Nous arrivons au Rocher de Palmer plus motivés que jamais prêts à écouter les textes poétiques et travaillés d’un des plus talentueux rappeur du moment : Eddy de Pretto.
Le concert commence comme très souvent par une première partie : Hervé. Ce jeune artiste alterne entre textes poétiques et instrus électroniques. La voix n’est pas tout à fait juste ni assez poussée mais Hervé a atteint son but : nous faire découvrir son univers.
Après une pause d’une vingtaine de minutes, nous sommes impatients de voir Eddy de Pretto.
Il est 21h15 dans une salle remplie, Eddy de Pretto, bonnet sur la tête, pull à capuche, prêt à enflammer le Rocher, monte sur scène avec son batteur, et son iPhone grâce auquel il lance chaque morceau. C’est sur cette scène sobrement décorée, sans artifice, principalement éclairée de lumière blanche, que cette révélation du rap français entame les premières notes de Jimmy, un titre de son récent premier album Cure.
Il échange ensuite quelques mots avec la foule et se voit offrir, surpris, un livre.
Le public, bien que très éclectique, est réceptif à chaque nouveau titre, chante avec lui, danse avec lui. Il faut dire que le jeune artiste de 25 ans ne tient pas en place. Il parcourt la scène de long en large, s’accroupit pour se rapprocher du public et délivrer avec une certaine puissance les messages contenus dans chacune de ses chansons, comme Mamere dont le morceau prend réel sens en live et sonne presque comme un cri.
Après seulement quelques titres, on comprend qu’Eddy de Pretto est un concentré d’énergie mais aussi de mélancolie. Ces textes profonds nous font plonger dans son histoire : celle d’un homme qui veut exprimer ses doutes et ses espoirs. Mention spéciale au morceau Normal, avec son refrain hyper efficace et son instru des plus entrainantes, cette chanson est extrêmement bien interprétée.
Eddy de Pretto annonce ensuite qu’il va faire une des quatre nouvelles chansons de sa réédition de Cure, Culte. Sortie depuis à peine deux semaines et, passée relativement inaperçue, chacun crie sa préférence. L’audience bordelaise suit donc bien assidûment l’artiste. Ne laissant pas le temps à la salle de faire un vote, il entame Sensible, un titre à l’instrumentale légère parlant de la carapace qu’il a dû se construire face aux critiques qu’il a subies.
Il enchaine avec la Jungle de la chope, sortie dans son tout premier EP Kid en 2017. S’en suit un instant bien plus calme et émouvant sur Honey, avec toute la salle du Rocher éclairée aux lumières de nos téléphones à la demande du chanteur, peut-être pour l’aider à retrouver Honey caché dans le noir.
Il reprend avec Grave, un nouveau titre également issu de Culte, au discours déculpabilisant, appuyé d’exemples crus mais qui traduisent la volonté de l’interprète de faire cesser le tabou de la sexualité entre deux hommes.
Après un Quartier des lunes intense, et une Fête de trop entrainante, l’artiste s’éclipse quelques minutes pour revenir face à un public encore plus déchainé. On refuse d’admettre que la fin du concert est proche. Il parvient cependant à légèrement apaiser la salle avec Rue de Moscou mais l’ambiance repart de plus belle dès les premières notes de Kid. Parfaite pour un rappel, Eddy de Pretto donne tout sur ces derniers instants de partage avec le public, inépuisable. Il terminera finalement le concert bordelais avec Comme ça, issu de Culte.
Il est 22h45. Pendant ce concert d’1h30, on a vu un Eddy de Pretto sans filtre, qui nous a livré ses chansons aux paroles fortes parlant de ses propres expériences. Car oui, telle est la force de ce jeune artiste : être capable de faire danser les foules, tout en les faisant sérieusement réfléchir sur un grand nombre de sujets de société : homosexualité, patriarcat, éducation stéréotypée et sentiment d’incompréhension.
Maïlys & Mathieu