Il est 20h30, nous pénétrons dans l’enceinte d’un Krakatoa bien rempli. Nous arrivons juste à temps pour assister à la performance d’Obsimo, jeune producteur bordelais qui fait partie de la pépinière du Krakatoa depuis le début de l’année. Nous nous en doutions, le style très mélodique auquel des voix sorties d’outre-tombe s’ajoutent nous plonge directement dans l’ambiance de la soirée et nous prépare comme il se doit à Thylacine qui arrivera à 21h30 précises. Nous aurions cependant bien aimé profiter de la musique entêtante d’Obsimo un peu plus longtemps puisque son concert accompagné de Vjing s’est arrêté dès 21h15.
Nous avons néanmoins pu entendre “Faceless” titre phare d’Obsimo, ainsi que quelques autres pépites que vous pouvez écouter sur ses réseaux sociaux, on ne regrette rien !
Après Obsimo, un silence impatient s’installe dans la salle désormais comble du Krakatoa, et les quelques techniciens venus assurer la transition s’affairent. Nous voyons alors apparaître plusieurs éléments qui retiennent l’attention de la foule : d’abord, le matériel qu’utilisera l’artiste pour jouer ses titres en live, un saxophone nonchalamment posé à côté de ce bazar, ainsi qu’une étrange structure composée de six grands écrans indépendants les uns des autres. Nous pouvons d’ailleurs noter que les instruments électroniques sont orientés vers la foule pour que nous puissions tenter de décrypter (souvent en vain) les mouvements de l’artiste.
Après cette attente éprouvante, le jeune Thylacine se fraie enfin un passage sur la scène presque en courant et entame le concert sans dire un mot : une intro nette, un brin orchestrale, qui pose parfaitement les bases de tout ce qui va suivre. En effet, une grande partie du public imaginait pouvoir en découvrir plus sur l’univers Electronic House de Thylacine qui a très récemment sorti un album.
S’enchaînent donc les rythmes électroniques et les mélodies envoûtantes que nous apprécions particulièrement chez Thylacine : l’intro prend fin, le public est monté à bord, prêt au voyage. L’artiste nous salue, cela fait trois ans et demi qu’il n’était pas monté sur une scène bordelaise. C’est dans une excitation émue que le concert peut commencer. Le train, ou plutôt la caravane, démarre, et nous voilà partis pour un long voyage dont la première étape est “Purmamarca” un morceau accompagné des images de son road trip en Argentine pendant lequel il a composé son album.
Les six écrans de la structure se sont illuminés pour montrer des extraits de son voyage, animés en rythme avec la musique électronique que délivre tranquillement l’artiste penché au-dessus de ses machines. Par la suite, nous avons pu reconnaître d’autres morceaux de son nouvel album, tels que “Volver”, un mélange calme d’électro bien rythmée et de saxophone joué en live par Thylacine, ou l’électrique “Condor”, durant lequel la température a grimpé de quelques degrés.
Si le public bordelais a parfois du mal à se mettre dans le bain lors d’un concert du même type, il est clair qu’une demi-heure après le début personne n’a résisté à l’envie de bouger en suivant aussi bien les diverses mélodies que les drums percutants. A ce sujet d’ailleurs, il convient de dire que la musique de Thylacine n’était pas forcément le seul élément qui a animé le public : le lightshow était tout à fait hypnotisant. En effet, les six grands écrans du décor, modulables à souhait, étaient équipés de barres LED, de spots et d’une quantité de petits éléments qui visaient à sublimer les images diffusées. En bref, une scénographie qui n’avait rien à envier à la musique extrêmement travaillée de Thylacine.
Vers la moitié du concert, Thylacine reprend le micro et montre son enthousiasme envers le public bordelais, dont la réputation n’est généralement pas la plus flatteuse.
Devant cet enthousiasme sincère, nous prenons conscience que c’est un moment assez spécial auquel nous avons la chance d’assister, car le producteur angevin revient de très loin pour nous livrer des morceaux aux mélodies puissantes et intimes. C’est le seul moment où l’artiste se livre complètement à son public, et sort de sa caravane pour se confronter au monde extérieur. Au milieu de ce champ d’écrans, Thylacine ressemble presque à un cosmonaute aux commandes de son puissant vaisseau, capable de transporter le plus exigeant des voyageurs.
[ROADS Vol.1]
Pour revenir sur le nouveau disque dont il a été question, cette tournée semble avoir comme vocation la promotion de ROADS Vol.1, un album enregistré grâce à un studio itinérant (une caravane sacrément bien bricolée) autour de l’Argentine pendant plus d’un mois. On y retrouve des influences multiculturelles, et une volonté de saisir l’instant présent et toute la majesté des lieux qu’a pu traverser la caravane. Tout se joue donc entre les teintes orangées du désert argentin et les sourires des populations locales, parties prenantes de ce projet. En somme un album riche en émotion et qui dépeint en musique ce qu’a vécu l’artiste sur place. Nous notons d’ailleurs ce sournois “Vol.1” qui suggèrerait sa volonté de repartir sur les routes pour nous concocter un autre album, en tous cas nous espèrons !
Joséphine & Bastien.