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Les Beatmakers aka les hommes de l’ombre

Au sens propre et profond du terme, c’est un « faiseur de sons », une personne qui crée des « beats ». Ce sont des rythmes différents qui, une fois assemblés donnent naissance à un morceau, aussi appelé une « prod » qui sont généralement utilisés pour ensuite qu’un artiste ou qu’un groupe pose leur voix dessus pour composer la musique finale.

Beatmaker, c’est quoi ? C’est quelqu’un qui crée des beats qui va créer de la musique sur son ordinateur plutôt moderne comme le hip-hop, les musiques électroniques, mais ne va pas écrire cette musique, il n’aura pas besoin de réelles connaissances théoriques musicales à la différence du compositeur qui lui pour écrire sa musique va se servir du solfège, d’une notion d’harmonie musicale. Le Beatmaker va quant à lui pouvoir utiliser des samples (ce sont des extraits musicaux tirés d’un ou plusieurs morceaux déjà existant qui vont être réutilisés pour fabriquer un nouvel ensemble musical).

Le rôle de producteur a deux définitions possibles. La première qui va être la personne, le groupe ayant investi une certaine somme d’argent sur un ou des artistes et ayant pour objectif de récupérer et de maximiser son investissement, il est en charge du côté marketing et économique dans le monde de la musique. Mais il y a aussi la définition que l’on rapproche plus de celle du Beatmaker, celle de réalisateur artistique ou « music producer » où dans ce cas, cette personne aidera l’artiste dans ses sessions d’enregistrements en studio à avoir un rendu le plus parfait possible. 

À leurs débuts, les Beatmakers n’étaient pas forcément mis en avant sur la scène musicale. Nés avec les Djs dans les années 70, les Beatmakers ont pour habitude de créer puis de voir des rappeurs reprendre leurs prods pour poser leurs voix dessus. À cette époque, les samples sont très souvent assimilés aux riddims du Reggae. Et c’est avec le temps que la reconnaissance du Beatmaker va finir par voir le jour. Ils ont très longtemps été laissés de côté par beaucoup de rappeurs, artistes et même par le public car ils les assimilaient à des « des assembleurs de sons » et pensaient qu’il n’y avait rien de sorcier, aucun talent à avoir pour réaliser une belle « prod », qu’ils n’avaient juste à prendre des samples différents et de les assembler, d’où leurs surnoms « d’assembleurs de sons ». 

La guerre pour être mis au même rang, sous la même lumière que les autres artistes ne s’est pas arrêtée là et les écarts ont continué à se creuser. Les rappeurs continuaient à voler peu à peu le travail des Beatmakers pouvant parfois bafouer leurs droits d’auteurs, ils pouvaient attendre longtemps avant de percevoir ne serait-ce qu’une partie de la rémunération de leur travail et ils étaient aussi souvent victimes de plagiat. Comme on peut le voir, leurs places d’hommes de l’ombre n’a donc vraiment pas grand-chose d’enviable. 
C’est à l’heure d’aujourd’hui un travail totalement irrégulier. En effet, ils jouent quotidiennement à ce qu’on pourrait appeler une loterie, un jour BediBoom (artiste inconnu) va vous payer 300 € pour obtenir une de vos productions et va faire peu de vues puis le lendemain, ce sera Desiinger, pour le même prix, obtiendra une prod et sera numéro 1 des ventes pendant une certaine période. C’est grâce à cet exemple qu’on voit que ce métier est totalement lié à celui des artistes qui vous paie pour votre travail, jusqu’à atteindre une certaine notoriété dans le milieu.

Mais nous pouvons voir aujourd’hui que des Beatmarkers sont devenus rappeurs et inversement des rappeurs sont devenu Beatmakers mais ils peuvent aussi bien évidemment être les deux en même temps et c’est même très souvent le cas. Il y a des exemples très connus comme Dr.Dre et Kanye West qui changent de casquette quand bon leur semble, mais il existe aussi des groupes tel que The Alchemist. Avec l’évolution et l’expansion de la musique, particulièrement le Rap et le Hip-hop, les Beatmakers ont connu une ascension importante et sont désormais mis devant les projecteurs, parfois même plus que les rappeurs eux-mêmes. Nous avons pu voir la sortie de plusieurs projets de Beatmaker comme par exemple Le Gouffre dans son projet Marche Arrière qui a invité 69 rappeurs comme Niro, Hugo TSRAlkpote par exemple. C’est ici qu’on voit une sorte de retournement de situation avec l’ancien temps.


Les Beatmakers avaient besoin d’une identification, d’une marque à eux sur leurs prods pour qu’on puisse les reconnaître juste en écoutant les samples, pour qu’ils puissent gagner peu à peu le devant de la scène et avoir une vraie reconnaissance. C’est là qu’on a pu voir l’apparition d’auto-tag en début de prod des Beatmakers, le fameux « Dj Khaled » de Dj Khaled ou « Metro Boomin want some more nigga » de Metro Boomin. Ces deux tags systématiques en début de prod des Beatmakers sont devenus des paroles à part entière, des musiques, mais aussi des débuts de musiques cultes . Cela permet alors aux producteurs d’avoir une certaine reconnaissance et de ne plus avoir de problème de droit d’auteur ou de plagiat. Mais c’est également devenu un gage de qualité pour les rappeurs d’avoir ces tags aux débuts de leurs sons et cela peut permettre de faire décoller une carrière (pour une certaine somme si vous voulez vous offrir les services de Beatmakers reconnus).

Les Beatmakers sont aujourd’hui, nous pouvons le dire, devant les projecteurs, au même rang que les artistes. Que ce soit en France ou dans le monde, les samples et les prods ont évoluées en même temps que les styles musicaux, surtout le Rap avec la Trap qui a permis et donner la chance à un très grand nombre de Beatmakers de pouvoir se frayer un chemin et faire une place dans ce milieu, avec parfois une grosse carrière qui allait suivre. Nos Français commencent à réellement se faire un nom, on peut retrouver Ikaz Boi qui a le mérite d’avoir travaillé sur des projets avec Damso et 13 Block par exemple, nous avons Pyroman qui est à l’origine de la création des deux tubes Réseaux de Niska et MwakaMoon de Damso et Kalash mais aussi des stars internationales telles que A$AP Rocky, Playboi Carti, c’est très certainement le Beatmaker Français avec le plus de notoriété à l’heure actuelle.

Enjoy & Stay Tuned.

Louis Drujon

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