Nous sommes le 18 novembre 2022, et 2 mois se sont écoulés depuis le teasing du nouvel album de Metro Boomin : ‘Heroes & Villains’ . Après beaucoup d’attente, c’est officiel : le projet paraîtra le 2 décembre.
Pour rappel, l’album devait sortir début novembre, mais le producteur d’Atlanta avait annoncé une semaine avant qu’il n’était pas en mesure de respecter le délai qu’il avait fixé: « tous les ingrédients n’étaient pas encore réunis ». Le report du projet, et le projet en lui-même, sont sans aucun doute liés à un épisode tragique survenu début juin : le décès de sa mère, qui a été abattue par son mari. Désormais, le cœur de l’artiste est brisé et l’album semble être un hommage à sa maman. Le titre et le visuel, quant à eux, rappellent le thème des albums précédents (le feu, le danger, les héros…)
Il faut rappeler que le parcours de Metro est un sans-faute. Mais dans de telles circonstances, son état aura-t-il un impact sur sa musique? Va-t-il composer comme exutoire?
Chaque production de Boomin est une masterclass, et les albums à son nom se font plutôt rares; comme s’il visait tout le temps la perfection (le dernier en date: ‘SAVAGE MODE II’, en collaboration avec 21 Savage, est sorti il y a 2 ans et s’est vendu à plus de 500.000 exemplaires). En d’autres termes, il a fixé la barre très haut. ‘Heroes & Villains’ sera-t-il à la hauteur ? Pourra-t-on le classer album de l’année ? En attendant de pouvoir répondre à ces questions, on vous propose un petit retour sur sa carrière…
BABY BOOMIN
Leland Tyler Wayne est né le 16 septembre 1993 à Saint-Louis dans le Missouri. Tout commence à l’âge de 7 ans lorsque le jeune Leland reçoit de sa mère l’album Country Grammar de Nelly. À l’écoute de ce CD, c’est la révélation : il sait qu’il travaillera plus tard dans la musique.
C’est ainsi que le jeune homme entame sa carrière d’artiste au collège, mais – contrairement à ce qu’on pourrait penser – en tant que rappeur, sous le nom de Young Zesty. Malheureusement, à ce moment-là, il n’a pas d’instrumentales sur lesquelles poser, donc il a deux possibilités: soit en acheter, soit les faire lui-même. Étant issu d’une famille plutôt pauvre, il opte pour la seconde option. À ses 13 ans, sa mère lui offre son premier synthétiseur avec le logiciel « FruityLoops » (maintenant connu sous le nom de FL Studio), et permettant de créer des instrumentales. Peu à peu, sa passion pour la production prend le dessus sur sa passion pour l’écriture, et c’est à cette période qu’il décide qu’il ne sera pas rappeur, mais producteur.
DÉBUT DE CARRIÈRE ET ASCENSION
À son arrivée au lycée, en 2009, ses performances de beatmaker commencent à se faire remarquer. Il décide donc d’envoyer ses productions à des artistes reconnus… Cette stratégie finit par payer, puisqu’il va produire le single ‘Alley Boy’ de Young Jeezy et Lil Gotti. Peu de temps après, il sera mis en contact avec un certain OJ da Juiceman. Ce dernier, fan de ses productions, avait l’habitude de crier « Boomin ! », lorsqu’il trouvait une prod lourde. C’est de là que Metro a ajouté le “Boomin” à son nom.
À cette époque, il commence à voyager à Atlanta pour collaborer avec les artistes directement en studio. Plutôt bon élève en parallèle, il finit par s’installer à Atlanta et s’inscrit dans un cursus de management des affaires. Cependant, voyant la demande d’instrumentales de plus en plus forte, il se résout très rapidement à abandonner ses études pour se consacrer 100% à sa passion.
Cette décision lui permettra notamment de rencontrer Gucci Mane ou encore Future (en 2013, Metro Boomin collabore avec ce dernier sur deux titres). Été 2014, il réalise ensuite sa toute première mixtape : ’19 & Boomin’ ; et 2 mois plus tard, on le retrouve sur la mixtape ‘Days Before Rodeo‘ de Travis Scott (il composera 1/3 des tracks) :
Après cette mixtape, ainsi qu’au succès du titre ‘Tuesday’ de ILoveMakonnen (feat. Drake) sorti 1 semaine plus tôt, le producteur poursuit en 2015 de façon prodigieuse avec Drake et Future sur la mixtape ‘What a Time To Be Alive‘, où on trouve notamment le hit ‘Jumpman‘.
Les contributions de 21 – qui, à ce moment-là, tente de se faire une place dans le rap game – aux titres ‘X’ (feat. Future) et ‘No Heart’, de leur EP commun ‘Savage Mode’ sont classées. En clair, ces 2 hits feront exploser simultanément les carrières des deux artistes, leur permettant une reconnaissance à l’international.
Ils se lieront d’amitié, et leur ascension ne fera que commencer. En effet, l’année suivante, Metro réalise les albums ‘Without Warning’ avec 21 Savage (évidemment) et Offset, puis ‘Double or Nothing’ avec Big Sean. Dans ‘Without Warning’, le hit ‘Ric Flair Drip’ , interprété par Offset, est aujourd’hui estimé à plus d’1 milliard de streams sur Spotify.
Plusieurs de ses prods pour Post Malone, Future ou Kodak Black atteignent clairement les sommets des ventes (nul besoin de préciser), tandis qu’il sort la mixtape ‘Perfect Timing’ avec NAV. En 2018, il feat notamment avec Nicky Minaj et Lil Wayne; et surtout, il travaille à son premier album solo ‘Not All Heroes Wear Capes’, où l’on y trouve principalement Travis Scott, 21 Savage, Gunna et Young Thug. Sans surprise, l’album se classe n°1 du Billboard 200, tandis qu’une dizaine de ses titres entrent dans le Hot 100, dont ‘Space Cadet’ avec Gunna.
UN BEATMAKER UNIQUE
Le Boomin qu’on connait aujourd’hui, c’est un compositeur d’exception. Ses instrumentales sont uniques, parce qu’il a cette capacité à naviguer parfaitement entre prods techniques et épurées. Elles laissent beaucoup de place aux rappeurs, mais sont en même temps tellement complètes, qu’il n’en faut pas plus. C’est vraiment ce qui caractérise les instrus du beatmaker. On pourrait même dire que l’ambiance plutôt calme qu’il arrive à maintenir dans chacune de ses prods (qu’il s’agisse d’une prod plutôt triste ou qui bounce d’ailleurs) donne un caractère plus crédible à ses instrumentales, les rendant non-seulement passe-partout, mais également tout le temps agréables à l’oreille.
Ses 4 tags, dont 1 réalisé par Future et 2 par Young Thug, sont devenus des classiques du rap et des gages de qualité : quand on entend « Metro Boomin want some more n***a », on peut s’assurer qu’il s’agit d’un banger.
Il n’y a que très peu de producteurs pouvant prétendre faire partie des plus grands du moment, et Metro en est l’un d’entre eux. Lorsqu’il a annoncé sa retraite sur Instagram, Gucci Mane a sorti un million de dollar pour le persuader de revenir sur sa décision. Il est toujours dans les bons coups et courtisé par les meilleurs. De ‘Mask Off’ (Future), en passant par ‘Bad and Boujee’ des Migos, ‘Bank Account’ de 21 Savage, jusqu’à ‘Ric Flair Drip’ de Offset, Metro Boomin est à l’origine de nombreux hits planétaire.
C’est sans doute ses collaborations avec 21 et Offset qui lui ont vraiment permis de se positionner au top de la hiérarchie hip-hop.
En tout cas, on attend avec impatience son nouvel album, et on espère qu’il sera à la hauteur des chef-d’oeuvres qu’il a pu produire.
Enjoy & Stay Tuned
Adrien Lescure