Après une série de singles marquants, c’est le titre PLM DEATHROW qui clôt un nouvel arc de Khali, tout en annonçant l’arrivée imminente de son prochain album. Avec cet EP, l’artiste rend hommage au quartier de Palmer, à Cenon, où il a grandi. Aujourd’hui, nous revenons sur l’ascension d’un des talents les plus prometteurs du rap introspectif et mélancolique.
Retour bref sur une carrière magistrale
Né le 20 novembre 1999 à Lyon, Khalil Lakbir, alias Khali, a passé une partie de son enfance à Vénissieux avant de s’installer dans le quartier de Palmer à Cenon, dans la périphérie de Bordeaux. Ce quartier est au cœur de son œuvre, symbolisant à la fois ses origines et son développement artistique. Enfant d’immigrés marocains né en Algérie, Khali s’est construit une identité musicale en mélangeant ses influences culturelles et son expérience personnelle.
C’est à 17 ans, après avoir été subjugué par les concerts de Hamza et de Di-Meh qu’il aura la révélation, il est fait pour la musique. C’est après cet épanouissement qu’il décide de se lancer dans la musique. À ses débuts, Khali se concentre sur le beatmaking, partageant ses créations sur SoundCloud. Il entame des productions d’instrumentales, la nuit, avec des moyens rudimentaires. Ce n’est qu’en 2018 qu’il commence à poser sa voix sur ses morceaux, adoptant un style introspectif et mélancolique, marqué par un mélange de français, d’anglais et d’arabe. Ce qui est marquant chez Khali c’est la voix qu’il prend sur ces morceaux, on parle ici de Baby Voice, largement popularisé par Playboi Carti, ce style consiste, comme son nom l’indique, à pitcher sa voix pour la faire coller à celle d’un bébé.
Le premier tournant dans sa carrière survient avec la sortie de l’EP Palmer Wild Story en 2019. À la suite de ce projet, Khali fait les premières parties de Di-Meh et d’Ikaz Boi. Cette opportunité le conforte à continuer ses efforts dans la production musicale, en effet, il collabore avec des artistes qu’il porte haut dans son estime. Au-delà d’une satisfaction personnelle, faire les premières parties de ces deux artistes lui apporte davantage de visibilité. Ce n’est donc pas très étonnant qu’avec une monté de sa réputation il finit par se faire repérer par des grands noms de la scène musicale tel que Myth Syzer, qui l’intègre à son label Try to Live, point de départ d’une collaboration prolifique.
En 2020, Khali sort un deuxième EP, Le Tournesol, qui lui permet de s’affirmer davantage sur la scène émergente française et continuer d’assoir ses ambitions et son style artistique.
En 2021, il franchit une nouvelle étape avec son album LAÏLA, autoproduit avec Niels. Ce projet, salué, pour son authenticité et sa cover magnifique, nous plonge dans un univers d’amour, de trahison, d’émotion et d’introspection profonde. Le morceau LAÏLA BAÏDA nous montre toute la richesse qui compose ce projet, entre peine, colère, mélodie et kickage, Khali chante à cœur ouvert.
En 2022, c’est avec l’album Il me ressemble pas non plus que Khali assoit son statut de Rookie de la New Wave. Véritable coup de maître, classé dans plusieurs pays, cet album confirme le talent de Khali pour raconter ses blessures avec une sincérité désarmante. Je vous invite vraiment à vous plonger dans ce magnifique projet touchant et plein de sincérité. Si je devais vous recommandez un morceau ce serait sans aucun doute ENTRE PALMER ET PARIS ZOO, cette ballade nous invite à ressentir toute la peine de Khali accordée sur les accords d’un piano langoureux « La ‘sique avec les veines. D’la pluie d’œil plein les mains. J’étais un enfant plein de craintes, plein de soucis, peu de monde » « Ma ‘sique sonne vrai, peut-être parce qu’elle l’est bel et bien, peut-être parce que j’ai dans les mains des heures de taff et de doute, et de doute, et de doute » « L’artiste a ses raisons que le public n’a pas le droit d’entendre. Je mets peu d’énergie dans des débats si louches. J’aurai le dernier mot, de ce moment pas si ouf »
Cet album est aussi une ode à ses origines, Khali est fier de ses racines et ne cesse de les revendiquer à travers des morceaux aux sonorités maghrébines, c’est le cas par exemple de PEPELE.
En mai 2023, C’est une nouvelle consécration qui attend Khali puisqu’il remplit l’une des salles les plus emblématique de France, l’Olympia. Ce concert permet aux auditeurs de découvrir les morceaux de l’artistes réarrangés en version live : les instrumentales changent et les performances de l’artiste sont différentes, Khali se détache de la Baby Voice.
En décembre 2023, Khali surprend ces fans avec la sortie de son EP 23. Véritable bijou d’émotion cet EP permet aux fans de découvrir l’excellent morceau Bottega ou encore Silence. Sa musique, décrite comme profonde et mélancolique, est un témoignage de son évolution et de son ascension artistique et personnelle.
La New Wave : entre connexions et inspirations
Khali est l’une des figures de proue de la New Wave, une génération d’artistes émergents comme La Fève, Rounhaa, J9ueve et So La Lune, caractérisée par une approche innovante et introspective du rap, par une communication mystérieuse et une quasi non-médiatisation. Cette mouvance privilégie les sonorités atmosphériques, avant-gardistes et les textes intimistes. La New Wave c’est avant tout une grande famille, riche de multiples collaborations. La relation entre Khali et La Fève est d’ailleurs emblématique de cette scène : ce dernier rend hommage à leur lien artistique dans le morceau OUTRO : « Les bails de New Wave, faut prendre les bonnes choses. Moi, j’ai essayé de ramener ça avec Khali, Kosei. » Les collaborations de Khali avec des artistes comme Myth Syzer, Chanceko, J9ueve, Realo, illustrent la richesse de son répertoire et les liens forts qui l’unissent aux autres artistes. Dans le morceau FOREVER, Khali rend hommage au producteur Kosei « Kosei Forever ».
Un album à venir : à quoi faut-il s’attendre ?
Avec la sortie de PLM DEATHROW, Khali amorce donc un nouveau tournant dans sa carrière et dans sa discographie. Ce qui a le plus marqué ses fans c’est son changement capillaire, symbole de renouveau artistique, d’une nouvelle ère, Khali se sépare de ses emblématiques cheveux longs mi brun mi blonds. De plus, en véritable artiste de la New Wave, ce n’est qu’à demi-mots et avec des visuels énigmatiques que Khali divulgue petit à petit les morceaux qui composeront cet EP surprise.
Finalement, après l’écoute de cet EP à quoi pouvons-nous attendre ? Eh bien je dirais paradoxalement à tout et à rien. Cela nous avance guère en effet, toutefois on peut quand même déduire certaines choses. Tout d’abord si l’on s’intéresse à ses textes, Khali continue de nous délivrer du Khali, sa plume reste toujours aussi triste et pleine d’hommages. On retrouve toujours cette sensibilité dans ses mots, ainsi ce n’est pas surprenant de retrouver de nombreux hommage à Nassim son défunt meilleur ami à qu’il il rend hommage depuis le début de sa carrière.
« J’ai eu un meilleur pote, mais lui il a fallu qu’il crève. » – PLM DEATHROW
« J’me demande c’que Nass aurait pensé s’il était pas aux cieux. » – ON T’A PROMIS QUOI
« J’étais invisible comme Nassim » – FREE
« Le ciel, pourquoi Nassim n’est plus de ce monde ? » – SIRÈNES
« J’ai pris dix ans quand mon kheyou est mort. J’en ai trente-deux à l’heure où t’entendras ces mots » – ENTRE PALMER ET PARIS ZOO
« Personne n’en parle mais on sait qui décime, j’ai un prénom en tête qui peut combler la rime. » – La Toile
« S/O Nassim j’ai plus peur d’la mort mais ça me fait mal au cœur » – Sans Peur
Du point de vue de ses influences musicales, le morceau KHALI IL SAIT se rapproche de ce que l’on pouvait déjà connaitre. Pour ce qui est du morceau FOREVER, Khali s’écarte de la Baby Voice qu’on lui connaissait au profit d’une voix plus roque, aux intonations qui nous rappellent celle de Playboi Carti. Le morceau FREE est à mes yeux le banger de l’EP, tandis que PLM DEATHROW nous plonge dans la tristesse de l’artiste. On sent dans l’ensemble du projet des influences américaines qui ont toujours fait partie des inspirations de Khali (Playboi Carti, Gunna, NAV, Lil Uzi Vert, Lil Gotit, Lil Keed), il ne s’en cache pas d’ailleurs.
Khali est un artiste extrêmement engagé dans des causes humanitaires qui lui tiennent à cœur notamment pour la paix en Palestine. Il a notamment participé à différents concerts à but caritatif, on peut donc s’attendre à des prises de positions sur des conflits politiques dans son future album.
En bref, on ne sera pas dépaysé à l’écoute de son future album, toutefois l’artiste arbore une nouvelle direction artistique pour cet album, il n’a ainsi pas finit de nous surprendre et de nous prendre à contre pied.
Le mot de la fin
En résumé, Khali a fait beaucoup de chemin de Palmer Wild Story à PLM DEATHROW, mais il a su garder son authenticité et sa sincérité malgré certaines critiques.
« Tu sonnes trop original, je m’en moque effectivement. »
Si vous souhaitez découvrir plus en profondeur cet artiste bordelais je vous invite à regarder l’interview qu’il a donné à la chaîne Clique et à bien sûr écouter l’entièreté de sa discographie.
Enjoy and stay tuned,
Gogneau Julien
21/01/2025