Retour sur la carrière naissante d’un des talents les plus prometteurs de la next gen… LESSGO !!!
Bounce! Cette semaine, Start-it a choisi de consacrer l’une de ses chroniques au rappeur La Fève, leader presque incontesté de la scène émergente. En effet, ce jeune artiste issue du 94 a fait sérieusement parler de lui lors de la sortie de son dernier projet ‘ERRR‘ avec exactement trois r (le titre proviendrait, selon ses dires, du son émis lors d’une galette …) et de son hit déjà classique mauvais payeur. Même si sa carrière ne fait que commencer, La Fève, a déjà quelques années de pratique, fort de quelques projets plus ou moins abouties, mais relié par une ambiance, une atmosphère propre au rappeur. Retour donc sur la genèse de la genèse !
Parcours:
Rendez-vous en 2015, à Fontenay-sous-bois où La Fève commence à rapper ses premiers textes. S’ensuit alors une période de blanc ponctué par quelques pistes publiées aléatoirement sur SoundCloud, sa plateforme de prédilection qu’il salue comme beaucoup d’artistes, notamment pour la proximité créée avec le public. En avril 2018, il sort un premier EP nommé ‘Misanthrope‘. Projet où l’on découvre un rappeur somme toute assez académique dans ses placements, mais déjà technique et incisif. Musicalement, les instrumentales sont classiques, néanmoins elles ont le souci de créer une ambiance planante tout en restant dans une optique de découpe certaine. Conclusion d’alors… Hâte d’entendre la suite !
À écouter impérativement, La Fève, ‘Bandit‘ :
Son son :
Ainsi, c’est après cette première expérience qu’une embrouille avec ses voisins, dûe à un débit sonore un peu trop élevé (Que voulez-vous, tout le monde n’apprécie pas la pratique d’un kickage raffiné…) que La Fève acquerra son flow caractéristique, toujours nerveux, mais calme et presque chuchoté (ce que n’a pas manqué de reprendre parodiquement Theodort) et qui conviendra si bien à l’ambiance nocturne de ses instrumentales. En effet, comme il le confiait au micro de 1863, le rappeur affectionne particulièrement la nuit, qui est sa principale source d’inspiration, tout simplement parce qu’il s’agit du moment le plus en phase avec son état d’esprit solitaire. C’est aussi, qu’au-delà de s’atteler à la création de sonorités planantes et nocturnes à grand recours de samples japonisants et de claviers aériens, le rappeur propose aussi des textes travaillés, emplis d’un spleen, et d’un ego’trip certain. Le tout, au service d’une rythmique nerveuse et maîtrisée. Mais, trêve de bavardage: pour illustrer mon propos, rien de mieux que d’écouter quelques morceaux…
A présent que les bases sont posées, concentrons-nous sur ce qui a assuré à La Fève son titre de leader de la next gen, à savoir ses albums. Après la sortie progressive de ses EP nommés ‘Nocturne‘, décomposés en trois parties, La Fève se lance aux côtés d’un beatmaker de talent partageant la même fibre musicale, Kosei, dans la confection d’un album commun nommé ‘Kolaf‘, alors le projet le plus ambitieux de sa carrière. En découle un projet de 9 titres très abouti par rapport aux moyens disponibles, marqué par une connexion rare entre deux artistes comparable à celle de Skread et Orelsan, ou encore de Larry June et Cardogotwings.
Enfin, le projet qui lui a permis de se faire connaitre d’un plus large public: ‘ERRR‘, un album de 18 titres très attendu par ses fans, où l’on retrouve 3 collaborations portées par Zamdane, S et $ouley. Cet LP aux titres souvent courts (le projet dure un peu plus d’une trentaine de minutes) se démarque tout de suite par sa maîtrise et la variété des productions présentées, toutes à la pointe des dernières sonorités. La Fève, notre hôte pour cet album, est tantôt agressif, tantôt calme et évasif, sans que la cohérence générale en soit pour autant affectée. En bref, un projet frais et de bonne facture, qui apparaît à la fois comme une conclusion de la préparation du rappeur et l’entame d’une nouvelle étape de plus grande envergure.
Son lien avec la next gen:
Maintenant que le point sur son parcours a été effectué, une analyse autour de sa position dominante au sein de la next gen s’impose. Mais d’ailleurs Jamy, c’est quoi la Next gen ? En effet, cette next gen ne se distingue pas seulement par une nouvelle scène musicale, mais s’apparente plus à un réel microcosme artistique bien plus large qu’il me semble nécessaire de décrire. Premièrement, l’aspect musical: celui-ci est marqué par son caractère très expérimental et la recherche de nouvelles associations sonores et de nouveaux sons, la déconstruction de schémas lyricaux conventionnelle, le placement de la voix… On note une véritable prise de risque de la part des artistes de cette génération où l’on compte par exemple Chanceko, Khali, J9ueve ou encore Hjeunecrack, mais également des beatmakers comme Kosei ou Freakey!. Apparait ensuite un environnement plus professionnel endossé par des médias comme 1863, des labels comme la Walone (le label de La Fève) ou encore des agences de développement. Enfin, des marques de vêtements, déjà indissociables, gravitent autour du mouvement comme PPSC. Ainsi, loin d’être éparse, la relève s’est constituée un écosystème solide regroupant toujours plus d’intéressés. C’est donc dans cet environnement que La Fève évolue, et où il entretient avec ces artistes plus ou moins d’affinités. Il a déjà collaboré avec plusieurs d’entre eux, notamment Khali ou J9ueve. Il a enregistré avec ce dernier ‘Tous mes états‘ qui est, à mon sens, déjà un classique.
La suite:
Dorénavant, le rappeur a fait bouger des têtes pendant tout l’été, donc que peut-on attendre de lui ? Et bien, comme on pouvait s’en douter, dû à une exposition accrue cette année et au hit incontestable qu’a été ‘Mauvais Payeur‘, le jeune artiste a gravi une nouvelle étape dans sa carrière, concrétisée par sa présence dans la mixtape ‘Saboteur vol1‘, le projet du label de Deen Burbigo. Il y aurait, par ailleurs, un feat avec Hamza également en préparation. En une phrase, nous ne pouvons que nous impatienter d’attendre la suite !!!
Enjoy and stay tuned
Mendossa Picard