’albums. Jusqu’aux années 90, la peinture, la photographie et les collages étaient mis en avant. En effet, les formats vinyles, qui étaient donc assez grands, permettaient la mise en valeur des pochettes. A cette époque, le marché du physique était à son paroxysme. Les covers apportaient une vraie valeur ajoutée et un moyen de différenciation fort. Durant les années 2000, l’apparition de nouveaux outils comme Photoshop vont permettre de réaliser des montages et de mettre en lumière un nouveau type de pochette. C’est aussi la période qui est associée au CD. Enfin ces dernières années, les covers sont principalement des photos associées à tous les éléments technologiques de montages qui sont aujourd’hui extrêmement performants. La qualité de ces dernières joue un rôle clé pour se démarquer sur les plateformes de streaming.

La puissance artistique et commerciale des pochettes

Les pochettes d’albums sont pour la plupart inscrites dans l’univers de l’œuvre. Elles offrent une première approche visuelle au projet. On peut ainsi identifier les thèmes qui vont être abordés, la direction artistique choisie par l’artiste ou plus généralement l’ambiance, la couleur musicale de l’album. Une cover sombre telle que celle de la récente don dada mixtape d’Alpha Wann annonce rarement des morceaux aux sonorités dansantes. Les pochettes portent aussi avec elles certaines valeurs et causes à défendre. Le dernier album de Kalash Criminel, Sélection naturelle met en avant la famille et le fait qu’il est important d’être toujours là pour les siens. On peut aussi trouver des références aux récentes polémiques concernant les violences policières et les injustices sociales. Ce sont des thématiques que l’auditeur pourra retrouver dans les différents sons, et cela crée une cohérence globale.

Les covers intègrent parfois des concepts forts. On peut citer Nekfeu et L.E.V. qui illustre sur sa pochette numérique la représentation physique de son album. Xeu de Vald et sa jaquette composée d’un simple fond blanc immaculé qui vient en contradiction avec les codes de l’industrie. Ou encore Travis Scott et la cover d’Astroworld qui pose les bases d’un univers que le rappeur de Houston réutilisera tout au long de l’exploitation de l’album.

Il existe aussi un intérêt commercial aux pochettes d’album. Un beau visuel permet à un projet de se démarquer. La singularité et l’originalité des covers agissent comme de véritables outils de communication. Bien souvent, celles-ci sont partagées à l’avance sur les réseaux sociaux des artistes. En partageant ce contenu, les artistes donnent aux médias les éléments pour illustrer leurs informations. À titre d’exemple, les pochettes des deux projets très attendus des rappeurs Booba et SCH ont été très largement relayées cette semaine par l’ensemble des médias rap, que ce soit sur leurs réseaux ou leurs propres sites internet. Les covers sont donc utilisées pour renforcer l’attente et la communication autour d’un projet.

Les artistes de l’ombre

Derrière chaque pochette se trouve une idée portée par un créateur. Le travail de ces personnes est complexe et exigeant. Ils ont la responsabilité d’insuffler une âme visuelle à un projet. Ils doivent pour cela comprendre les volontés de l’artiste et s’adapter en permanence. De plus, réaliser ces pochettes requiert des compétences en photographie et en montage. Certains « coveristes » sont très connus, comme Mister Fifou, mais ces hommes et femmes de l’ombre ne sont malheureusement pas assez mis en avant.

Pour conclure, les pochettes d’album ont toujours eu une place toute particulière dans la musique. La manière dont nous consommons le 4e art aujourd’hui a inévitablement bousculé le traitement que les artistes accordent aux covers. Cependant, la définition initiale émise par Alex Steinweiss à la fin des années 30 a su traverser les époques et garder tout son sens encore en 2021.

Enjoy & Stay Tuned.

Thomas Quemard

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