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Daft-Punk

Daft Punk, ce n’est qu’un au revoir …

C’est avec une vidéo intitulée “Epilogue”, publiée ce lundi 22 février sur Youtube, que les Daft Punk, duo parisien responsable du catalogue des chansons pop et électro les plus écoutées au monde, ont annoncé leur séparation. Dans cette vidéo, l’un d’eux avance dans un désert jusqu’à exploser, et c’est de cette manière, un peu étrange certes, qu’ils ont décidé de dévoiler leur dislocation. Toujours avec une image mystérieuse, c’est en respectant leur tradition d’anonymat qu’ils prennent désormais un chemin différent. Profitons-en pour faire un rapide retour sur leur carrière, en commençant par le début :

Il y a 28 ans, les pionniers de la French Touch se réunissaient. De leurs vrais noms, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, les Daft Punk voient le jour à Paris en 1993. Rapidement, les deux français ajouteront leur pierre à l’édifice de la musique électronique.

C’est en 1994 que, pour la première fois, nous allons entendre le nom de Daft Punk, grâce à la sortie de leurs premiers titres “Alive” et “The New Wave”, avec comme référence de style musical majeure, la techno. Si ce style n’avait jamais vu le jour à ce moment précis de l’histoire (cf notre Petite histoire de la techno), les deux français ne seraient certainement pas là où ils sont aujourd’hui, ou leur musique serait sûrement bien différente, puisque c’est lors d’une rave party que le duo a commencé à travailler pour le label techno écossais Soma.

Alors que les Daft Punk sortent leur tout premier album intitulé Homework en 1997, celui-ci devient un véritable repère, une référence pour la musique “dance” et ce, jusqu’à nos jours. Il est composé de chansons incontournables comme “Da Funk” ou bien “Around The World”.

Vous remarquerez très vite que, dans ce clip, Daft Punk avait déjà le goût du mystère. Le duo n’aura pas réussi à cacher très longtemps son identité, mais les deux protagonistes ont malgré tout toujours souhaité garder le plus grand anonymat, notamment en cachant leurs visages lors des différents clips ou au cours de leurs interventions publiques : en concerts, sur les plateaux télévisées, et partout ailleurs. Plus qu’une identité, cet anonymat deviendra une marque de fabrique pour le duo. Cependant, comme vous pouvez le voir dans le clip au-dessus, l’ambiance futuriste, amenée via l’usage de leurs casques iconiques, n’arrivera que lors du deuxième opus, ils arboreront tout d’abord des masques de chiens.

Par ailleurs, le deuxième album des Daft Punk constitue un point culminant de leur carrière musicale. Intitulé Discovery, l’album sort en 2001 et est composé des hits que nous entendons encore aujourd’hui et qui les ont propulsés à la place de superstars mondialement connues. On peut citer “Harder, Better, Faster, Stronger”, “Digital Love” ou bien encore “One More Time”, qui sera d’ailleurs qualifié de “meilleure musique dance de tous les temps” selon le magazine Rolling Stone. Le titre “Harder, Better, Faster, Stronger” est d’ailleurs par la suite repris par Kanye West qui la nomme Strongeret fait encore plus de bruit que l’original en atteignant plus 370 millions de vues.

Dans ces deux clips, on remarque très vite le tournant qu’ont décidé de prendre les deux pionniers de la French-Touch. Leur vision, jusqu’alors très réaliste, laisse alors la place à celle plus futuriste. Les combinaisons et les casques aux allures de robots sont enfin arrivés, leur marque de fabrique est établie, ils seront même désormais identifiés uniquement grâce à ces accessoires.

Cependant, ce second album sépare quelque peu le public de Daft Punk au moment de sa sortie. En effet, comme vous pouvez le savoir, la techno était un style musicale peu écouté à ses débuts. Le duo en était conscient, il a alors décidé de reprendre des rythmiques plus rock, pop, disco, et se rapprochait de chanteurs tels que Jimi Hendrix musicalement parlant. C’est principalement grâce à ces mélanges d’horizons musicaux que le groupe réussit à sortir du lot, en innovant dans la création de sonorités jusqu’alors inexploitées. Mais ce rapprochement avec la musique électronique en étonne plus d’un, d’où la critique plutôt disparate du public.

En effet, plusieurs ont été mitigés quant à ce changement de trajectoire musicale de Daft Punk. Toujours avec cette particularité électronique, le duo se décide à développer le chant, notamment à l’aide d’outils technologiques qui permettent de transformer les fréquences comme la Talkbox, en référence au titre “Digital Love”.

Les critiques vont rapidement disparaître pour laisser place au succès des Grammy Awards de 2001 puisque le duo arrive, lors de cette cérémonie, avec deux nominations. Peu à peu, l’album devient un incontournable, on peut prendre comme fait majeur la sortie du film Interstella 5555 : The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem en 2003, produit par Kazuhisa Takenouchi et dessiné par Leiji Matsumoto au Japon en collaboration avec les Daft Punk puisque la bande son du long-métrage est, en réalité, composée de l’intégralité de l’album Discovery. Ici encore, le duo français fait preuve d’imagination et de différenciation pour l’époque, et c’est grâce à toutes ces idées que les Daft Punk ont réussi à se constituer une communauté de fans très attentive et à l’affût quant à leurs sorties.

Interstella 5555 : The Story of the Secret Star System

Revenons sur l’exemple que constitue Alive 1997. Quelques mois avant la sortie de Discovery, les deux DJs offrent à leur public leur tout premier album live, intitulé Alive 1997, en octobre 2001. Enregistré en Angleterre, plus précisément à Birmingham dans un club mythique nommé Que Club, cet album est un peu spécial : toujours alimentant le mystère, les Daft Punk décident de créer sur une seul piste de 45 minutes, avec certains tubes déjà sortis à ce moment, mais également de nouveaux titres inédits.

En 2003, nouvel album : Daft Club, qui a pour concept de remixer des morceaux préexistants du duo. On y retrouve des titres des albums Homework et Discovery, qui sont repris par divers artistes comme Basement Jaxx, Slum Village, The Neptunes ou par les Daft eux-mêmes. À l’origine, cette idée du Daft Club émerge à la suite de l’album Discovery. Une partie des fans avait la chance d’obtenir une carte membre du Daft Club, sur laquelle se trouvait un code, donnant l’accès à des goodies à retirer sur un ancien site des Daft Punk. Encore une fois, on peut voir que le futur n’est pas que dans les costumes, mais bel et bien une vision de leurs carrières.

L’année 2004 marque l’ère de la revendication pour les Daft Punk. En effet, cette même année sort l’album Human After All, qui a alors pour objectif de “prouver leur humanité”, pour contrer l’image futuriste et déshumanisée qu’ils transmettent au travers de leurs différents titres qu’ils sortent et des clips qu’ils réalisent. Pourtant, et malgré l’objectif donné, l’album expose des aspects plutôt pessimistes de la société, avec une vision dégradante de l’avenir. Pour ne pas accentuer le propos, ils ne parleront qu’une fois de cet album, en disant : “Notre album parle de lui-même”.

L’histoire se répète : comme pour Discovery, le public se divise face à Human After All. Certains le trouvent trop répétitif par rapport aux anciens albums, sans nouveauté et sans vie, ce qui est malheureusement en totale contradiction avec le nom de l’album. Il y a également certains titres comme “Robot Rock”, “Steam Machine”, “Technologic” qui font, à nouveau, référence au futur plutôt qu’au passé ou même présent.

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A la recherche de nouveaux défis dans leur carrière, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, vont, par la suite, revenir vers l’industrie cinématographique avec Electroma. Leur premier long-métrage est présenté au public lors de l’édition 2006 du festival de Cannes. Ce film d’une heure et quatorze minutes raconte l’histoire de deux robots en quête d’humanité, on comprend donc rapidement que le film reprend la vision que les Daft Punk portent depuis le début de leur carrière. Particularité néanmoins : le film sera diffusé dans une unique salle de cinéma (Panthéon à Paris), tous les samedis à minuit et ce, pendant un an durant. Cette idée a été récupérée des États-Unis, avec aux Midnight Movies (films expérimentaux diffusés à minuit dans les années 1970).

Nos deux français sortiront par la suite l’album Alive 2007, une suite au premier album live de 1997. Comme avec le premier, les morceaux sont repris et remixés, pour ainsi donner aux pistes un aspect constamment amélioré et renouvelé. Le live ne se contente pas de parcourir les hits, passant sans réfléchir d’un morceau à l’autre, au contraire : les meilleurs sont assemblés, découpés et écrasés en morceaux. 

En décembre 2010, ce n’est pas un nouvel album de Daft Punk qui sort mais une partition, nommée Tron : Legacy pour un film de la franchise Disney (Tron : L’Héritage). Il y a beaucoup d’inspirations classiques, puisque la partition est exécutée par un orchestre. La plupart des 22 morceaux de la bande originale ne durent pas plus de trois minutes, seuls quelques-uns pouvaient être considérés comme de vraies chansons. Difficile de secouer la morosité des attentes des fans tout en écoutant le thème plutôt répétitif de cet album, sur fond de film futuriste. Les Daft Punk ont, encore une fois ici, tenté d’innover musicalement : combiner un style orchestre classique avec l’électronique était le défi de cet album, mais le maillage des deux styles étant si rare, cela n’a pas forcément été bénéfique pour le duo.

Tron: Daft Punk: Amazon.fr: Musique

2013 sonne l’heure du changement. C’est officiel, les Daft Punk quittent leur maison de disque et passent avec Columbia Records. Suite à cette nouveauté, ils profitent des médias en laissant fuiter la possibilité d’un nouvel album lors d’une émission du 2 mars 2013, lorsque, dans une publicité, un court extrait sonore ainsi qu’un nouveau visuel sont diffusés à l’antenne. La rumeur est confirmée à la fin du mois, pour une sortie annoncée fin mai, l’album porte alors le nom Random Access Memories. En avril, le single Get Lucky en featuring avec Pharrell Williams et Nile Rodgers est dévoilé, et en une seule journée, il atteint la première place des ventes iTunes dans une dizaine de pays. Cette même année, ils collaborent avec Kanye West sur son album Yeezus, et plus particulièrement sur le morceau “Stronger” dont nous avons déjà parlé plus haut. Grâce à Random Access Memories, ils se verront récompensés de cinq Grammy Awards lors de l’édition 2014, dans les catégories Album de l’année, Enregistrement de l’année, Meilleure performance pop de groupe (avec Pharrell Williams et Nile Rodgers), Meilleur album dance/electro et un prix technique pour le mastering de l’album.

D’autres collaborations ont lieu, que ce soit pour leur propre projet ou bien pour collaborer dans la création de morceaux d’autres artistes, les Daft Punk ayant toujours souhaité travailler en compagnie de différentes personnes du milieu. On voit rapidement arriver, précisément en novembre 2016, une collaboration avec The Weeknd, sur son album Starboy où nous allons retrouver le canadien et les deux français sur les titres “I Feel It Coming” et “Starboy”.

L’année suivante, ils travaillent avec Parcels sur un morceau intitulé Overnight. Début juin 2017, lors des beaux jours d’été, les Australiens du groupe vont s’offrir une raison de plus de profiter de la fête de la musique, en publiant un tout nouveau morceau réalisé en compagnie du duo français. En effet, les Daft Punk avaient repéré le groupe, mais n’avaient encore rien tenté jusqu’à ce que le morceau soit publié et permette aux Australiens de gagner une notoriété que personne n’aurait pu imaginer, uniquement 3 ans après leur création. Ce titre, Overnight, sonne comme le rassemblement de deux générations, de deux styles pourtant d’origines différentes.

Mais enfin, 2021 sonne le glas pour les Daft Punk.

En effet, c’est sans faire de bruit que notre duo mondialement connu a annoncé sa séparation. Après 3 ans de silence et sans aucun signe de vie sur les réseaux sociaux, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont publié le 22 février dernier une vidéo sur le compte YouTube du groupe nommée “Épilogue”. Cette vidéo est un extrait de leur long-métrage Electroma, sorti en 2006. On y observe deux robots, dont l’un active un compte à rebours pour que l’autre explose, tandis qu’il continue sa route suite à l’explosion. Cela signifie-t-il que seul l’un des deux a décidé de mettre fin au groupe ?

Cette question reste pour le moment sans réponse, mais ce qui est sûr, c’est que, suite à la publication de cette vidéo, Kathryn Frazier, attachée de presse du groupe, a confirmé au média Pitchfork que les Daft Punk se séparaient bel et bien officiellement, au grand damne des fans.

Enjoy & Stay Tuned.

Louis Drujon

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