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Stan se fait de violence et de poésie

Avez-vous déjà entendu parler du mot « Stan », introduit dans le dictionnaire d’oxford en 2017 suite à un morceau composé et interprété par Eminem en 2000 ? Ici, le célèbre rappeur dénonce un sujet peu abordé et d’une brillante manière. Ce son sera pour bon nombre de fans celui qui les marquera le plus, grâce à une message fort dû à une grande qualité d’écriture accompagnée d’un flow différent et d’un Eminem à l’apogée de son art.

Il vous est conseillé de regarder cette vidéo avant de lire cet article

Avec “Stan“, Eminem critique les “fans hardcores” vivant par procuration. Le personnage du même nom vit à travers le pseudonyme du rappeur de Detroit, Slim Shady. Tout ce que fait Slim Shady, il veut le reproduire au point de perdre son identité. Il a d’abord teint ses cheveux en blond comme son idole, puis rétorque à sa femme d’arrêter de “l’appeler ainsi” à propos de son nom Stanley, qui ne représente plus rien pour lui.

I can relate to what you’re saying in your songs / I even got a tattoo of your name across the chest / You gotta call me man, I’m the biggest fan you’ll ever lose

Un autre exemple marquant son fanatisme pour le personnage « fictif » qu’est Slim Shady est le nom qu’il souhaite donner à sa fille : « Bonnie », faisant référence au son « 97 Bonnie and Clyde », dans lequel Eminem surnomme sa fille Bonnie. Dedans, il tue la mère de son enfant en l’égorgeant, puis la place dans le coffre de sa voiture avant de la jeter dans l’eau…

Cette scène est d’ailleurs représentée sur la cover de son premier album The Slim Shady LP

À travers ses différentes lettres, on comprend bien que les fantasmes du jeune fan prennent énormément de place, jusqu’à engloutir sa personnalité.

Stan n’arrive plus à la faire distinction entre Slim Shady et Eminem, ou entre l’art de l’artiste. Il semble d’ailleurs ne même pas comprendre les textes de l’homme qu’il admire, puisqu’il semble amoureux de Slim, tandis qu’il est un personnage ouvertement homophobe :

“I love you Slim, we could have been together, think about it”

Pour l’anecdote, Eminem finira par interpréter « Stan » sur scène aux Grammy’s avec Elton John (ouvertement gay) pour bien montrer qu’il y a une différence entre ses écrits homophobes sous le pseudonyme Slim Shady et ce qu’il incarne réellement.

La femme de Stan n’en peut plus, et considérant qu’elle fait obstacle à sa relation avec le rappeur, il décide de l’attacher et de l’enfermer dans le coffre de sa voiture. Stan prend le volant, fou de rage, car son idole ne lui répond pas : “Dear Mr. Too-Good-to-call-or-write-my-fans”. Stan lui crie alors une dernière fois tout ce qu’il pense de lui à travers une cassette audio puis se suicide avec sa femme en laissant sa voiture tomber d’un pont.

Le couplet final est alors celui d’Eminem lui-même, qui reçoit les lettres quelques semaines plus tard. Il s’excuse pour le long temps de réponse, notamment en raison de son emploi du temps d’abord et du retard de son service postal, qui n’a pas pu livrer les lettres à temps. Bien qu’il soit flatté de l’admiration de son fan, il ne l’encourage à ne pas commettre un acte irréversible. Les dernières phrases du couplet font prendre conscience à Eminem que Stan est probablement la personne dont il a entendu le suicide aux informations quelques semaines plus tôt et ayant laissé une cassette audio sans destinataire identifié.

Eminem finit par comprendre :

 “ I just don’t want you to do some crazy shit / I’ve seen this one shit on the news a couple weeks ago that made me sick: Some dude was drunk and drove his car over the bridge(…) Come to think about it, his name…it was you… Damn”

L’écriture de ce son mettant en scène ce dialogue entre un fan et son idole ainsi que sa théâtralisation fait de Stan un morceau extrêmement novateur et imagé pour l’époque. On peut également souligner les différences de flow assumées par Eminem interprétant deux personnages différents. Le rappeur réussit également à faire ressentir la colère montante de Stan jusqu’à l’explosion, montrant encore l’aisance de l’artiste à écrire des textes à forte valeur émotionnelle.

Enfin, le refrain samplé de Dido est parfaitement utilisé, que ce soit par le message qu’il envoie ou la douceur qu’il apporte à la violence du morceau :

“My tea’s gone cold, I’m wondering why I

Got out of bed at all

The morning rain clouds up my window

And I can’t see at all

And even if I could it’d all be gray

But your picture on my wall

It reminds me that it’s not so bad, it’s not so bad”

C’est donc ainsi qu’Eminem a pu une nouvelle fois inscrire son empreinte dans la culture populaire. En effet, à la suite de ce morceau, les gens se sont mis peu à peu à renommer les fans ‘extrêmes’ en stans. Un mot qui est désormais inscrit dans le dictionnaire d’Oxford et largement utilisé sur les réseaux sociaux.

Enjoy and Stay Tuned !

Noé Loisel

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