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Le poète et son alter ego : Baby Hayabusa et FEMTOGO, les deux âmes d’un même artiste

Le nouveau projet FRANCS-TIREURS PARTISANTS de FEMTOGO, sorti le 14 février, est une nouvelle pierre apportée à l’édifice d’un artiste fascinant. Mais FEMTOGO n’est pas un simple rappeur : il est un artiste aux identités multiples, incarnant tour à tour le guerrier implacable et le poète mélancolique. D’un côté, FEMTOGO, figure martiale et agressive, plongée dans l’imagerie de la guerre et des jeux vidéo FPS (de tir à la première personne), aux sonorités rauques et grave et porte-drapeau de la Warfare Music. De l’autre, Baby Hayabusa, son alter ego disparu puis ressuscité, qui dévoile une facette plus intime, plus vulnérable mais toujours aussi profonde.

À l’occasion de cette nouvelle sortie, il est temps de plonger dans la complexité d’un artiste unique en son genre, de retracer son parcours et d’examiner cette dualité qui fait toute la richesse de son œuvre.

FEMTOGO : Le guerrier solitaire

BIOGRAPHIE ET GENÈSE DU PROJET

FEMTOGO, anciennement FEMT0, choisit ce nom en référence à Femto l’antagoniste principal de l’animé Berserk, le « God Hand ». Ce personnage représente une divinité démoniaque aux pouvoirs surnaturels, chef d’un groupe de mercenaires nommé « La Troupe de Faucon ».  Le ton est ainsi donné, FEMTOGO fait son apparition sur SoundCloud en décembre 2020. Très vite, il développe une esthétique, autant dans ses sonorités que dans ses paroles, marquée par les références militaires et la pop culture vidéoludique, notamment les jeux de tir comme Call of Duty ou Halo. Mais FEMTOGO n’est pas qu’un simple amateur de FPS : il façonne un univers martial, où la musique devient une arme de guerre. Il entre dans la Warfare Music par la grande porte en définissant les codes de ce nouveau genre musical sur la scène française. Je n’aurais pas la prétention de donner toutes les étapes de la recette de la Warfare Music, ce que je peux souligner cependant c’est l’utilisation de bruitages de guerre (missiles, coups de feu, rechargement), des instrumentales accompagnées par des backs, ad-libs, etc. aux sonorités épiques, mythiques. La voix de l’artiste est parfois saturée ce qui lui donne cet aspect énervé, guerrier reconnaissable. De plus, on peut noter que l’artiste se plaît à chanter et rapper hors des temps comme il le souligne lui-même dans le morceau MME. RIFFAUD de son dernier projet « j’rap toujours pas dans les temps, ça fait suer mes détracteurs. »

En 2022 FEMTOGO fonde SPK (Scarpackage), un collectif d’artistes réunissant Irko, Giacoshi et Amnezzia. Il devient ainsi le chef de guerre d’une escouade musicale, où la cohésion et la stratégie sont aussi importantes que les punchlines et les prods. 

Son ascension s’accélère avec la sortie de son EP en 2022, One Man Army, entièrement produit par Neophron, qui cumule rapidement plusieurs centaines de milliers de streams. Le MC confirme cette ascension avec la parution de NAMELESS BELLIGERENT en 2023, toujours produit par Neophron, et La Bête, produit par Vilhelm, l’année suivante.   

Comme évoqué en introduction, le chef de guerre nous a délivré sa dernière ogive sous le nom de FRANCS-TIREURS PARTISANS le 14 février 2025, jour de la Saint-Valentin, profitant de cette date pour tirer à balles réelles et pourfendre nos cœurs. 

UNE DISCOGRAPHIE MARQUÉE PAR LA GUERRE ET L’ACIER

FEMTOGO s’inspire d’un imaginaire de soldat, d’un homme en guerre permanente, à la fois contre lui-même et contre le monde. Il emprunte au lexique militaire et au vocabulaire tactique pour structurer son univers.

Son flow est tranchant, précis, et sa voix, souvent grave, impose une autorité naturelle. Chez lui, la guerre n’est pas une simple métaphore : c’est un mode de vie, une esthétique totale.

Comme dit précédemment, ce qui caractérise la musique de FEMTOGO c’est cette ambiance de guerre, d’apocalypse que l’artiste a su mettre en place par différents procédés : tout d’abord par l’imagerie, les covers de ses différents projets sont les vitrines de ce qui nous attend durant l’écoute. 

Ensuite, FEMTOGO utilise un vocabulaire propre à l’armée, à la guerre, au conflit armé. Entre références à certains conflits véritables, aux jeux vidéo et films qui l’ont marqué, l’artiste nous plonge dans un monde noir et apocalyptique.

 « Femtogo, tu peux m’appeler Yupa » SIEGFRIED Ici FEMTOGO se compare à maître Yupa, un personnage du film d’Hayao Miyazaki expert dans l’art du sabre. 

« Sans sommation dans la cabine, c’est le F qu’envoie des salves » SIEGFRIED FEMTOGO emploie ici un vocabulaire propre au monde militaire, avec l’usage des termes « sommation », « salves ».

« C’est nous les meilleurs pour les OST de guerre » 55 WEST

« Mets des bâches sur le sol du stud, c’est Batman Femtogo. J’laisse du rouge j’repars en Pave Low, sur la musique d’outro de Halo 3 » 55 WEST La référence au jeu vidéo Halo 3 est autant dans les paroles que dans la prod qui sample une musique du jeu.  

« J’veux mettre toute ma guilde dans le BTR » AL-MASADA Un BTR (abréviation de Bronetransporter [Бронетранспортёр]) est un véhicule amphibien blindé russe utilisé pendant la guerre d’Afghanistan des années 80. 

Au-delà des paroles et des références c’est par les sonorités que FEMTOGO nous plonge dans son monde. On trouve en effet dans ses morceaux des samples de divers jeux vidéo FPS, des sound effects de grenade, tirs et autres bruits de rechargement ou encore des effets saturés sur sa voix, comme si FEMTOGO nous délivrait ses rimes par la radio ou le talkie-walkie qu’il possède dans son équipement. Le morceau Draga Daï est un exemple parfait d’un FEMTOGO qui envoie son message à ses auditeurs, à ses soldats. 

Ce qu’il faut retenir c’est que sa musique tranchante et violente aux premiers abords laisse percevoir des phases d’introspection plus profondes, plus tendres.

FRANCS-TIREURS PARTISANS, LE TOURNANT DU CONFLIT

Le projet représente un nouvel épisode de l’histoire du guerrier FEMTOGO, un chapitre plus intime, plus minimaliste, moins brutal à première vue, mais davantage sanglant quand on y prête bien attention. FRANCS-TIREURS PARTISANS c’est la quintessence de l’univers créé par FEMTOGO. Longtemps habitués à être parachutés sur un champ de bataille, ce dernier projet nous largue, nous, auditeurs, dans la vie, dans la jeunesse de l’artiste. Les Francs Tireurs et Partisans (FTP) est le nom du mouvement de résistance intérieure française créé à la fin de 1941 et officiellement fondé en 1942 par la direction du Parti communiste français. C’est donc une guerre intérieure, une guerre de résistance contre l’occupant que le chef de guerre a décidé de mener.  

Par son titre, FRANCS-TIREURS PARTISANS nous rappelle l’attrait de l’artiste pour le monde militaire, cependant, avec sa cover en noir et blanc représentant un jeune enfant, (peut-être FEMTOGO), l’artiste prend à contrepied ses auditeurs, habitués à des covers fidèles à l’univers violent de l’artiste. La pochette du projet nous donne le ton, les 5 titres de l’EP sauront indéniablement nous transporter.  

Avec leur nature acoustique (piano, batterie, basse…) les prods créent une ambiance assez old-school, minimaliste, triste. Ainsi, les instrumentales du projet laissent beaucoup de place à la performance de FEMTOGO, c’est par sa voix que nous auditeurs allons ressentir les émotions. En effet, les prods nous emmènent, certes, sur des chemins nouveaux mais pas pour autant inconnus. FEMTOGO avaient l’habitude de poser sur des prods riches et différentes tout au long de sa carrière, ainsi quand on entend des influences presque jazz sur le morceau BOCATHEVA, nous ne sommes pas dépaysés. Et quand sur le morceau OFF ROAD, sur une prod au piano plutôt calme, FEMTOGO débite avec agressivité, cela nous ne nous surprend guère. 

C’est dans l’interprétation et dans les thèmes abordés que l’artiste frappe fort. Le morceau UN AUTRE JOUR retrace son enfance, le quotidien d’un enfant de province, et la violence de la banalité, de la routine :  « J’sais pas c’qui cloche chez moi, c’est pour ça qu’j’traîne près d’l’église. »« Chez moi, la moitié , à douze-treize , ont pris leur première cuite. »« Chez nous, c’est beau y’a la mer près du port des crackers », « J’vois des anciens devenir gris, gris comme le bitume »« Vers chez moi, les soirs d’hivers, vingt-deux heures plus d’lumière »« Pour toutes ces fois où j’étais pas au bon endroit et qu’on m’la fait ressentir comme s’ils voulaient que j’me tue. », « Dehors, ça caille, j’le savais, j’avais pas l’âge. Dans la tempête en décalage, le môme voulait pas déchanter. » « Évidemment, des doutes, y’en a et si j’écoutais qu’la p’tite voix ça fait longtemps qu’mon cou s’rait pendu à un pont de la région. »

Au-delà de ce morceau, c’est tout le projet qui nous invite aux réflexions d’un artiste, marqué par son enfance :

« J’dis à Neo’ : « Mets les hi-hats qui font l’bruit d’la gazinière. » » OFF ROAD

« Chaque jour, j’essaie d’faire sourire l’môme, enfermé dans la geôle. » MACALLAN SPEECH

« À la fin, personne pour m’absoudre. Faut qu’maman m’apprenne à coudre, ou qu’mamie m’apprenne à coudre. » MACALLAN SPEECH

« J’avais quatorze ans, j’rêvais d’une paire d’Red October. » MME. RIFFAUD

En résumé, ce projet est une ode à la vie du rappeur, à ses souvenirs, son vécu, ses blessures, ses peurs, ses douleurs. FEMTOGO nous livre ce qu’il sait faire de mieux et s’ouvre encore davantage. Il continue de mener à bien la guerre qui semble sévir en lui.

Baby Hayabusa : l’ombre mélancolique

BIOGRAPHIE ET PARCOURS TUMULTUEUX

Baby Hayabusa aka Goofy Van Bozo apparaît d’abord comme un simple alias secondaire sur SoundCloud, une échappatoire où FEMTOGO peut laisser libre cours à son introspection. Son nom vient de Ryu Hayabusa, héros du jeu Ninja Gaiden, un personnage solitaire, agile et silencieux, représentant bien la musique que l’artiste nous propose.

Rapidement, Baby Hayabusa prend une ampleur inédite, en 2022, il commence à publier des morceaux mélancoliques comme GUALA ou la série Bozoflow, qui contrastent fortement avec la musique de FEMTOGO.

Puis, en novembre 2022, tout s’arrête brutalement. Tous les morceaux de Baby Hayabusa sont supprimés de SoundCloud, et FEMTOGO annonce la « mort » de son alter ego sur Twitter. Un silence de plusieurs mois s’installe, jusqu’à un retour inattendu sur SoundCloud, puis en juin 2023 avec Deadly Poison Sting, son premier projet disponible sur les plateformes.

Depuis, Baby Hayabusa joue un jeu de cache-cache avec son public, apparaissant et disparaissant à intervalles réguliers.

Ce qui est important de comprendre, c’est que Baby Hayabusa est intrinsèquement lié à FEMTOGO, il n’est donc pas étonnant de retrouver des fragments de l’univers du chef de guerre dans sa musique. Par exemple, Baby Hayabusa nous explique dans la phrase du morceau : « Goofy Van Bozo, nasty comme Zakaïev » qu’il se sent méchant comme Imran Zakhaev, l’antagoniste principal de Call of Duty 4 et COD Modern Warfare 2.

De plus, Baby Hayabusa fait référence à de nombreuses armes de guerre : 

« J’envoie l’IEM » BOZOFLOW 2

« J’envoie la missive » BOZOFLOW 2 

« Sur eux R36, ça les tuera à terre » mr.ledger_2 , Le R36 est une famille de missiles balistiques intercontinentaux soviétique développé dans les années 60, il s’agit du plus grand missile jamais réalisé, pas besoin donc ici d’expliquer davantage ce que l’artiste à l’attention de faire.

J’aimerais maintenant vous partager quelques phrases marquantes de différents sons que Baby Hayabusa a sorti sur SoundCloud tout au long de sa carrière : 

« L’océan c’était ses yeux, j’ai décidé d’pas prendre la mer. » AZALÉE

« Les étoiles et la lune n’ont jamais failli un d’mes secrets. J’reste loyal à ma lame, au corbeau seul sous les cyprès. » AZALÉE

« J’passe mon temps à courir comme Faith, en quête d’un peu d’espoir. J’ai pas pris la putain d’safe way, donc en moi j’dois jamais cesser de croire. » ZAGA

« J’en ai rien à foutre si ça marche pas j’retourne à la mine. Jamais j’fini esclave, dépendant d’un auditoire. J’ai commencé à rapper bâtard pas pour un Audi noir. » ANY MERCY FORBIDDEN

« Dans les tiroirs à papa, trouve le verre d’whisky, il s’en envoie deux ou trois, une fois les anges endormis. Et puis ainsi la vie, on fait comme ça quatre-cinq ans, et puis celui qu’on appelait le p’tit est d’venu grand » VOLCANO LOVE

LA SÉRIE MR.LEDGER : LE DERNIER SOUFFLE DE BABY HAYABUSA

Baby Hayabusa a été extrêmement productif sur SoundCloud, on retrouve de nombreux morceaux et remix de ses morceaux qui font ainsi vivre l’univers de l’artiste. Baby Hayabusa a notamment sorti différentes séries de morceaux. À l’instar d’une série, on suit, morceau après morceau, épisode après épisode l’histoire de Baby Hayabusa.

Je vous invite bien sûr à écouter l’ensemble des sons de l’artiste, dans cette chronique je me pencherai plus spécialement sur la série Mr Ledger

Mr Ledger est un personnage fictif créé par Baby Hayabusa. Nouvel alter-ego, ce nom n’est pas sans nous rappeler Heath Ledger. Il fut l’acteur à succès qui interpréta le Joker dans le film Batman The Dark Knight. L’acteur décéda quelques mois après le tournage des suites d’une overdose. Il recevra l’Pscar du meilleur acteur à titre posthume pour son rôle dans le film de Christopher Nolan. Le titre de la série pose le décor : un personnage potentiellement fou en référence au Joker, un consommateur de drogues, ou encore quelqu’un qui n’a pas connu le succès de son vivant. 

La série MR.LEDGER est la suite directe de la série des BOZOFLOW. La deuxième partie du morceau BOZOFLOW5 marque le début de cette nouvelle saga par une phrase qui sera la phrase introductive de tous les morceaux MR.LEDGER à venir : « L’OST d’ma mort, contemple un peu ». Par ses mots, Baby Hayabusa semble annoncer sa mort, ou du moins celle de monsieur Ledger. « Des fois bloqué dans l’personnage, faut pas j’finisse comme monsieur Ledger. » Cette image du Joker n’est pas surprenante, sachant que Baby Hayabusa se fait aussi appeler Goofy Van Bozo, renvoyant à Bozo le clown et à une image burlesque similaire à celle du Joker.

La nouvelle série de sons commence réellement avec la sortie de mr.ledger_2, le morceau s’ouvre par ces paroles : « L’OST de ma mort, contemple un peu, bébé t’as cramé c’est la deux ». Toute la chanson nous plonge dans une ambiance qui oscille entre dépression et déclaration poignante « Au fond d’la classe j’étais pas heureux ». Baby Hayabusa nous livre avant tout le récit d’un homme ordinaire qui vit, qui constate la banalité de sa vie « C’est ma vie, c’est des cinématiques, des fois j’romantise pour qu’tu m’aimes un peu plus »« Baby H, Nikito, étaient seuls dans le bus ». Baby Hayabusa se rattache également à des souvenirs familiaux : « Bon qu’à vider mon cœur sur la face B d’papa », ici l’artiste fait référence à la face B des vinyles qui contenait parfois les instrumentales des morceaux présents sur la face A, dans notre cas le légendaire morceau Weird Fishes / Arpeggi de Radiohead qui n’est autre que la prod de notre son. En résumé le morceau mr.ledger_2 est une excellente entrée en matière pour cette nouvelle série, Baby Hayabusa instaure une ambiance brumeuse, fragmentée. L’artiste chante une descente inévitable, une noyade émotionnelle, sa voix, noyée dans l’écho, semble s’éloigner à mesure que le morceau avance, comme s’il disparaissait inexorablement. 

MR.LEDGER 3 vient confirmer les adieux de Baby Hayabusa, le morceau s’ouvre par ces mots : « L’OST d’ma mort, contemple un peu, bébé t’as cramé, c’est la trois. On m’a donné des ailes, pourtant, j’cours encore » et se termine par cette phrase : « C’est fini, j’vais arrêter de courir », les dés sont donc lancés : l’artiste nous annonce la fin de l’histoire. Dans le même temps, Baby Hayabusa supprime tous les morceaux présents sur son SoundCloud et tweet, le 27 Novembre 2022 : « baby h est mort »

Alors que tous les fans pensent Baby Hayabusa mort, l’artiste sort MR.LEDGER 4 sur son SoundCloud. Il répond aux interrogations de ses fans dès la première phrase du morceau : « Bébé t’as cramé c’est la quatre, j’finis toujours par rompre mes promesses. » Le son commence en reprenant la musique two door tiffany de Quinn. Après le beat switch, Baby Hayabusa rappe vite, accélère comme s’il cherchait a rattraper le temps perdu. L’artiste, peut être pressé, s’empresse de nous partager son message comme s’il savait qu’il allait nous quitter avant que la musique ne s’arrête brutalement. 

DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE

À la suite de la prétendue mort de Baby Hayabusa, l’artiste ressuscite et livre à ses fans son premier projet sur les plateformes : Deadly Poison Sting. Que ce soit dans l’imagerie, dans les prods, dans les thèmes abordés, on mange très bien avec ce projet. pour l’anecdote, la moto présente sur la cover est une Suzuki GSX 1300R Hayabusa, la première moto de série a avoir dépassé la barre mythique des 300 km/h. Baby Hayabusa nous raconte ses peines de cœur sur des prods léchées, il chante son emprisonnement dans une relation toxique, son intoxication au poison qu’est l’amour. Je vous laisse aller écouter cet excellent projet, j’aimerais juste citer quelques phrases marquantes du morceau Ivy :

« Elle m’a laissé des cendres, juste une cigarette, tachée d’rouge à lèvres. »

« Toi et moi c’est pas possible comme Manny et Gina. »

« J’me regarde sombrer j’la regarde danser, j’bois un dernier verre. »

« Boulevard des pleurs, j’ai ton fantôme en ma compagnie. »

« Crève-moi les deux yeux, coupe ma carotide. Elle a troué mes ailes avec la chevrotine. »

« T’es partie en décembre, t’as dit : « on se revoit vite » »

Après cet excellent projet, Baby Hayabusa sort le 23 août 2024, son deuxième EP intitulé Fadel Flower Story, dans lequel il continue d’explorer ses tourments amoureux.

Baby Hayabusa et FEMTOGO, deux âmes complémentaires

Si FEMTOGO et Baby Hayabusa semblent à première vue être deux artistes distincts, ils sont en réalité les deux faces d’une même pièce. L’un incarne la force, l’autre la fragilité.

Ce qui rend cette dualité si fascinante, c’est que les deux ne peuvent exister l’un sans l’autre. FEMTOGO est le combattant qui endure les batailles, tandis que Baby Hayabusa est l’ombre qui absorbe la douleur.

Loin d’être un simple exercice de style, cette scission artistique permet à FEMTOGO d’explorer toute l’étendue de sa créativité. Son travail témoigne d’une compréhension fine de l’identité musicale, où chaque alter ego joue un rôle précis.

Ainsi, plutôt que de limiter sa musique à un seul genre, il a préféré se diviser pour mieux se compléter. Et c’est précisément ce qui fait de lui un artiste unique, capable de transcender les codes du rap pour proposer une œuvre d’une richesse rare.

Avec son nouvel EP, FEMTOGO continue d’écrire cette épopée schizophrène, entre guerre et poésie, entre rage et mélancolie.

Tout porte à croire que la distance qui sépare FEMTOGO et Baby Hayabusa ne cesse de se réduire, en effet, FEMTOGO dans son dernier projet déclare qu’il ne sait plus qui il est « FEMTOGO, Nikito, Goofy Van, on est qui encore, j’sais même plus, frère. J’sais même plus on est combien, frère là d’dans on en a- » MACALLAN SPEECH. De plus dans OFF ROAD, FEMTOGO a conscience de ces différentes facettes : « J’essaie d’devenir un gentilhomme, malgré mes facettes tordues »

Dans son projet La bête FEMTOGO est en featuring avec Baby Hayabusa sur le morceau GEÔLE, ses deux facettes sont en symbiose et concluent le morceau par ce refrain :

« Même le château f’ra pas l’affaire, j’entends ses calls
Perdu dans l’vent le p’tit d’avant, j’entends ses calls
L’autre est mauvais, froid comme la pierre, le cœur en forme de geôle
Derrière les barreaux, il entend encore les cris du môme
Même le château fera pas l’affaire, j’entends ses calls
Perdu dans le vent le p’tit d’avant, j’entends ses calls
L’autre est mauvais, froid comme la pierre, le cœur en forme de geôle
Derrière les barreaux, il entend encore les cris du môme »

Baby Hayabusa reconnaît que même la réalisation de ses rêves d’enfant et l’accès au bonheur, représentés par le château, ne suffira pas à apaiser les voix intérieures qui le tourmentent. Le château est pour l’artiste la représentation du bonheur, sa quête ultime. Cela fait notamment écho au manga Berserk et le personnage de Femto dont le rêve d’enfant est entre autres d’avoir un château.

Ses calls désignent les échos persistants des désirs et des aspirations de son enfance, exprimant ainsi les souhaits de son jeune moi. Il se décrit lui-même lorsqu’il était jeune, comme étant perdu dans l’vent, une image évoquant la confusion et le désarroi. Il continue à entendre les calls de son jeune moi, soulignant ainsi une connexion émotionnelle puissante avec son enfance.

En se désignant comme « l’autre », Baby Hayabusa distingue son moi présent de son moi du passé, qu’il perçoit comme mauvais et froid comme la pierre, évoquant ainsi une forme de détresse émotionnelle et une insensibilité à ce que FEMTOGO peut faire ou subir.
La comparaison du cœur en forme de geôle souligne l’emprisonnement émotionnel qu’il ressent où ses propres barrières l’ont rendu insensible et l’empêche désormais de se détacher de son moi d’avant. Cette phrase fait également référence à un vers du morceau MR.LEDGER 4 : « J’ai enterré l’amour dans mon cœur, bien au fond d’une geôle »

Ce refrain nous montre ainsi toute la complexité, le lien, la distance et la proximité qui unissent les deux âmes de l’artiste. Les luttes internes de Baby Hayabusa entre son enfance idéalisée, son présent marqué par la dureté de la vie et les souvenirs douloureux qui continuent de le hanter, ne cessent de faire rage en la personne de FEMTOGO.

J’espère sincèrement que cet article vous a donné envie de vous plonger davantage dans la musique de cet artiste aux multiples facettes. Baby Hayabusa ou FEMTOGO n’ont pas fini de faire chavirer nos oreilles en pourfendant nos coeurs. Si vous cherchez à écouter les musiques de l’artiste, voici une playlist SoundCloud regroupant ses morceaux !

Enjoy and stay tuned,

Gogneau Julien

28/02/2025

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