RAPIDE PRÉSENTATION DE L’ARTISTE
Jolagreen23, de son vrai nom Jorghen Mbombo, est un rappeur français né le 23 mars 2001 à Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Il s’est imposé comme l’une des figures montantes du rap français grâce à un univers singulier mêlant sonorités drill, hyperpop et influences vidéoludiques. Son style se caractérise par une voix grave et des flows techniques et une direction artistique épurée.
Après des débuts remarqués avec des titres comme « Mikasa » en 2021, Jolagreen23 a enchaîné les projets, dont les EPs « 23 » et « 888823 » en 2023, ce dernier en collaboration avec le producteur Kosei. Son premier album, « Recherche & Destruction », sorti le 15 décembre 2023, a confirmé son talent et sa capacité à innover. L’album, divisé en deux parties, explore des thèmes sombres et introspectifs sur des productions complexes, avec des collaborations notables comme Benny the Butcher et Wallace Cleaver.
En 2024, Jolagreen23 a poursuivi son ascension avec l’album « +99XP », qui s’est classé n°8 des charts français. Ce projet a renforcé son statut d’artiste incontournable, avec descollaborations variées, notamment avec Tiakola, Zed, Josman, Adèle Castillon, Green Montana et Lesram.
ANALYSE DU PROJET

Le 15 décembre 2023, Jolagreen23 a dévoilé son premier album, « Recherche & Destruction », une œuvre ambitieuse de 12 titres qui marque un tournant dans sa carrière. Divisé en deux parties, l’album oscille entre des sonorités sombres et des productions hyperpop complexes, offrant une immersion dans l’univers introspectif de l’artiste. Des morceaux comme « 12HEURES MINUIT » et « JOUR J » (en featuring avec Wallace Cleaver) témoignent de sa diversité artistique, tandis que la collaboration avec Benny the Butcher sur « OKC » ajoute une dimension internationale au projet. Produit par une pléiade de talents, dont 256minaj, BBP et Kosei, l’album est salué pour sa qualité de production et sa cohérence artistique. Le clip de « 12 HEURES MINUIT », réalisé par Alan Benoit, complète parfaitement l’expérience auditive, renforçant l’esthétique visuelle de Jolagreen23.
Avec « Recherche & Destruction », Jolagreen23 s’affirme comme une figure majeure de la scène rap française, alliant innovation musicale et profondeur lyrique. Son univers unique, nourri de références culturelles contemporaines et d’une direction artistique soignée, continue de captiver un public de plus en plus large.
L’album +99XP de Jolagreen23, sorti le 8 novembre 2024, marque une étape significative dans la carrière du rappeur de Bois-Colombes. Ce projet de 15 titres témoigne de son évolution artistique, mêlant sonorités électroniques, introspection et collaborations variées. Le titre +99XP évoque l’univers des jeux vidéo, symbolisant une montée en expérience. Cette thématique se reflète dans la promotion de l’album, avec des visuels rétro rappelant les anciennes consoles PlayStation et une mise en scène de l’artiste en avatar de RPG .
Jolagreen23 explore une palette sonore riche, allant de la drill à des influences hyperpop. Son flow mécanique et ses placements singuliers s’allient à des productions électroniques, résultat d’une collaboration étroite avec des beatmakers comme Kosei . Dès les premiers titres, on sent une volonté de raconter un parcours, une quête, presque initiatique. Jolagreen y évoque ses débuts, ses doutes, ses phases d’isolement et ses phases d’ascension, le tout en se référant à l’imaginaire du jeu vidéo et des mangas. Mais ces références ne sont jamais gratuites : elles servent de métaphore à sa réalité. L’univers geek est ici réapproprié, réincarné, et se mêle à une narration urbaine. Cette dualité se retrouve dans les productions : des morceaux comme ceux aux beats drill sont chargés d’une tension presque guerrière, tandis que d’autres flirtent avec l’hyperpop ou l’ambient, comme s’il voulait désarmer le public avec des textures plus oniriques.
L’un des moments forts de l’album est sans doute la collaboration avec Adèle Castillon. Ce titre tranche par son accessibilité et sa douceur. La voix cristalline d’Adèle contraste fortement avec celle de Jolagreen, et cette opposition fonctionne comme un yin et un yang sonore. Là où il est brut, elle est légère ; là où il articule peu, elle est limpide. Cela crée une dynamique singulière, presque suspendue. Ce titre agit comme une pause dans l’album, un moment de respiration dans un projet parfois dense et chargé émotionnellement. Un autre morceau marquant est celui en collaboration avec Lesram. Ici, le ton est plus sombre, plus direct. Les deux rappeurs déroulent un texte brut, dans une ambiance urbaine sans fard. On sent la compétition respectueuse entre eux, mais aussi la volonté de prouver leur technique et leur rage. Ce morceau agit comme un checkpoint dans le parcours de Jolagreen, une manière de rappeler qu’il vient du terrain, qu’il n’est pas seulement un artiste “conceptuel”, mais aussi un kickeur capable d’allumer n’importe quelle prod.
Le morceau “360TRICKSHOT” s’ouvre avec une prod futuriste, nerveuse, presque chaotique, qui s’accorde parfaitement à l’imagerie gaming annoncée dans le titre. Le “trickshot” est ici autant un clin d’œil aux jeux de tir qu’une métaphore de l’audace artistique. Jolagreen adopte un flow rapide, qui donne au morceau une intensité visuelle. Chaque ligne semble calibrée pour frapper fort, mais aussi pour dérouter. “Longlife Nicky Larson” (feat. Green Montana) marque le retour à un ton plus introspectif, mélancolique. La référence à Nicky Larson, détective sentimental, donne le ton : on est dans une errance urbaine, une recherche identitaire. La prod est douce, avec un piano planant et des drums discrets. Green Montana et Jolagreen se rejoignent sur une vibe commune. Ils échangent des couplets denses, très écrits, où l’on sent la fatigue d’un quotidien qui s’effiloche. C’est un morceau de spleen, parfaitement calibré pour leur registre. On trouve également des titres plus introspectifs, où Jolagreen se livre sur ses états d’âme, ses phases de doute, la solitude malgré le buzz. Ces moments-là sont portés par des prods plus lentes, presque liquides, qui donnent l’impression d’évoluer dans un monde sous-marin. C’est là qu’on sent l’influence d’artistes comme Hamza ou Playboi Carti, mais avec un traitement très personnel, très français aussi dans l’écriture, presque poétique par moments.
Enfin, la cohérence de l’album tient aussi à la direction artistique globale, assurée notamment par Kosei. Il y a un vrai soin apporté aux transitions, à la montée en intensité, à l’enchaînement des ambiances. +99XP n’est pas une compilation de morceaux, c’est un album pensé comme un parcours, une suite de niveaux à franchir. Et si certains titres ressortent plus que d’autres, c’est surtout par la manière dont ils marquent une étape dans cette progression narrative.
Enjoy and stay tuned
Macéo Germain
05/05/2025