Start It

JPEGMAFIA

QUI EST JPEGMAFIA ?

Très peu de personnalités de l’industrie musicale actuelle peuvent rivaliser avec l’énergie chaotique et agressive de JPEGMafia. Peggy est un rappeur et producteur dont le style varié s’inspire de Kanye en passant par Ol’ Dirty Bastard, Radiohead, Björk et même Chief Keef. Il est devenu une icône de la contre-culture punk au cours des dernières années. Dans cette chronique, plongeons dans l’univers de l’un des artistes les plus intéressants de la scène américaine.

QUI EST JPEGMAFIA ?


De son vrai nom Barrington DeVaughn Hendricks, JPEGMafia est un rappeur et producteur américain née à New York. Il passe la majorité de son enfance à Flatbush, un quartier de Brooklyn diversifié autant sur le plan ethnique qu’économique, qui a produit de nombreux autres artistes comme Flatbush Zombies, Joey Badass et Bobby Schmurda. À ses 13ans, sa famille déménage en Alabama puis plus tard en Louisiane où il reste jusqu’à ce qu’il rejoigne l’armée de l’air à 18 ans.

Il y cherche une vie meilleure et essaie de trouver un moyen de sortir de ce qu’il appelle sur les réseaux sociaux « une enfance marquée par des violences sexuelles, verbales et physiques ». Même s’il produisait de la musique depuis ses 15ans, ce n’est qu’à son départ dans des pays étrangers avec l’air force qu’il utilise la musique pour s’exprimer.

Mais alors, comment Peggy est-il passé d’une carrière militaire à la création de chansons avec des titres tels que “I Just Killed A Cop Now I’m Horny” ?

SES DÉBUTS SOUS LE NOM DE DEVON HENDRYX

C’est en 2011, pendant son déploiement au Japon que JPEGMafia commence à faire de la musique sous le nom Devon Hendryx. Il joue dans de petites soirées pour promouvoir sa musique. Peggy a publié quatre mixtapes pendant son service militaire et chacune d’entre elles est une réflexion brute et lourdement atmosphérique sur l’état actuel de sa vie.

Sa dernière, THE GHOST~POP TAPE, est certainement la plus impactante. Sortie en 2013, la mixtape sera remasterisé en octobre 2023, pour le plus grand bonheur des fans.  Cette mixtape est remarquable pour l’utilisation de son et d’atmosphère qui était en avance sur son temps. Les sonorités peuvent être comparé à l’album Endless de Frank Ocean, qui est sorti près d’une demi-décennie plus tôt. Les paroles à peine audibles, la nature bizarre des titres des chansons, combinées avec les fonds ambiants vaporwave / r&b et des samples aussi bizarre qu’un match de WWE ou des sons pornographiques utilisés comme mélodie, l’ont rendu très inhabituel pour l’époque et encore aujourd’hui.

Après THE GHOST~POP TAPE, Devon a menacé de se suicider et a disparu du radar de sa petite base de fans. 2 ans plus tard, il reprend le flambeau sous le nom de JPEGMAFIA, avec la mixtape Communist Slow Jams.

La naissance de JPEGMafia

En 2015, Peggy a été libéré honorablement de l’armée, mais selon lui, l’histoire est un peu plus compliquée que cela. Après avoir quitté l’armée, Peggy s’est installé à Baltimore où il a pris le nom de JPEGMafia pour la première fois et a commencé à sortir des disques presque immédiatement. Sa première mixtape en tant que JPEGMafia, Communist Slow Jams a été une excellente introduction à ce qu’il était et ce qu’il représentait ou plutôt à ce à quoi il s’opposait. Sur Polly, Peggy rappe sur un beat atmosphérique :

“I don’t give two shits about crime
Barbecue confederate flags in my spare time
Two Glocks, one big four-fifth
Put it to the neck of every governor in office”

TRAD

“Je me fous de la criminalité
Je fais des barbecues avec les drapeaux des États confédérés
Deux Glocks, une grosse balle de .45
Dans le cou de chaque gouverneur en fonction”

Dès le départ sa colère amère envers le racisme, l’injustice et le système politique se fait entendre haut et fort.

Un an plus tard, au moment où la course à la présidence de 2016 commençait à prendre de l’ampleur, l’identité de Peggy en tant qu’artiste commençait également à se dessiner et il a sorti son premier album, Black Ben Carson, nommé d’après le candidat à la présidence Ben Carson, un politicien noir dont le programme représente pratiquement toutes les idées avec lesquelles Peggy n’est pas d’accord. Tout comme Communist Slow Jams le confrontait au racisme libéral et à la suprématie blanche, Black Ben Carson lui permettait d’aborder à nouveau ces problèmes, mais en parlant maintenant dans l’état d’esprit d’un habitant de Baltimore, durant les manifestations pour Freddie Gray. Black Ben Carson est un album bruyant, qui frappe l’auditeur chanson après chanson avec des messages politiques sous couvert d’une forte colère.

L’un des titres de l’album, “I Just Killed A Cop Now I’m Horny” est l’une des chansons les plus connues de Peggy et elle a généré beaucoup de controverses pour un sample plutôt terrifiant. Dans l’intro, il sample la mort de Kyle Dinkheller, un officier de police, pendant laquelle on peut entendre les cris de l’officier suppliant pour sa vie. La vidéo originale est largement utilisée à des fins de formation dans les académies de police américaines pour justifier l’usage de l’arme de service. C’est une chanson dérangeante et il y a encore des opinions divisées sur elle à ce jour.

LE DÉCOLLAGE VERS LOS ANGELES

Veteran

Peggy était encore un artiste underground. Il était connu à Baltimore et faisait beaucoup de concerts, mais ce n’est que deux ans plus tard, lorsqu’il a déménagé à Los Angeles, qu’il a trouvé un public avec Veteran, son deuxième album enregistré principalement à Baltimore, mais mixé et masterisé en Californie. Cet album a marqué un changement de ton pour la musique de Peggy. Il a déclaré dans une interview qu’il pensait que Veteran était tout autant un album politique que Black Ben Carson, mais qu’il s’éloignait de la dénonciation de personnes spécifiques pour se tourner davantage vers des groupes plus larges.

La production de Peggy dans son ensemble n’est pas facile à entendre sur cet album, ce ne sont pas des chansons pop ni des chansons pop trap. Le son de Veteran est grossièrement discordant, c’est industriel et intense. Certaines chansons sont mêmes difficiles à écouter. Il y a cependant des moments mélodiques, comme sur le titre DD Form 214. Dans l’ensemble, on peut se demander si les sonorités ne sont pas inspirées par le temps qu’il a passé dans l’armée, le son des munitions, le bruit des combats au loin, qui ont peut-être inspiré le ton stressant de sa production.

All my heroes are cornballs

Dans les presque deux ans qui se sont écoulés entre Veteran et son prochain projet, Peggy a fait une tournée avec vince staples, tout en travaillant sur son nouvel album. Il voulait que ce soit un projet beaucoup plus brut que Veteran. La hype était grande pour ce projet, les auditeurs ont aimé Veteran et ils en voulaient plus. Heureusement pour Peggy, les attentes ont été satisfaites, en septembre 2019 sort All My Heroes Are Cornballs et l’album a été immédiatement adoré par les fans et les critiques. Le style d’édition brut se manifeste dès le premier morceau avec le son du verre qui se brise et les cris de la foule qui remplissent le mix. L’album dans son ensemble est plus musical que Veteran et il a aussi moins de connotation politique. Peggy a toujours le même sentiment chaotique non structuré mais les influences pop et r&b transparaissent beaucoup plus comme dans Free the Frail qui présente JPEGMafia chantant sur une mélodie douce. Les effets sonores et les textures rythmique de l’album sont assez complexes, chaque chanson a beaucoup de superposition différente de samples, avec des rythmes syncopés et des effets sonores étranges.

L’APOGÉE

Après Cornballs, Peggy a sorti quelques eps (EP! Et EP2!) mais rien d’important jusqu’à ce qu’il sorte son projet LP!, sorti le 22 octobre 2021 et qui est le point culminant de la croissance de Peggy en tant que producteur, lyriciste et rappeur.

La qualité et la créativité de ses beats ont atteint un niveau extrême. C’est la version parfaite du style sur lequel il a travaillé pendant des années, expérimental et abstrait. Cependant l’album a connu quelques problèmes lors de sa sortie, tous les samples n’ayant pas pu être effacés y compris ceux de DIKEMBE! et HAZARD DUTY PAY! ce qui a poussé Peggy à sortir une version sans les titres ou les samples n’était pas utilisable sur les services de streaming et une version OFFLINE! avec tous les samples non effacés sur bandcamp et youtube. Finalement, tous les samples ont pu être utilisable et la version OFFLINE! du projet s’est retrouvé sur les plateformes de streaming, pour le plus grand plaisir des fans.

DIKEMBE ! et le single HAZARD DUTY PAY ! comptent parmi les meilleures performances de sa carrière, et ce ne sont pas les seules merveilles de l’album.

La prise de risque et l’attitude bizarre que Peggy dégage sur ce disque est sans égal. Cet album est un mélange d’étrange et d’excentrique, rempli de combinaisons improbables de samples et d’idées et pourtant il est incroyablement accrocheur. Il y a aussi des tas de mesures mémorables, notamment sur le second couplet du morceau DIRTY!, où Peggy s’en prend aux artistes qui suivent les trends et à leur production de mauvais goût.

Le tout prouve à quel point l’écriture et la production de Peggy peuvent être envoûtantes. Avec LP!,  Peggy continue à faire valoir ses capacités en tant que touche-à-tout, un gars qui est un rappeur, un chanteur, un auteur-compositeur et un producteur.

END CREDITS!

Deux ans après le succès de LP! , JPEGMAFIA s’est associé avec Danny Brown pour sortir Scaring the Hoes, un projet hip-hop expérimental de la plus haute importance.

Si l’on devait retenir une chose de cet album, qui est l’une des meilleures sorties hip-hop de l’année, c’est qu’une fois qu’on se laisse emporter, il est impossible de s’ennuyer. On se retrouve plongé dans 34 minutes captivante autant par la créativité du projet que par l’énergie qu’apporte le duo. Scaring the Hoes est l’un de ces projets qu’on ne peut pas écouter au hasard, auquel on ne peut pas mettre fin avant de l’avoir absorbé d’un bout à l’autre. JPEGMAFIA et Danny Brown confirment ici leur maîtrise artistique respective et montrent qu’ils ont encore beaucoup de choses à dire.

Vous l’aurez alors compris, la musique de JPEGMafia a plus que jamais délaissé les cadres traditionnels de la création et de l’édition, et on n’a qu’un souhait : c’est que le futur lui ressemble.

Enjoy & Stay Tuned

Quentin Gellato

partager

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur print
Partager sur email
Vous aimerez aussi
PLAN A, Lil Tecca
Lauryn Hill : L’artiste éternelle qui redéfinit les limites de la musique
Mac Miller, la légende rattrapé par ses démons