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[LIVE REPORT] La poésie de Lonepsi au Rocher de Palmer

Ce jeudi soir, l’entrée du Rocher se fait avec facilité. Seuls quelques curieux se sont rendus au rendez-vous donné aux Bordelais par Lonepsi.

Lonepsi, c’est cet artiste parisien que l’on vous a présenté il y a quelques semaines dans un de nos “Coups de Projo”. Plus poète que rappeur, la soirée ne sera pas aux pogos. Mais ça, on s’en fout.

Caché au fin fond des entrailles du grand Rocher, le rassemblement se fait discrètement dans le Club.

Le concert commence par une première partie inattendue : Mak Jak, rappeur venant de Biarritz avec son percussionniste/guitariste/beatmaker. Ce soir, cet homme est une véritable découverte. Mais la découverte provoque parfois l’incrédulité du public…

Ses différents titres s’enchainent et ne se ressemblent pas. Quoique…en fait si, ils se ressemblent.

“Hymnes à la fumette” posés sur des instrus alliant beats épurés et performances acoustiques, la prestation ne suscite pas beaucoup de réactions auprès du public.  Néanmoins, il faut leur reconnaître la qualité d’être de très bons musiciens.

Avec un enchainement de morceaux, racontant ses nombreuses histoires de coeurs, ponctué d’interventions telles que “Vous voyez quand vous êtes au fond du seau ? Bah quand j’ai écrit ce morceau j’étais encore plus profond”.

Mak Jak termine son live par le titre “Flotter” dans lequel il déclare “espérer que la fin soit proche”. Oui, eh bah on vous avoue que nous aussi.

Ainsi s’achève le  passage de Mak Jak au Rocher de Palmer.

 

Lonepsi arrive quelques minutes après, laissant le public se remettre de la prestation précédente.

Celui-ci salue modestement les spectateurs, qui ne semblent pas beaucoup plus vieux que lui, et se plante au milieu de la scène.  Il ouvre le bal avec le premier morceau de son projet sorti en Janvier, “Le Chien et le flacon”.

En s’appuyant sur le poème de Baudelaire, il demande au public de se confronter à la complexité de ses textes et de ne pas céder à la difficulté. Mais cette demande est inutile, il fait face à une assemblée dont l’attention est captée depuis son entrée, et connaissant ses textes parfois mieux que lui.

 

Alors que cette introduction pouvait paraître culottée à l’écoute du LP, ici l’humilité et une certaine maladresse se dégageant de l’artiste imprègnent toute la salle.

 

Il se place derrière son clavier et nous envoûte de son spleen baudelairien. Il nous extrait du temps et nous plonge dans l’univers du “Loup des Steppes” . A chaque nouveau titre, le spectateur est invité à décrypter, décoder cette poésie en filigrane.

Chez Lonepsi, chaque mot est étudié, presque disséqué, avant d’être utilisé, et ce goût des mots est mis en lumière par le flow articulé et rocailleux de l’artiste. L’intensité des paroles de Lonepsi est contrebalancée par les caresses de sa voix rauque et de ses mélodies instrumentales.

Jonglant entre, piano et guitare, ses déplacements sont parfaitement fluides et son incroyable beatmaker y est bien pour quelque chose.

Vêtu d’une blouse blanche et de lunettes c’est réellement grâce à lui que l’alchimie entre Lonepsi et le public opère sur scène, à tel point que l’audience se permet de faire des suggestions de morceaux à l’artiste.

 

C’est cette ambiance très intimiste qui a donné tout son charme au concert et au rappeur toujours plus attentif à son public, lui répondant timidement pourquoi il lui est impossible d’interpréter “Comme deux étoiles” et en l’encourageant à revenir le voir quand le morceau sera prêt à être jouer en live. Si le public était parfaitement à l’aise à l’idée d’interagir avec l’artiste, celui-ci avait parfois du mal à finir ses phrases.

 

Alors qu’il commence à prévenir le public que le fin du concert est proche, la coïncidence veut qu’il se rende compte d’avoir oublié le titre “La signification du verbe oublier” :

 

“Mon regard dans les étoiles lentement se noie
J’aimerais y plonger pour dilater le temps”

 

Nous aussi, à cet instant précis, on aimerait dilater le temps et prolonger le concert. Mais les premières notes du dernier titre retentissent dans l’enceinte du Club.

Il introduit “La fille du bus” par une mélodie au piano, évoquant les thèmes musicaux que l’on trouve dans les Miyazaki. Univers omniprésent dans le travail de Lonepsi que l’on retrouve encore ce soir.

 

Avec ce dernier titre, il transporte une enième fois la salle par sa poésie Baudelairienne.

La voix de Lonepsi peint les scènes que décrivent ses mots. Il nous plonge dans la contemplation de cette fille, “cette variation de l’air, cette infinitude”, on le suit dans son voyage en bus. L’histoire s’arrête et le public est ramené à la réalité.

 

Les lumières s’éteignent, Lonepsi sort de de scène, et “le temps d’un instant, le spectateur est redevenu un môme insouciant.” 

Par Fanny Laurent & Margaux Philippon. 

 

 

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