Il est 20h45, nous allons passer notre soirée de la Saint-Valentin à la Rock School Barbey, salle au coeur de Bordeaux, pour la Barbey Indie Club.
Le temps de prendre un verre et le premier groupe Siz entre sur scène. Nous embarquons à 21h dans un train vers une destination inattendue. Les quatre hommes bordelais nous transportent dans leur univers rock et grunge. Dès le premier titre les sonorités rock font déjà saturer les enceintes. La couleur est annoncée. Le train fait une escale station de l’amour, Saint-Valentin oblige, pour un titre. Cette thématique abordée par le groupe contraste avec leur style métalleux bien prononcé.
Le voyage se poursuit sous des lumières allant du bleu au rouge, les guitares résonnent dans nos oreilles, si bien que nous avons du mal à entendre la voix du chanteur. Le groupe passionné est assez réservé sur scène, ce qui n’empêche cependant pas la salle bien remplie à les suivre. Nous poursuivons ainsi le trajet avec les bordelais au fil des titres mêlant sons calmes, à la limite du psychédélique, et sons rock grunge presque métal.
Notre voyage s’achève après une dizaine de chansons au “Terminus” à 21h40. Sylvain Palis et ses cheveux rouges flamboyants accompagné de Julien, Thoineau et Rémi nous ont finalement joué des morceaux très différents de leur titres enregistrés, ce qui était d’ailleurs intentionnel nous ont-ils confié à la fin du concert.
Après une petite pause cigarette durant laquelle nous avons eu la chance d’échanger quelques mots avec Siz, Warmduscher monte sur la petite scène de la Rock School à 22h15. Une centaine de personnes est maintenant présente pour voir ce qui s’annonce être un véritable show. Leur look est assez déstabilisant au premier regard, sans cohérence apparente entre les différents membres. Si Clams, le chanteur, porte un jogging avec un chapeau de cowboy et des lunettes de soleil, Adam affirme plutôt un style années 1970. Ils sont quatre artistes sur scène : un batteur, un bassiste, un guitariste et un chanteur. Malgré la tendance un peu psyché qu’on retrouve dans leurs deux albums, il n’y aucun synthé sur scène, ce qui nous a semblé un peu surprenant. Le plus surprenant reste tout de même le second micro de Clams. Grâce à celui-ci, il enregistre sa voix et cela lui permet de jouer avec elle via différents effets sonores, ce qui donne à la même chanson plusieurs aspects parfois complètement déjantés.
Le groupe, mi-américain mi-londonien, nous envoit ses titres aux sonorités acid house, psyché blues voire post punk. Passant de “Whale City” (titre issu de l’album éponyme sorti en 2018) à “1000 Whispers”, beaucoup plus calme, faisant penser à “I Wanna Be Yours” des Arctic Monkeys, le groupe nous dévoile son entière maîtrise musicale. En effet, chaque musicien appartient à d’autres groupes en plus de Warmduscher. Notamment deux artistes, le batteur, Jack Everett ainsi que le guitariste, Adam J Harmer, qui viennent du groupe The Fat White Family. Nous pouvons sentir l’expérience de chaque membre et toute leur complicité. Clams apporte un véritable charisme sur scène, que les autres accompagnent naturellement. Ils nous emportent avec leur touche loufoque et illuminée.
Clams communique beaucoup avec le public et met une ambiance très extravagante dans toute la salle tant il est désinhibé. Il n’hésite pas à passer plusieurs minutes à présenter chaque membre du groupe sous le riff de basse très agréable de “I Got Friends”. Vers 22h50 ils annoncent leur dernière chanson mais le public ne veut pas les laisser partir si tôt. Eux non plus ne souhaitent pas encore nous quitter et entament leur final sur le territoire bordelais, qui nous laissera tout de même légèrement frustrées. Effectivement, le concert n’a duré que 40 minutes malgré les deux albums à leur actif : Whale City de 2018 et Khaki Tears de 2015.
Quelques membres du public dont nous avons fait partie ont eu la chance de pouvoir aller parler à Warmduscher, dans leur loge qui plus est. Entre deux conversations sur l’industrie musicale, ils nous ont expliqué le fonctionnement de leur groupe. En effet, Clams gère la programmation, il est en quelque sorte le tour manager, si bien que les autres membres sentent qu’ils lui doivent beaucoup et le respectent énormément. Le guitariste nous confie également combien il est difficile pour eux de vivre de leur art. Ils ont beau être signés dans deux labels différents, ils ont toujours besoin de certaines aides de l’Etat pour subvenir à leurs besoins, car leur rythme effréné et irrégulier les empêche de trouver un travail stable. Vivre de sa passion est donc très enrichissant mais peut aussi se révéler assez difficile dans la vie quotidienne.
Nous nous sommes aussi penchées sur le nom du groupe, Warmduscher, qui semble ne pas être adéquat pour des anglophones. Cette appellation allemande provient d’un de leur amis proche, qui leur a confié avoir la sensation de prendre une “douche chaude” en les entendant jouer. Ce nom décalé correspond bien à l’image du groupe une fois que l’on connaît sa signification.
En conclusion, les concerts se sont révélés totalement différents de ce à quoi nous nous attendions en arrivant. Nous avons pu redécouvrir les groupes, voir toute l’étendue de leurs univers si particuliers. Mais surtout, nous avons pu profiter de deux très bons concerts de rock comme nous les aimons.
Maïlys & Suzanne