Depuis son avènement, le rap divise. On le voit très clairement, le genre se transforme : trap, zumba, drill, boombap… En bref, tout le monde peut y trouve son style. Il s’est ouvert à toutes les cultures et toutes les cultures s’y adonnent. Grâce à cela, un auditeur passionné a largement le droit à un nouveau projet chaque semaine. Il y aurait-il plus de libertés au niveau des publications aujourd’hui ?
Oli disait sur La vraie vie, morceau extrait de l’album éponyme parut en 2017 « Ils sortent un album tous les 6 mois, je sors un classique tous les deux ans ». Est-ce que ce sont vraiment les attentes du public aujourd’hui ? Le phénomène des EP n’est-il pas favorisé ? EP, album, mais que faut-il privilégier ?*
- La différence entre en album et EP
Le Larousse, présente l’album comme « une production musicale comportant généralement plusieurs morceaux formant une unité artistique, éditée en disque, CD ou cassette. » Le groupe nominal « unité artistique » est celui qui fait le plus sens dans cette définition. L’album doit suivre un fil rouge dans sa conception. L’artiste doit vraiment entraîner l’auditeur dans son univers. Pour illustrer cela, on pense notamment aux deux dernières réussites de Laylow avec Trinity et LHDMA.
Un extended play (ou EP) est un genre de projet en vogue dans le rap français. Moins long qu’un album, il permet aux artistes de proposer des formats plus décousus, où les meilleurs morceaux de l’artiste sont mis en valeur. La sortie des « mini-albums » se fait en général à des intervalles plus réguliers.
2. Pourquoi voit-on beaucoup plus d’EP sortir que d’albums ?
Tous voient l’album comme le Graal artistique. Sortir son premier album est la consécration pour n’importe quel artiste, un signe d’accomplissement. Mais l’album à un coût de production important par rapport à un EP. Il y a un beaucoup plus gros travail de recherche en amont qui peut donner lieu à de nouvelles dépenses. Avec les coûts dont on a parlé, l’album doit être voué à la réussite.
L’EP est donc aujourd’hui le meilleur compromis pour un artiste. Il sert à montrer son style au public, de manière libre et instantanée. Sur un EP, on est plus libre de tester et de voir comment le public accueille l’œuvre. On développe son identité, on peut prendre des prises de risques (en tout cas plus que sur un album).
Aussi, on met dans l’EP les morceaux qu’on préfère, et ça, c’est important. C’est important parce que ce n’est pas tout le temps le cas dans les albums. On demande à un album d’être varié et d’avoir de bonnes transitions musicales. Cela oblige parfois à avoir des morceaux moins bons, mais qui suivent la continuité de l’album. On pense notamment à « POUR CELLES » d’Alpha Wann, bon morceau, mais nettement en dessous du reste de l’album.
Et finalement, faire des EP c’est aussi la possibilité de sortir des projets plus impromptus, quand l’artiste est satisfait de son travail.
- 3. Alors EP c’est oui ou c’est non ?
Carrément ! On aime le rap pour sa pluralité et cela laisse place aux artistes émergents. On a aussi le droit à plus de projets, et en tout genre. On aime aussi ce côté plus court, plus facile à écouter. On peut plus se concentrer sur tous les titres. Le problème de certains albums est que certains très bons morceaux passent aux oubliettes dû à la longueur du projet. Écouter un EP, c’est aussi plus de liberté dans l’écoute. Quand il y a un sens à l’album, on aime l’écouter d’une traite et comme un film : de l’intro à l’outro, réflexion moins présente sur un EP
Bref, les EP c’est oui, mais ça fait tout de même du bien de temps en temps d’écouter des albums comme les JVLIVS de SCH ou les films-albums de Laylow. On y ressent une vraie réflexion, une vraie direction artistique. Ce sont ces choses qui peuvent marquer les auditeurs et qui les mènent à appeler un album : « classique ».
Enjoy and stay tuned
Gaspard Peugeot