Nous arrivons à la Rock School Barbey, entourés de la communauté punk / métal de Bordeaux : des crêtes, des dreads, des chaînes, des épingles à nourrice dans les oreilles, tous les codes sont respectés. Nous ne connaissions pas les artistes avant de voir l’annonce du concert ; nous avons donc écouté quelques-uns de leurs morceaux et nous avons été attiré par le style unique du groupe mêlant rap, metal et punk qu’ils ont nommé Deathkult.
En première partie, nous découvrons Plack Blague, habillé tout en cuir, casquette, gants, cagoule, lunettes noires mais aussi un string avec des piques. Originaire du Nebraska, il est un symbole du mouvement « Queer Hardcore ». Par l’hypersexualisation de sa musique et de son style vestimentaire, il veut déranger la scène underground et se définit lui-même comme « trop punk pour les punks ». Sa musique se rapproche de l’EBM et est assez entraînante. Sa voix, lointaine avec beaucoup de réverbe, résonne dans la salle qui se remplit tranquillement. Il est habité par sa musique et fait le show devant un public intrigué, partagé entre rire et gêne. Mais en observant cet homme monter sur scène, vivre sa passion (spéciale certes) on prend une leçon qui caractérise parfaitement le mouvement punk : faire ce qui nous plaît sans se soucier de l’avis des autres. En comprenant cela, on ne peut qu’admirer cet artiste hors norme. Et ça fait beaucoup de bien à une époque comme la nôtre.
En attendant l’arrivée de Ho99o9, nous sommes interpellés par la présence de sourds. Car oui, on peut être sourd et se rendre à un concert ! On vit simplement les choses différemment : en plus de l’ambiance, ils ressentent les vibrations de la musique, et ce, de manière bien plus intense que nous. Décidément, cette soirée est pleine de leçons de vie sur les différences.
Il est 22h… Les fauves arrivent ! Le public est déjà surexcité, dès le premier morceau, les pogos commencent. Les deux chanteurs portent des vêtements à l’image de leur style musical entre rap et punk, l’un porte un gilet tactique torse nu laissant apparaître ses nombreux tatouages et l’autre un gros manteau recouvert de patch. Ils sont accompagnés d’un batteur, déjà torse nu, qui se démène pour offrir des rythmes ultras rapides se rapprochant du punk et même de la Drum&Bass. Sur le côté de la scène, un des deux chanteurs s’occupe de lancer leurs instrus, mais aussi d’autres chansons qu’on ne pensait pas écouter ce soir comme « My way » de Frank Sinatra ou encore « Bad Boys » de Bob Marley créant quelques moments de calme au milieu du chaos. Leur énergie est incroyable et communicative : ils occupent tout l’espace en sautant partout comme des fous. La structure de leurs morceaux se caractérise par des couplets de rap suivis de « drops » entre punk et métal qui créent une ambiance électrique.
À un moment nous entendons des notes qui nous rappellent quelque chose, c’est « Firestarter » de The Prodigy ! Le groupe rend hommage à Keith Flint décédé récemment et le cite comme une grande source d’inspiration. Ils enchainent ensuite avec « Smack My Bitch Up » qui nous fait perdre le contrôle. Puis un des chanteurs nous demande de séparer la salle en deux… C’est l’heure du « wall of death » : il descend dans la foule et chante au milieu du no man’s land avant de se faire écraser par le public. L’un de nous perd sa chaussure pendant que l’autre tombe pendant la bataille et est immédiatement relevé par les gens qui l’entourent… c’est beau !
Pour finir, ils font venir autant de gens qu’ils peuvent sur la scène pour chanter et danser tous ensemble.
Tout cela est ce qui nous reste d’un concert qui nous a marqué. L’énergie et la passion lors de ce concert ont été incroyables. Ça a été une expérience que l’on souhaite revivre sans aucune hésitation !
Quoi qu’on dise, le punk n’est pas mort. En voici la preuve.
Par Julian & Hugo.