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Le Boom Bap : ce style intemporel

Avant de revenir sur son évolution dans le temps, il est important de préciser ce qu’est le Boom Bap. Le Boom Bap est un style de musique issue du rap new yorkais datant de la fin des années 80’s. Cela en fait donc l’un des styles de rap les plus vieux, pourtant il n’a pas pris une ride. Voyons pourquoi.

Des années 1990 aux années 2010 : quelle place pour le Boom Bap

L’influence des États-Unis a toujours été très présente dans le rap français. Au début des années 90’s, des groupes comme le Wu-Tang-Clan ou encore Mobb Deep ont servi d’exemple pour bon nombre de rappeurs français de l’époque. Jusqu’aux années 2000, c’est donc le boom bap qui prédomine de façon assez naturelle dans l’univers du rap français. Peu à peu, les instrus changent, deviennent plus rapides et saccadées laissant de côté les samples et le rythme lent propres au boom bap.

Le Wu-Tang-Clan

Dix ans sont passés, la crise du disque a touché de plein fouet l’industrie du rap qui, à part certaines exception (Booba, La Fouine ou Diam’s), n’a pas fait émerger de stars nationales. C’est alors qu’arrive une nouvelle génération, bercée toute leur enfance par des groupes de rap français des 90’s comme Les Sages Poètes de la rue, Lunatic ou encore IAM. C’est assez naturellement qu’ils commencent alors par remettre cette esthétique New-Yorkaise au gout du jour. Cette nouvelle génération dans les années 2010 est centrée sur l’Entourage autour duquel de nombreux rappeurs gravitent comme Lomepal, Caballero, Fixpen Sill, S.Pri Noir pour ne citer qu’eux. Le succès de cette nouvelle génération est sans appel, emmené par un Nekfeu qui conquit tout le monde, la critique comme le grand public. 

Au fil des années 2010, la trap arrive en France et s’installe progressivement comme le style référent dans le rap français.

Comment expliquer le retour à la mode du Boom Bap depuis 2020 ?

Comment parler de la renaissance du boom bap sans mentionner Benjamin Epps ? Le rappeur gabonais de 26 ans fait son apparition dans l’écosystème rap français fin 2020. Il surprend directement le public en assumant une esthétique new-yorkaise old school mais qui sonne très moderne. Influencé notamment par Griselda qui cartonne aux États-Unis sur ce segment, Benjamin Epps séduit assez rapidement la critique. Il enchaine les interviews chez Grünt, AppleMusic ou encore Konbini ce qui l’installe comme une étoile montante à suivre de près. Les artistes ne s’y trompent pas et ne manquent pas de solliciter l’artiste gabonais. On peut notamment compter Sam’s, Zesau, Dinos et 404 Billy parmis les featurings de l’artiste depuis 2 ans. Il ne devrait pas tarder à sortir son première album qui le fera surement passer un cap supérieur en termes de notoriété.

Colors de Benjamin Epps

L’insolence et l’esprit de compétition de Benjamin Epps semble avoir poussé ses comparses à la compétition. Caballero et JeanJass d’abord, qui ont sorti projet BommBap exclusivement en vinyle : Zushi Boyz. Un coup marketing de ce type aurait été compliqué il y a 4-5 ans alors qu’aujourd’hui cela parait être une très bonne stratégie. Leur vinyle édité a 1500 exemplaires se revend aux alentours de 600 € sur Ebay.

Dans ce même esprit de retour au bases, Di-meh a annoncé un EP boom bap entièrement produit par JeanJass (encore lui), ce qui a totalement ravi ses fans. De même pour Zeu qui a surpris sa fan base en dévoilant “Flow Al-Assad Bachar“, un son boom bap dans son dernier projet Boss’s Orders.

Cependant, pour tous ces artistes il n’est pas étonnant de les écouter sur ce style de rap de manière épisodique car on sait qu’ils ont commencé de cette manière au début des années 2010.

Pour d’autres artistes plus jeunes, faire un morceau bombap peut être un moyen de gagner en crédibilité. Lorsque des drilleurs comme Ziak ou 1Pliké140 font des sons Boom Bap c’est parce qu’ils savent que cela va améliorer leur image auprès de leur potentiel public. Faire un son Boom Bap peut aussi être l’occasion pour des rappeurs de prouver qu’ils savent rapper de manière classique, même s’ils se sont affranchis de ces codes aujourd’hui. C’est le cas de 8ruki qui avait sorti un freestyle en reprenant l’instru de “Nas is like”. En voyant, l’engouement de son public, il avait alors organisé un concours de prods en donnant ses a capella pour que le morceau figure finalement sur Green Lobby Edition 2Luxe.

Bien que l’esthétique boombap ait toujours été présente dans le rap, on constate depuis 2 ans qu’elle revient sur le devant de la scène. Par pure nostalgie, par recherche de crédibilité ou encore pour prouver que l’on n’est pas imposteur, les raisons sont multiples, mais force est de constater que ce style est redevenu bankable.

Enjoy & Stay Tuned.

Eugène Hayaud

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