Le Made Festival est LE rendez-vous des musiques électroniques en Bretagne. C’est donc avec une motivation et une énergie énorme que nous arrivons sur ces terres bretonnes pour profiter au maximum de ces 4 jours de festival. Nos accréditations nous permettaient d’accéder à 2 des 4 jours de la manifestation, soit les main events : la soirée du vendredi au 1988 Live Club, l’Open Air au parc des Gayeulles ainsi que la soirée au Parc des Expositions le samedi. Le premier jour étant des petites soirées dans des bars partenaires; et le dernier un after pour les plus aguerris qui se déroulait sous le chapiteau du Bing Bang Circus, avec comme invité d’honneur le rennais Blutch.
Nous commençons le Made jeudi par une sortie en ville afin de prendre la température, en nous rendant dans les bars partenaires où de nombreux festivaliers étaient déjà présents, fin prêts pour ce rendez-vous unique.
Le festival commence donc le jeudi 23 mai avec des rendez-vous aux quatre coins de la ville où des dj sets étaient proposés par des collectifs locaux. Ravis de cette première nuit rennaise nous décidons le lendemain de visiter la ville avant de sortir pour le premier grand événement du Made : la soirée au 1988 live club. Les hostilités commencent avec une soirée annoncée “complète”, il faut dire qu’il y en avait pour tous les goûts : 3 salles pour 3 ambiances, le tout allant de la house à la techno industrielle. Pour une entrée en matière, les organisateurs ont sorti le grand jeu.
Dès notre arrivée, une visite du club s’impose. Nous découvrons la Room 1 dédiée aux aficionados de House/Disco/Funk. T.O.M., un des Djs résident du Made, est derrière les platines pour ce début de soirée. Telle une descente en enfer, nous empruntons les escaliers pour découvrir la Room 2. Nous y retrouvons le second résident, Jabba 2.3, celui-ci attaque avec un set techno énergique qui visiblement fait son effet car les festivaliers semblent comme poussés par une main invisible dans cette salle. Nous terminons notre tour des lieux en entrant dans la Room 3 ou Doe Grise, gagnant du tremplin Made, passe des tracks tech-house avec quelques touches d’acid en fin de set.
Le temps d’aller chercher de quoi nous hydrater le gosier, la Room 2 s’est déjà étonnement bien remplie. Il est 2h et c’est au tour de l’indémodable Dj made in Germany, Roman Flugël, de retourner le sous-sol du 1988, et c’est peu dire. Son set, composé de tracks sombres et étrangement groovy, envoûte ses auditeurs. La salle ne désemplit pas, bien au contraire. En parallèle, dans la salle mitoyenne, le finlandais Aleksi Perälä nous présente son live qui grâce à des rythmes effrénés et des nappes très lunaires plonge son public en état de transe. Ramona Yacef, elle, continue sur des vibes housy à l’étage et ce, au plus grand plaisir de son audience qui se déchaîne devant le dj booth.
IT’S CLOSING TIME ! L’heure tourne et la température ne cesse de croître dans tout le club. Les rennais nous confirment leur réputation de fêtards car il est 4h passées et le 1988 semble être toujours aussi rempli qu’une heure plus tôt. En Room 2 d’ailleurs, l’atmosphère est toujours aussi électrique et c’est à La Fraicheur d’assurer cette fin de soirée devant un dancefloor noir de monde. La Room 3 quant à elle, n’a rien à envier à sa voisine. Benjamin Damage n’est pas là pour enfiler des perles et nous le prouve à coup de gros kicks from London to Rennes. Enfin, c’est en Room 1 que s’est achevée notre escapade nocturne, avec la selecta de Jef K orientée plus tech-house que ses prédécesseurs mais toute aussi rafraîchissante.
La nuit fut courte et pleine d’émotions ! Mais tout autant excités que la veille, nous continuons samedi 25 mai notre périple rennais par un Open Air des plus prometteurs au parc des Gayeulles. Nous sommes agréablement surpris du nombre de festivaliers présents, l’Open Air a même fini par être sold-out. Le lieu était séparé en deux scènes : la grande et la scène Red Bull.
Après le passage du deuxième gagnant du tremplin Made, Crossing Knowledge, nous retrouvons sur scène Pasteur Charles, co-fondateur du label Magic Dancer et de Le Turc Mécanique. Ce dernier possède une énergie et une bonne humeur très communicatives dont nous ne sommes pas les deux seules victimes. Le soleil est présent et la house music aussi, cette association annonce que du bon pour la suite de la journée. Néanmoins, nous sommes légèrement déroutés par la fin de sa prestation qui nous a donné comme une impression de “brouillon”; l’accélération soudaine des bpm n’était pas forcément nécessaire. Le public a du mal à le suivre mais se laisse tout de même entraîner dans son euphorie.
Notre coup de cœur de l’après-midi fût sans aucune hésitation le duo néerlandais Detroit Swindle, malheureusement représenté par un seul de ses membres, Maarten Smeets. En effet, nous n’avons rarement entendu un set aussi complet. Il oscillait entre tropical/afro house, disco, funk et petits sons latino-américains avec une facilité déconcertante. La foule, totalement conquise par le dj, n’hésite pas à lui lancer des cris d’approbation lors de l’envoi de gros bangers tels que Do You Feel Me de NY’s Finest.
Du côté de la scène Redbull, l’ambiance est tout aussi bonne puisque ce sont les collectifs Bre.Tone, Silteplay et Submarine Project qui se relaient dans un esprit de convivialité très chaleureux. Le spectre de styles musicaux est ratissé par l’ensemble des djs créant ainsi une vraie dynamique et les festivaliers leur rendent bien.
Pour terminer cet après-midi sous le signe du soleil, Brawther monte sur la grande scène et fait la parfaite transition entre l’Open Air et le Parc des Expositions. Il est temps pour nous de retourner en ville pour reprendre des forces et nous préparer à la dernière étape de notre marathon.
C’est donc au Parc des Expositions que nous avons rendez-vous le soir même, avec de grands noms de la scène électronique : Pan-Pot, Breakbot, Dax J, Chez Damier… que du beau monde ! Le Parc des Expositions étant excentré de Rennes, nous prenons une navette affrétée par le festival afin de nous rendre sur les lieux de l’événement. Cette soirée fût exceptionnelle grâce aux performances des artistes mais aussi au cadre et à la scénographique qui était très travaillée en particulier sur le main stage.
Nous commençons donc cette superbe soirée par un producteur de remix de génie, The Reflex. Celui-ci nous a envoûté grâce à un savant mélange de tracks funk et disco d’une redoutable puissance. Le groove était donc bel et bien présent dès le début de soirée et c’était l’occasion pour certains de lâcher leurs plus beaux moves sur la piste. Les boules à facettes rayonnaient déjà au Parc des Expositions.
Nous enchaînons avec celui qu’on ne présente plus, producteur de nombreux tubes et membre actif du célèbre label Ed Banger : Breakbot; accompagné de son acolyte Irfane, chanteur et compositeur de plusieurs titres de son dernier album. Le duo débute calmement sur du disco le temps de faire monter la fièvre et dérive ensuite sur de la house. Quand soudain, un festivalier passe derrière les barrières, grimpe sur la scène et se met à danser torse nu sur la table à côté des platines. Ce dernier, encouragé par le public, devra malheureusement écourter son intervention pour des raisons de sécurité.
Est maintenant venu le temps de changer d’ambiance. Fini les strass et paillettes, nous emboîtons le pas vers la scène principale et par chance nous tombons sur la fin du live de Rodriguez Jr. Des nappes de synthés venues d’ailleurs résonnent dans cet immense hangar qui semble ne jamais finir de se remplir. Nous sommes bluffés par l’efficacité du lightshow mis en place, nous en prenons plein les yeux.
C’est au tour des fondateurs du label Second State Audio, Pan-Pot, de monter sur scène. Tout comme Detroit Swindle à l’Open Air, la moitié du duo est présent mais cela ne l’empêche pas d’envoyer une techno très percutante et nous prouve encore une fois leur talent et leur don pour galvaniser les foules.
Nous continuons cette belle soirée par la house funky de Folamour. Le français était attendu car très présent cette année avec ses nombreuses tracks sorties chez Defected ou encore Kontor Records. La soirée était d’ailleurs l’occasion pour lui de fêter son anniversaire avec les festivaliers. Nous sommes saisis par sa sélection qui diffère complètement de celle de son ami Breakbot. En effet, il nous offre un set moins prévisible et moins kitch, ce qui n’a pas manqué de nous plaire.
Retour au main stage, avec Anastasia Kristensen qui fait totalement voyager son audience. Une techno lunaire qui peut rappeler les sonorités des productions du jeune rouennais Räar, avec une touche de mélancolie en moins.
La fin se fait sentir mais le public n’a pas encore pris sa claque. Alors qu’au Discoball Stage, le producteur de House venu de Detroit, Chez Damier, exécute avec une sérénité incroyable et une maîtrise totale son set; Il est temps pour Dax J d’envoyer du bois, du gras, du pâté (ou peu importe quel mot tu préfères utiliser pour décrire la chose), plus communément appelé “Acid”. Le londonien sait y faire c’est indéniable et nous permet de terminer cette édition 2019 du Made en beauté.
Les portes du Parc des Expositions de Rennes se referment derrière nous et nous prenons avec les derniers festivaliers la navette retour.
Nous pouvons le dire, le Made Festival fut une grande réussite cette année. Bien que l’identité du festival ait un peu de mal à se définir, cela ne l’empêche pas de réussir à se renouveler et de proposer chaque année une programmation de qualité et une organisation millimétrée. Nous pouvons désormais déclarer la saison des festivals ouverte et la barre a déjà été placée très haute !
Enjoy & Stay Tuned.
Mathieu Collard & Vincent Martinez