La musique est un art fondamentalement auditif, un instrument, une enceinte ou une paire d’écouteurs permet d’en apprécier très simplement son contenu. Pendant de nombreuses années, aucun visuel n’était associé aux morceaux, pas même une couverture ou une pochette d’album. C’est l’évolution de l’industrie musicale et de son aspect commercial qui a poussé les artistes à développer leur image. Comment marquer les esprits autrement que par le sens de l’ouïe ? Les clips musicaux ont notamment vu le jour en répondant à cette question. Start It revient aujourd’hui sur l’histoire des clips, de ses prémices à son essor.
La vidéo au service de la musique
Audio et visuel ont été réunis pour la première fois sur grand écran peu de temps après la création du cinéma à la fin du XIXe siècle. Start It avait par ailleurs consacré une chronique sur le lien très fort qui existe entre le 7e art et la musique. Jusqu’aux années 30, le cinéma était alors totalement muet. La musique permettait de renforcer les images, elle était au service de la narration, de l’histoire et de son personnage principal. Elle jouait en quelque sorte le second rôle d’une vidéo mise au premier plan.
Indépendamment du cinéma, cette période a aussi permis à la musique d’évoluer. Les nouvelles technologies comme le vinyle ou la radio l’ont rendue plus accessible et la société a rapidement souhaité accéder à davantage de musiques. L’industrie a donc cherché à la promouvoir d’une nouvelle manière pour toucher le plus de gens possible.
Walt Disney l’avait compris avant tout le monde, en 1940, son entreprise de production sort le film d’animation Fantasia. Ce film est en effet l’un des précurseurs des clips tels que nous les connaissons. Pour la première fois, la musique est mise à l’échelle de la vidéo, c’est elle qui raconte l’histoire et qui fait vivre les personnages. C’est cette différence et cette notion qui vont guider l’industrie de la musique à une époque où les clips n’existaient pas. Il sera, à partir de ce moment, légitime que la vidéo existe au travers de la musique, et non l’inverse.
Les clips au service des artistes
L’industrie a pu exploiter cette nouvelle formule dès 1940 aux États-Unis puis plus tard en France par le biais de juke-box aussi appelé « scopitone ». Au même titre qu’un flipper, ces appareils permettaient, en échange d’un peu d’argent, de lancer une vidéo sur laquelle on pouvait voir un chanteur en play-back synchronisé avec une musique émise par la machine. Souvent situés dans des lieux de rassemblement comme les bars, les scopitones étaient de formidables outils pour diffuser sa musique. Pour l’anecdote, Johnny Hallyday s’est beaucoup servi de ce mode de transmission pour se faire connaître.
Ces années d’évolutions vont aboutir sur un format « clip-vidéo » qui ressemble à ce que l’on peut voir aujourd’hui. Beaucoup, comme les Rolling Stones, considèrent que le premier clip moderne est celui de Queen pour Bohemian Rhapsody. Sorti en 1975, il marque le premier grand succès d’un single associé à une vidéo. Du point de vue du format, on remarque de réelles nouveautés avec l’apparition d’effets visuels, de jeux de lumières, de montages… Les ambiances changent nous transportant d’un concert live à des plans plus intimes avec les chanteurs.
Grâce à ce clip, les artistes accèdent à une plus grande liberté autour de leurs singles. Il ne s’agit plus de réciter son morceau face caméra, il est maintenant question de créer une œuvre complémentaire. Que les motivations soient artistiques ou commerciales, les vidéo-clips se révéleront être une opportunité pour tous les créateurs de musique. Et ce d’autant plus dans une industrie où il est important de travailler l’image que l’on renvoie.
Nombreux sont les artistes qui, après Queen, ont marqué leurs carrières par un clip. « Thriller » de Michael Jackson restera le plus iconique d’entre tous, un savant mélange de mise en scène, de moyens et d’idées innovantes comme l’incorporation de chorégraphies. En France, c’est Mylène Farmer qui a été une pionnière dans ce domaine.
De nouveaux médias…
La folie des clips était alors lancée, les différents modes de diffusion ont permis à ces vidéos de devenir extrêmement populaires. Les premières émissions musicales ont été créées en 1974 en Australie. S’ensuit la première chaîne de télévision américaine entièrement dédiée aux clips : vidéo concert hall. Mais l’événement qui révolutionnera la diffusion de clip reste et restera la création de MTV en 1981. Ce nouveau média bouleverse les habitudes des audiophiles et connaît très rapidement un grand succès. La chaîne met en avant des artistes de tout horizon et leur confère une très grande visibilité. La radio perd son monopole, MTV peut désormais, elle aussi, influencer l’aspect mainstream de la musique. En 1984, la chaîne lance les MTV Video Music Awards (VMAs), la première cérémonie récompensant les clips. L’avant-gardisme de ce média a énormément contribué comme le montre la création de nombreuses chaines similaires à travers le monde.
Aujourd’hui les vidéos clips sont devenus un incontournable pour les artistes. L’air numérique, YouTube et les autres plateformes ont inévitablement joué un rôle rendant les clips encore plus accessibles. Cependant, sans toutes ces années, les music videos n’auraient peut-être pas la symbolique qu’ils ont aujourd’hui. Ils sont en effet de plus en plus travaillés, au-delà du phénomène de communication qui les entoure, la scène actuelle a parfaitement compris que la vidéo apporte une réelle valeur ajoutée artistique à la musique.
Enjoy & Stay Tuned.
Thomas Quemard