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Coup de projecteur : Kaytranada

La semaine passée, le musicien, producteur et DJ Kaytranada a remporté pour la première fois de sa carrière 2 Grammy Awards dont celui de « meilleur album éléctronique » pour son dernier projet “Bubba”. Aujourd’hui, Start It vous propose de revenir sur l’évolution musicale de cet artiste avant-gardiste.

Un chemin non sans embuche

Et oui, bien qu’il ait été cette année nominé dans la catégorie « Best New Artist » de ces mêmes Grammy’s, l’artiste est loin d’être nouveau dans le milieu. En réalité, Louis Kevin Celestin de son vrai nom s’essaie à la musique électronique depuis ses 14 ans. À l’époque c’est son frère, le rappeur Lou Phelps, qui l’initie aux logiciels de montage et tous deux forment alors le groupe The Celestics en 2011. Ce n’est pas le mot succès qui qualifierait au mieux le premier projet du groupe Massively Massive seulement Louis Kevin ne perd pas espoir. Le désormais nommé Kaytradamus, jeu de mot inspiré par l’album Nastradamus de Nas, montre l’étendue de ses talents en postant un EP de morceaux originaux sur Bandcamp. Des titres comme I fall for you laissent alors déjà transparaître des influences comme Daft Punk.

Dans le même temps, il va être approché par le label HW&W Recordings. L’artiste canado-haïtien va alors changer son nom de scène en Kaytranada pour éviter les confusions avec le DJ Flosstradamus et mettre en avant sa nationalité (K-anada). En parallèle, le musicien se lance à cette époque dans la confection de remix postés sur Soundcloud. Il revisite à cette époque des morceaux qui ont bercé son enfance et les décennies passées. En octobre 2012, son remix de If de Janet Jackson va jouir d’une visibilité inattendue qui fera alors parler de lui. Très vite, son nombre d’abonnés sur la plateforme grandit alors à près d’un million. Les influences disco et trap de l’artiste commencent dès lors à intéresser un public qui se densifie.

https://soundcloud.com/kaytranada/janet-jackson-if-kaytranada

Une initiation à la reconnaissance

En 2013, Kaytranada refuse de faire retomber l’engouement reçu par ses remix. Son EP Kaytra Todo signé chez HW&W permet d’ailleurs d’officialiser son nouveau nom. Seulement, son accueil par le public n’est pas aussi grandiose qu’il l’espérait. Il participe donc à des DJ Sets de Boiler room pour assoir ses talents de DJ devant un public. Il sera particulièrement remarqué lors de son DJ set de décembre 2013 à Montréal, sa ville d’origine. À tel point qu’il signe dès 2014 un contrat chez XL Recordings, le label de ses rêves. À partir de là, Kaytra va jouir d’un réseau qui lui permet d’étaler ses talents comme il le montre avec son premier single signé sur le label : le très efficace Leave me Alone.

Pendant les deux années suivantes, le producteur se concentre alors sur la création de son premier album studio. Pour autant, il continue d’assoir sa réputation et son style musical puisqu’il est même invité à ouvrir quelques dates de la tournée de Madonna en 2015. Il collabore avec nombre d’artistes et réalise même un second projet commun avec son frère. Cependant, c’est en mai 2016 qu’il livre son premier album studio 99.9%.

Le succès de l’expérimentation

Dès sa sortie, l’album jouit de la reconnaissance des critiques. L’artiste a su s’entourer d’artistes comme Vic Mensa, AlunaGeorge ou Anderson. Paak collant totalement à l’esthétique musicale qu’il souhaite alors porter. Cette esthétique va même jusqu’à se voir sur la couverture de l’album réalisé par Ricardo Cavolo. L’artwork laisse transparaître l’énergie colorée d’un album oscillant entre bizarreries électroniques et rythmes entêtant. Il y abat des barrières entre genres musicaux et y regroupe jazz, house, hip hop, blues et disco. Son travail est alors récompensé d’un prix Polaris, le qualifiant alors de meilleur album canadien de l’année 2016.

Après ce succès, l’artiste ne s’est arrêté de produire des contenus musicaux. De sa participation au projet At What Cost de Goldlink au morceau cheesy et dansant Sweet F’in Love d’Alicia Keys, Kaytra continue d’expérimenter. Il pose même sa voix sur le projet Damn. de Kendrick Lamar sur le titre LUST.

Un second album qui sonne comme une consécration

Trois ans après 99.9%, Kaytranada revient avec BUBBA un album reflétant une nouvelle fois l’identité musicale qu’il revendique. Cette fois encore il propose des instrumentales groovy qui poussent l’auditeur à se lever pour danser. Il s’entoure cette fois-ci d’artistes de renom ou en devenir. Au programme, on retrouve Pharrell Williams, Estelle, Tinashe ou encore SiR. Pour lancer l’album, il retrouve Kali Uchis, étoile montante de la scène R&B actuelle autour du titre 10%. Un choix qui paye puisqu’il est aujourd’hui récompensé du Grammy Awards de “meilleur enregistrement dance”.

Finalement, si l’heure est à la consécration pour Kaytranada, cela semble mérité. Après des années d’acharnement pour voir son art valorisé, l’artiste peut enfin apporter sa pierre à l’édifice. En effet, il est maintenant en capacité de présenter une nouvelle facette de la musique électronique alliant pourtant des mouvements passés. Aujourd’hui, Kaytranada peut à son tour servir d’influence pour les producteurs à venir à l’image de ceux qui l’inspiraient.

Augustin Chassang

Enjoy & stay tuned.

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