En 2022, après avoir sorti son dernier album « L’Amour », Disiz co-fonde un nouveau label avec le producteur de ce même album : LUCASV. Ce label portera le nom de Sublime, avec déjà dans l’idée de sublimer l’art avant de le commercialiser. Focus sur un label d’un nouveau genre qui, sans aucun doute, bouleversera son milieu.
Disiz, anciennement Disiz la peste, artiste à la carrière désormais longue de près de 25 ans, est un ovni dans l’industrie musicale. De « Poison rouge » à « Pacifique » en passant par « Disizilla », il expérimente toujours plus de nouvelles sonorités et sort parfois complétement des « codes » du rap. Il assume totalement ses influences pop et n’a pas peur de « pousser la chansonnette », ce qui fut et reste encore assez tabou dans le milieu. En bref Disiz est un artiste libre et volatile.
Mais il nous met en garde lors d’une interview chez GQ, cette liberté est freinée, bridée voire écrasée par l’industrie musicale et les gros labels qui la maitrisent : « Une fois devenu artiste, tout l’envers du décor apparaît. Il faut faire des sacrifices, se battre pour que ses idées soient respectées et ne soient pas détournées. Mais aussi jouer le jeu de la promotion. ». Et il n’est pas le seul à le remarquer, en témoigne la vague de rappeur qui se lance en indépendant comme Laylow avec Digital Mundo, Alpha Wann avec Don Dada, Vald avec Echelon…
C’est donc dans l’idée de conserver et de protéger la liberté et l’intégrité de la créativité des artistes, de « ne jouer aucun jeu et ne pas respecter les formats » que Disiz et LUCASV créent Sublime. Pour l’instant, c’est un pari réussi. On retrouve chez Sublime certains des ovnis les plus talentueux, qu’on ne peut pas vraiment assigner à des cases, preuve que la créativité passe avant tout
Parmi les premières signatures et les personnalités majeures du label figurent Luther et Rounhaa, deux artistes aujourd’hui largement établis dans la scène underground, voire même figures emblématiques du mouvement communément appelé « la new wave ». Ils se démarquent tous les deux par un rap très introspectif, parfois mélancolique, mêlant mélodies et des sonorités souvent électroniques. Ces univers sont bien illustrés dans leurs deux projets respectifs sortis au sein du label, Möbius et Jaafar pour Rounhaa et Garçon(+AMI) et Exit pour Luther. Les influences électroniques, déjà présente avec LUCASV, se confirment avec la signature d’Abel31, d’abord seulement producteur, puis également rappeur, qui proposent deux projets au sein du label, 200 (sur lequel il ne pose que dans l’outro) et le très bon mais très expérimental 0010, catégorisé en musique techno malgré un grand nombres de pistes drumless, preuve que ces artistes sont inclassables. De même, Amne, producteur de la plupart des titres de Luther depuis AMI, développe aussi la branche DJ du label avec LUCASV. Enfin, comment parler d’ovni sans parler de Snorunt, qui mêle rap, hyperpop, musique digitale et parfois techno, qui rejoint le label en 2023 en sortant arva offmode.
Leurs propositions artistiques, bien qu’hétéroclites, se rejoignent cependant sur ce projet tentaculaire grâce à la liberté laissée aux artistes. La volonté de Disiz de placer l’artistique au centre est respectée, il offre simplement une structure assez solide pour porter leurs propositions uniques. Comme il le déclare, « La force de Sublime, c’est le respect des forces de chacun. »
D’ailleurs, Sublime n’est pas qu’une structure, c’est un projet artistique à part entière : on le remarque dans la direction artistique et les choix forts fait lors de leurs évènements comme le SUBLIME CLUB ! lors de la fête de la musique ou encore le Sublime [LIVE.001] au Grünt festival.
Sublime se diversifie également en une radio sur Apple Music qui se traduit en un podcast entrecoupé d’interludes musicales qui compte déjà 12 épisodes. Le label combat toute forme de normalisation ou d’uniformisation jusque dans son merchandising, designé et tissé dans son propre atelier à Paris, contrairement au merch habituel qui consiste en un collage de pochette sur une base de t-shirt générique.
Bref, Sublime trace son propre chemin dans l’industrie en jouant le jeu de celle-ci : « Avant, il fallait être pour l’industrie, ou contre. J’ai voulu essayer de trouver une nouvelle voie et être dans un rapport de transparence avec les artistes. »
Enjoy and stay tuned
Arthur Maurois