Start It

Article Agathe

L’inhérente relation entre la musique et le cinéma

Le cinéma est cet art qui parvient à regrouper en son sein différents types d’art tel que la musique. Sans elle, le cinéma perdrait de sa profondeur et de son émotion. Musique et cinéma ne font alors plus qu’un pour produire un contenu pouvant être transcendant. Parfois certains sons sont inhérents à une œuvre cinématographique et l’on ne peut s’empêcher de les associer à des scènes cinématographiques marquantes où l’intensité émotionnelle nous avait transpercé. Mais alors comment la musique arrive-t-elle à magnifier le cinéma ? Dans quelle mesure le cinéma a-t-il besoin de mélodies ? Et enfin comment la musique influence-t-elle le processus de création cinématographique ? Start It s’est alors penché sur toutes ces questions.

Tout d’abord, commençons par un petit peu d’histoire. C’est en 1895 que les frères Lumières proposent la première séance publique de cinéma, celle-ci est muette et durera 50 secondes.  La musique est jouée en direct pendant la projection du film, le musicien improvise par rapport à ce qu’il voit : cela permettait en partie de couvrir le bruit du vidéoprojecteur qui pouvait en effet être conséquent. Parfois c’était tout un orchestre qui accompagnait la projection. Dans les années 1920 les salles diffusaient de la musique enregistrée.  Et ce n’est qu’en 1940 grâce à l’apparition des tables de mixage que l’on parvient enfin à superposer les paroles des acteurs avec la musique.

Maintenant passons à une partie tournée sur le vocabulaire. On peut tout d’abord définir la « musique off » comme étant la musique ne faisant pas partie du film, les spectateurs sont alors les seuls à l’entendre et non les protagonistes. On peut alors illustrer ce terme par la poignante scène finale de « Call Me by Your Name » de Luca Guadagnino où la musique « Visions Of Godeon » de Sufjan Stevens vient renforcer l’affliction ressentie par Elio. Dans cette scène, la musique mélancolique ne vient pas couvrir tous les bruitages et les pleurs du personnage ce qui en renforce alors l’aspect tragique puisque réalité et musique se superposent afin de rendre ce passage encore plus réel.

Au contraire la « musique in » fait partie de l’histoire à part entière, comme dans l’iconique scène de danse entre Mia et Vincent sur « You Never Can Tell » de Chuck Berry dans « Pulp Fiction » de Tarantino (1994).

Si l’on voit la source de la musique à l’écran on parlera alors de « musique in dans le champ » mais si on n’en voit pas la source on dira que la « musique est in hors champ ».

On peut utiliser la musique afin de marquer certains épisodes ou bien pour mettre en relief les relations entre les personnages. Lorsque des personnages sont associés à des thèmes musicaux, on utilise des « leitmotivs ».  Inventés par Wagner, ils créent une unité dans des œuvres longues et complexes afin de renforcer le caractère d’un personnage. Ils sont parfois utilisés avant même l’arrivée du protagoniste à l’écran, ce qui intrigue de suite le spectateur. Ils permettent alors de diffuser une idée, un sentiment relié à un personnage ou à un moment dans le film. La musique permet de mieux comprendre un personnage en essayant de représenter son état d’esprit bien que ce dernier ne soit pas directement visible à l’écran. 

« Il est capital que de jeunes compositeurs et de jeunes réalisateurs s’intéressent mutuellement à leurs formes d’art respectives. Ainsi se transmettra l’idée que le cinéma est bien le septième art, qu’avec lui la musique évolue, qu’elle cherche et qu’elle trouve de nouveaux rapports fusionnels. » Alexandre Desplatle

Notre perception est donc influencée et notre compréhension du film dépendra des musiques choisies. La collaboration entre le réalisateur et le compositeur a donc une grande importance puisque la musique vient donner du sens à ce que les images seules ne suffiraient pas à exprimer. On a alors pu assister à des duos iconiques de réalisateurs et de compositeurs de musique comme celui de Hayao Myazaki et de Joe Hisaishi.  

La musique entre en symbiose avec le cinéma, le spectateur ne sait plus s’il est en train d’écouter ou de voir. Elle peut faire partie intégrante d’une scène en lui donnant alors toute sa valeur et elle peut aussi venir fusionner avec la scène qu’elle accompagne simplement. Néanmoins, cette dernière doit coller à l’image, une véritable magie s’opère entre le réalisateur et le compositeur. Pour citer le compositeur Olivier Megaton : «Le film sans musique n’est qu’une esquisse.». L’enjeu est aussi de jauger avec minutie l’apparition de musique afin que le film ne se retrouve pas noyé sous elle. Le son doit apparaitre et disparaitre de manière naturelle, en collant au maximum au film.

Le talent de ces compositeurs réside dans le fait qu’ils doivent en quelques secondes réussir à magnifier une scène en créant de l’émotion et de la réflexion. Ils opèrent un réel travail au service de l’image. En général, ils sont convoqués lorsque le montage est achevé. On leur attribue la liste des séquences musicales avec leur durée exacte et l’image allant avec. Le rôle du mixage est aussi prépondérant car celui-ci ajuste la musique au film en la diminuant, ou encore en l’augmentant ou bien en la rendant plus ou moins audible par rapport aux bruitages et aux paroles.

La musique choisie peut préexister au film, c’est alors qu’elle peut influencer la perception du spectateur en venant trancher avec l’image ou bien le renvoyer à sa connaissance musicale afin de compléter le sens de la scène. Nous pouvons prendre pour exemple la musique rock accompagnant le film « Marie Antoinette » de Sofia Coppola (2006) qui vient lui donner un côté pour le moins incongru en tranchant radicalement avec la période représentée. Des fois une musique préexistante peut fusionner à merveille avec une scène, on pourrait alors presque croire qu’elle fut créée pour le film : cela est le cas dans le film « Love » de Gaspard Noé (2015) où est joué « Maggot Brain » de Funkadelic au cours d’une torride scène de plan à 3.

Malgré tout cela, n’oublions pas la place privilégiée du silence dans les films surtout dans notre société où nos oreilles sont constamment sollicitées. Ce silence vient tout comme la musique mettre en exergue une certaine intensité émotionnelle indéniable. Ainsi elle se retrouve alternativement au centre de toutes les attentions et mise en second plan. Mais quoi qu’il arrive elle doit être au service du film et non pas le contraire.

On vous laisse avec quelques-unes de nos bandes-son favorites :

Vous remarquerez alors à quel point une bande-son peut constituer l’identité d’un film et se retrouver indissociable de ce dernier.

Enjoy & Stay Tuned.

Agathe Baudelaire

partager

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur print
Partager sur email
Vous aimerez aussi
Comment Sublime brise les codes de l’industrie musicale
Les effets de la musique sur les humains
La Pép’It de novembre : IPNDEGO