Start It

Beyonce sings the U.S. National Anthem as President Barack Obama listens during swearing-in ceremonies on the West front of the U.S. Capitol in Washington (Photo by Brooks Kraft LLC/Corbis via Getty Images)

L’aversion pour le playback dans la musique

Pratique particulièrement populaire dans les années 2000, le playback se défini comme une technique de synchronisation labiale (lip-sync en anglais) qui consiste pour un artiste à prétendre chanter ou jouer d’un instrument alors qu’il s’agit en réalité d’un préenregistrement. Si l’usage du playback reste relativement courant dans l’industrie musicale, nombreux sont les auditeurs à décrier cette pratique. De fait, les compilations vidéo d’artistes pris en flagrant délit de playback abondent sur internet et suscitent de vives critiques de la part des internautes. Mais pourquoi une telle défaveur envers le playback, et surtout, pour quelles raisons est-il encore utilisé par les artistes, pourtant conscients de son impopularité auprès du public ? Start It tente d’y répondre pour vous.

Pourquoi faire usage du playback ?

Avant toutes choses, il est important d’énoncer les diverses raisons pour lesquelles les artistes sont amenés à chanter en playback.

Soulignons dans un premier temps que certaines performances scéniques impliquent une performance physique. En effet, il n’est pas rare chez les artistes pop d’allier chant et danse lors de leurs représentations. Or, fournir une prestation vocale de qualité tout en dansant est un exercice considérablement ardu. En 2016, la chanteuse Ariana Grande s’y est risquée pour sa performance aux MTV VMAs sur Side to Side et a essuyé de nombreuses critiques suite à son manque de souffle.

Ainsi, les artistes sont souvent amenés à réaliser des compromis concernant leurs prestations. Pour livrer au public un show « à l’américaine » et un spectacle vivant à part entière, ils n’ont parfois d’autres choix que de faire appel au playback.

Beaucoup critiquée pour son usage du lip-sync, Britney Spears s’était exprimée à ce sujet auprès de la presse télévisée israélienne il y a quelques années : « Beaucoup de gens disent que je ne chante pas en live, c’est parce que je danse tellement… Il y a un peu de playback, mais c’est un mélange entre ma voix et le playback ».

Le playback est également utilisé dans le cadre de performances vocales difficiles et très travaillées en studio. En effet, les chanteuses à voix réalisent par exemple des vocalises complexes qui demandent généralement de nombreux essais lors de l’enregistrement d’un titre. A noter que certaines fois le résultat final correspond d’ailleurs à un montage de plusieurs prises. Lors de concerts de plusieurs heures et sur plusieurs jours dans le cadre d’une tournée, il est alors difficile pour l’interprète de reproduire à chaque fois un tel résultat. Le playback permet une économie de voix pour les artistes, leur permettant d’assurer la pérennité de l’ensemble de leurs concerts.

Autre cas de figure : le playback forcé. En effet, certains plateaux télé exigent de la part des artistes de chanter et/ou de jouer en playback à cause de contraintes techniques. En 2009, une émission télévisée italienne a imposé au groupe Muse une prestation en playback. Les trois membres du groupe ont alors décidé d’inverser leurs rôles (le chanteur à la place du batteur, le bassiste à la place du guitariste et le batteur à la basse et au chant).

Le playback : une pratique qui dérange

Dans le cadre de concerts, il est légitime de se demander s’il est acceptable que certains artistes fassent du playback alors que le public paie pour les voir chanter. Comme il a pu être démontré précédemment, un concert n’est pas seulement synonyme de “chant” mais également de “divertissement”. Certes, il apparait comme immoral de la part d’un artiste de livrer un concert entièrement en playback, mais compte tenu de sa performance scénique globale, il semble admissible que certaines chansons soient préenregistrées.

Là où le playback dérange également, c’est par le fait qu’il démystifie l’artiste, ses compétences et son talent. Le principal reproche attribué au playback est qu’il serait, selon ses détracteurs, à la portée de tout le monde. Suivant cette logique, n’importe qui aurait les capacités d’assurer un show de grande envergure, or, c’est loin d’être le cas. Ce reproche concernant la légitimité des artistes avait notamment été érigé à l’encontre de l’autotune il y a quelques années.

A travers la question de l’usage du playback, se pose celle de ce qu’est finalement une bonne performance scénique. Si certains affirmeront que le chant prime sur tout autre facteur, d’autres diront que l’art du « show » émaillé par la danse, les lumières et les effets pyrotechniques, passe en priorité. Au bout du compte, il est difficile pour un artiste de satisfaire l’ensemble d’un public disparate et exigeant qui attend généralement d’une performance live qu’elle réponde aux codes de « l’entertainment » tout en étant fidèle à la version studio, le tout sans faire usage du playback.

S’il y a bien une chose à retenir, c’est que l’utilisation du playback n’implique pas nécessairement le manque de talent.

Enjoy & Stay Tuned.

Eva Rozand

partager

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur print
Partager sur email
Vous aimerez aussi
Plongeon dans l’univers de Lana Del Rey, l’icône nostalgique
Vultures 1, par Kanye West et Ty Dolla $ign
LutherTour 24 : Luther retourne le Rocher.