Il est de ceux dont on ne connait pas le visage mais dont les classiques trouvent un écho dans toutes les oreilles du monde. Off the Wall, Thriller ou Bad pour ne citer que l’iceberg immergé, M.Jones (puisque l’on devrait tous l’appeler comme ça) est sans aucun doute l’un des plus grands producteurs de tous les temps. Véritable architecte horloger (le seul à exercer ce métier), il a participé à construire plus qu’un son, l’esthétique du époque. Sa carrière hors normes est le terrain d’expression de tous les superlatifs, que l’on pourrait résumer à travers son palmarès de 28 Grammy awards pour plus de 80 nominations. De ses débuts modestes dans les quartiers pauvres de Chicago au sommet de l’industrie musicale, Start it vous propose cette semaine de découvrir le parcours incroyable d’un pilier de la musique contemporaine !!!
Ses débuts
Aujourd’hui âgé de 90 ans, Quincy Delight Jones Jr de son nom complet est né le 14 mars 1933 à Chicago dans l’état de l’Illinois, d’un père charpentier et d’une mère employée de banque. Il connaît une enfance difficile marqué notamment par la pauvreté, la maladie mentale de sa mère qui finira par être internée et des déménagements à répétions. Et, ce n’est que lorsque son père s’installera dans une banlieue de Seattle que le jeune Quincy se découvrira une passion pour la musique en apprenant en autodidacte le piano et la trompette. En parallèle, en plus de ses études il exercera pour palier aux carences financières de la famille la profession de cireur de chaussures. Il fera à cette époque la connaissance d’un certain Ray Charles (rien que ça) avec lequel ils écumeront les clubs de la ville à la recherche de représentation. Par la suite, il fera partie de l’orchestre du jazzman Lionel Hampton puis s’occupera après quatre années de bons et loyaux services en la qualité d’arrangeur, de nombreuses figures de renom comme Canonball Aderley ou encore Count Basie. Il continuera d’évoluer jusqu’à devenir chef d’orchestre, ce qui lui permettra d’enregistrer son premier disque personnel sous le label ABC Paramount Records en 1956. En 1957, il s’installera à Paris où il travaillera sous la direction du légendaire Eddie Barclay en tant que “staff arranger” de son label où, tenez vous bien, il mettra son talent au service d’artistes tels que Jacques Brel ou encore Charles Aznavour. Néanmoins, l’heure n’est pas encore à la consécration ou au succès puisqu’en 1960 il formera un “big band” qui se soldera par un cuisant échec financier, ce qui l’affectera profondément.
Le lent sentier vers la réussite
A partir du début des années 60 marqué par son retour aux Etats-Unis, Quincy Jones va emprunter un chemin presque uniquement ascendant, long certes, mais constant. En effet, grâce à son ami Irving Green, fondateur du label Mercury, celui-ci va lui offrir une place au sein du dit label en tant qu’arrangeur et directeur musical et lui permettre d’avoir une situation stable, propice à l’expression de son talent. Il participera durant cette période à l’élaboration de dizaines d’albums pour des artistes d’envergure tel que Frank Sinatra, Barbra Streisand ou encore Nana Mouskouri. En outre, il deviendra même vice-président du label à partir de 1964. Par ailleurs, Quincy Jones ne se cantonnera pas seulement au 8ème art puisqu’il va peu à peu s’inscrire en tant qu’acteur à part entière de la culture américaine et notamment de la culture afro américaine, il participera à la composition de bande son pour des films, mais également à la productions d’émissions télévisées et, en tant que fervent défenseur de la communauté noire il soutiendra ardemment l’Institute for Black American Music. Par ailleurs, Quincy Jones ne travaille pas uniquement pour les autres mais enregistre également ses propres albums dont beaucoup contiennent de véritable pépites musicales qui ont été et sont des mines de samples pour tous les producteurs du rap game. Je vous met tout de suite un extrait :
La rencontre avec Michael Jackson
En 1974, Quincy Jones est victime d’une rupture d’anévrisme, ce qui l’empêche de poursuivre la musique pendant 6 mois. A la suite de cette période de convalescence, il se remettra intensément dans son travail et se lancera dans la direction musicale du film The Wiz réalisé par la maison de disque légendaire Motown. Là, sur le plateau de tournage il fera la rencontre d’un jeune artiste originaire de Gary dans l’Indiana, j’ai nommé Michael Jackson. Ce dernier est la recherche d’un producteur pour enregistrer son premier album solo, et c’est ainsi qu’a commencé la légendaire trilogie des meilleurs albums de tous les temps (en toute subjectivité objective). En 1979 sort Off the Wall, qui apparaît rapidement comme un classique, le projet inclut des titres intemporels comme Don’t stop til get enough, Off the Wall, I can’t help it ou encore Rock with you (et le riff légendaire de Rod Temperton). En parallèle de sa collaboration avec Michael Jackson, Quincy Jones continue son rôle d’arrangeur et d’artiste à part entière et sortira plusieurs classique comme l’album phare des Brothers Johnson en 1980 qui compte l’intemporel titre Stomp ! ou encore son album The Dude. Mais assez parler, la musique ne s’écrit pas, place aux morceaux !
Consécration
70 millions d’albums vendus, 37 semaines consécutives au top 1 du Billboard 200, 9 titres, 9 monuments de la pop, 1982… Les plus férus des années 80 auront sans aucun doute reconnu le plus grand album de tous les temps (au moins du point de vue de l’impact), à savoir Thriller. Cette album de tous les records marque réellement un tournant dans l’histoire de la musique contemporaine, rien ne sera plus jamais pareil. Tout dans cet album est démesuré : un budget de conception digne d’un film (750 000 dollars), une équipe de musiciens au sommet de leur art (Rod Temperton, membre du groupe légendaire Heatwave et père de tous les topliners), James Ingram, The Brothers Johnson entre autres). Des clips légendaires aux chorées iconiques, l’ambition de Micheal Jackson est claire, réaliser un album composé uniquement de tubes pour faire de lui : “la plus grande star du show-business et la plus riche”. Pas moins de 300 chansons ont été enregistrées pour l’album, et seulement 9 ont été retenues. En trois mots : un classique absolu.
Et bonus pour la route Gots the hots issue de la réédition du 40ème anniversaire de l’album
Après ce succès monstrueux, Quincy Jones et Michael Jackson enchaine en 1987 et sorte le dernier album de leur collaboration : Bad. Ce dernier chargé de l’immense tâche de succéder au meilleur album de tous les temps n’a pas démenti. L’album détient le record du plus grand nombre de morceaux n°1 dans les classements musicaux. Cette album est plus sombre et s’inscrit dans la continuité de l’imagerie développée par le morceau Beat It. Michael Jackson ne veut plus apparaître comme le gentil garçon de l’industrie et souhaite plus s’affirmer comme un bad boy, pour lequel il n’hésite pas à pousser sa voix dans des tonalités plus graves. Néanmoins, le projet aborde également des thématiques plus positives comme la paix dans le monde avec le titre Man in the Mirror. Ce dernier album de leur collaboration assurera aux deux personnages une inscription permanente au panthéon de la musique.
La suite
Après le succès phénoménal de Michael Jackson, Quincy Jones dispose d’une fortune confortable ainsi que d’un statut de légende du milieu peu désagréable. Il continue d’enregistrer des morceaux, de participer à des orchestres, il fera une apparition dans The Fresh Prince of Bel-air et sera le directeur du magazine Vibe, la revue hip hop de référence dans les année 90. En 1992, il recevra un Grammy legend award pour sa carrière. Aujourd’hui, Quincy Jones se fait plus discret mais apparait toujours de temps à autre comme sur l’album Dawn FM de The Weekend, où le temps d’une interlude on en apprend un peu plus sur sa jeunesse.
Conclusion
En conclusion, que dire si ce n’est que ce producteur, arrangeur, compositeur, artiste, business man et maints autres qualificatifs est un géant du 8ème art, dont le parcours se doit d’être connu.
Enjoy and stay tuned
Mendossa Picard